Affichage à tout bout de champ dans les quatre coins de la ville, musique à crever les tampons dans les quartiers généraux des candidats à la présidentielle du 9 avril 2009, la capitale des Zianides, le fief du président sortant, également candidat à cette élection, s'emballe dans une ambiance politique assez particulière. Et si les autorités locales comptent réussir cet événement politique en mobilisant tous les moyens pour un vote massif, il est à relever que la visite du candidat Bouteflika, pour ce 21 mars, premier jour du printemps, meuble toutes les discussions. La veille du premier jour de campagne, à notre arrivée à Tlemcen, tout semblait normal. L'évènement politique était circonscrit. Pas question d'afficher sur les murs ou autres commerces des portraits des candidats avant le 19 mars ! Un garde-fou que les permanences des six candidats ont respecté “sportivement”, même si, à l'entrée de la capitale des Zianides, les portraits du Président de la République sont visibles. Des portraits affichés lors de sa dernière visite. Mais, le décor est là ! Tlemcen ouvre grand ses bras aux six candidats à la présidentielle avec, en toile de fond, un toilettage des plus distinctifs. Et si tout au long de ses boulevards, rues et ruelles le fief du président sortant est décoré à coups de banderoles et des couleurs nationales, c'est parce que le premier jour de campagne coïncide avec le 47e anniversaire du cessez-le-feu du 19 mars 1962. Les citoyens que nous avons rencontrés lors de notre virée dans la région sont unanimes : le candidat potentiel c'est Bouteflika. “Nous avons du respect pour tous les candidats. Et si je vous dis que Louisa Hanoune a une grande estime chez nous ? Pourtant, c'est le cas. Depuis quelque temps aussi, nous parlons de Moussa Touati. L'essentiel, c'est que le meilleur gagne”, nous dira d'emblée un citoyen croisé sur la grande avenue. Son ami, cadre supérieur, n'est pas indifférent à cette déclaration. “C'est vrai que Bouteflika jouit d'une grande estime à Tlemcen. Mais, dans toute élection, il y a des surprises. Je crois que la campagne démarre en grandes pompes, notamment à cause de la venue de Bouteflika après-demain (samedi, ndlr). Mais, elle n'est qu'à son départ ; je peux vous assurer que le taux de participation atteindra facilement les 70 à 80% ici. Les gens, et c'est une tradition, votent et participent activement aux joutes électorales. Le plus important est de servir le pays. Quel que soit le candidat qui briguera le prochain mandat, il doit être davantage à l'écoute des citoyens. La confiance et la promesse c'est bien, mais la crédibilité n'a pas de prix. Sincèrement, moi j'ai déjà fait mon choix, mais je souhaite bon courage aux six concurrents.” Au centre-ville, c'est déjà la fiesta. Les militants des six candidats investissent les locaux commerciaux. “C'est de bonne guerre mon ami. Eux ils viennent déposer les portraits de leur favori, moi je ne fais que les respecter. C'est une période qu'on doit vivre normalement dans la chaleur et l'ambiance. Ce matin, des militants de deux candidats différents sont rentrés en même temps dans mon kiosque. Je les connais parfaitement. Ce qui est bien, ils font la campagne sans animosité aucune pour leur candidat”, témoigne un gérant d'un kiosque multiservices. Les organisations de masse, elles, s'attellent à préparer la venue du candidat Bouteflika. Devenue la messe des ambassadeurs, des ministres et des délégations étrangères, Tlemcen vit au rythme d'une wilaya pilote sortie d'une léthargie sans précédent. Le wali de Tlemcen le dira en un mot : “Les gens ont le droit et le devoir d'aller voter le 9 avril prochain en toute responsabilité. Surtout qu'il s'agit d'élire le premier magistrat du pays. Les citoyens doivent désormais voter et librement pour le candidat qui rehaussera encore et davantage l'image de notre pays. Nous venons de sortir de la crise et du terrorisme, nous devons mettre fin à l'instabilité politique. Celui qui sera élu aura la tâche de poursuivre l'œuvre et la dynamique enclenchée depuis une dizaine d'années. C'est une grande responsabilité !” Interrogé sur les moyens mis en œuvre pour le succès de ces joutes électorales, le wali de Tlemcen dira que “le principal est d'observer la neutralité. Nous devons également faire preuve de transparence et de légalité. Nous ne devons jamais oublier le bourbier d'où notre pays est sorti. Aujourd'hui, je peux vous dire que toutes les conditions sont réunies pour réussir ce scrutin national”. Dans tout ce décor, la commission de surveillance aura la noble et difficile tâche de gérer les aléas intrinsèques et extrinsèques d'une campagne électorale différente des autres, notamment celles des législatives de mai 2007 et des locales (APC-APW) de novembre 2007. 33 hôtels, dont un Sheraton, et une ville pilote La campagne électorale étant enclenchée, le processus de développement local continue son bonhomme de chemin loin du brouhaha des candidats. Et si Tlemcen a longtemps souffert d'une véritable sinistrose, liée notamment à la contrebande, au sous-développement et au manque d'intérêt des pouvoirs publics durant les années de braise, aujourd'hui, la capitale des Zianides sort de sa torpeur et devient wilaya pilote par excellence de par la masse de projets réalisés et opérationnels, mais aussi des chantiers en cours de réalisation et en étude pour le prochain quinquennat 2009-2014. Le pôle universitaire, un joyau architectural, étant inauguré, avec plus de 55 000 étudiants, et par ailleurs devenu lieu de pèlerinage des délégations tant nationales qu'étrangères, Tlemcen s'apprête a accueillir, dans quelques mois, le premier hôtel Sheraton (un 5 étoiles de 250 chambres), mais aussi une ville touristique sur un linéaire de 20 km. Le Sheraton sera implanté sur le plateau de Lalla Setti, un plateau qui surplombe toute la ville, et qui bénéficie d'un paysage panoramique et d'une ligne de transport (téléphérique fonctionnel). À côté, sera érigé un parc d'attractions et de loisirs car Lalla Setti, depuis sa réhabilitation, est devenue un point de chute des milliers de familles venant de Tlemcen, mais aussi de toutes les wilayas de l'Ouest. Ici même, un stade d'athlétisme sera érigé au profit des équipes à la recherche de sites d'entraînement et de décompression. Un théâtre de verdure est prévu dans le même schéma directoire pour venir couronner les efforts consentis depuis 5 ans pour faire de Lalla Setti un poumon du tourisme d'envergure nationale et internationale. Quant à la ville touristique, il s'agit d'un mégaprojet soumis à de rudes études et qui est officiellement proposé au gouvernement. Selon les termes dudit projet, cette ville touristique totalement intégrée bénéficiera d'un pôle de 32 hôtels de 3 à 5 étoiles, avec en sus des équipements, des commodités modernes et des infrastructures répondant aux normes environnementales. Ce projet, qui s'inscrit dans le cadre du développement durable, sera un prolongement de Marsa-Ben-M'hidi. “Nous aussi nous pouvons réaliser un Sharm El-Cheikh à Tlemcen. L'Algérie doit réhabiliter sa destination et en force car nous avons les moyens et les volontés. Tout au tour, il y aura des casinos, des salles de jeux, des terrains de sport, des piscines, des plages propres, des hôtels de luxe, des aires de détente. Nous sommes décidés à le faire car nous avons le soutien du Président grâce à qui, je le dis et je le répète, la crise de logement s'est totalement estompée dans la région. Nous avons même des logements sans preneurs. Le secret est dans le management et le savoir-faire. C'est vous dire qu'en 5 ans, Tlemcen a fait sa mue et connu une totale métamorphose”, nous dira le wali de Tlemcen. Les projets structurants pour finir avec le chômage Wilaya pilote dans d'autres segments, Tlemcen a bénéficié d'un tronçon de 100 km dans le cadre de la réalisation de l'autoroute Est-Ouest, de dédoublement sur 50 km des voies routières et ferroviaires jusqu'aux frontières du Maroc et d'importants projets structurants à même d'insuffler une dynamique permanente pour la région. Avec deux stations de dessalement d'eau de mer mobilisant 400 000 mètres cubes, ayant nécessité une enveloppe financière de 500 millions de dollars, et six barrages d'eau, sans compter les retenues des eaux et les forages, l'Etat a misé gros dans le secteur de l'hydraulique. Et si Tlemcen alimente aujourd'hui les wilayas d'Oran, d'Aïn Témouchent, de Sidi Bel-Abbès, il faut savoir que ses ressources hydriques couvrent une alimentation quotidienne des régions situées sur le couloir ouest en allant vers la bande frontalière. Autrefois, les Tlemceniens avaient droit à l'eau tous les quinze jours, voire vingt jours jusqu'à un mois, dans leurs robinets. Les projets structurants étant engagés, il fallait d'abord mobiliser les ressources hydriques afin de parer aux graves pénuries du précieux liquide. “C'était le vrai calvaire ! L'ouest du pays a toujours souffert du faible taux de pluviométrie. Il fallait chercher les solutions ailleurs et ce n'était guère évident”, nous explique t-on. L'autre volet est lié à l'énergie. Aujourd'hui, tous les foyers situés dans les agglomérations sont raccordés au gaz de ville. Les projets en cours permettront d'atteindre toutes les localités pour une couverture à 100% avant fin 2011. Wilaya pilote dans le secteur du bâtiment, Tlemcen a définitivement enterré le dossier du logement avant de se retrouver avec 2 000 unités en attente de preneurs. C'est dire que la dynamique en cours est plus que prometteuse dans le fief du président sortant en avril 2009. Et ce ne sont guère les fleurons du développement local qui manquent pour la capitale des Zianides qui a toujours su faire des joutes électorales un événement pas comme les autres. F. B.