Le coup de starter de la campagne du troisième mandat pour le président Bouteflika est donné depuis Oran. La visite effectuée hier par le chef de l'Etat dans cette wilaya est mise à profit pour réanimer tous les comités de soutien et les organisations dites « de la société civile » pour relancer une campagne, arrêtée quelques semaines seulement avant la révision de la Constitution qui a ouvert les mandats présidentiels. Le décor est planté ici à Oran, dès le début de la matinée. L'avenue Cheikh Larbi Tébessi, adjacente au somptueux Front de mer, a nécessité tous les soins de la préparation quant à l'accueil populaire. Oran. De notre envoyé spécial Les cordons de sécurité sont placés tout le long des trottoirs de l'avenue, pavoisée de drapeaux et de portraits de l'hôte de la ville. L'affluence de la population locale, elle, était timide. Les conditions climatiques que connaît ces derniers jours la wilaya (froid glacial et pluies) seraient à l'origine de ce peu d'engouement. Les organisateurs ont alors dû faire appel aux différentes organisations. Même les clubs sportifs ont été impliqués pour assurer un accueil digne du chef de l'Etat et appuyer surtout la demande d'un troisième mandat. « Le MCO soutient la candidature du président de la République à un troisième mandat », lit-on sur une des banderoles placées sur les cordons de sécurité. Des banderoles des clubs de basket-ball et autres sports étaient aussi visibles. D'autres pancartes et affiches portent également les mêmes slogans, exhortant le président Bouteflika à se porter candidat pour un mandat supplémentaire. L'arrivée du cortège présidentiel a eu lieu vers 12h30. Devant la timidité de l'accueil, les organisateurs tentent d'animer la foule en demandant aux présents de scander le slogan préféré lors de ce genre d'occasion : « Ouahda talitha » (Troisième mandat). C'est le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamel Ould Abbès, qui s'est chargé de cette mission. Après avoir sillonné, il y a quelques mois, le territoire national pour recueillir les motions de soutien pour un troisième mandat, M. Ould Abbès s'est transformé, l'espace d'un bain de foule, en un animateur des foules. Alors que le président de la République saluait les présents, le ministre de la Solidarité, lui, demandait aux gens, en leur faisant un geste des deux mains, de scander le refrain qu'il préfère le plus : « Ouahda thalitha ». Le bain de foule n'a duré qu'une dizaine de minutes et la délégation présidentielle est repartie pour poursuivre la visite entamée dans la matinée. Une visite qui a démarré avec l'inauguration de la station d'épuration du groupement urbain d'Oran au niveau de la commune d'El Karma. M. Bouteflika a également inauguré le centre anticancéreux. Cette infrastructure, réalisée pour répondre à la demande de soins spécialisés en matière d'oncologie médicale et de radiothérapie, accuse un important retard. Lancé le 6 décembre 1998, ce centre n'a été réceptionné qu'au début du troisième trimestre 2008. Interrogé sur ce sujet, le ministre de la Santé et de la Population, Saïd Barkat, estime que le projet a été réalisé dans les délais. « Ce sont les études du projet qui ont pris beaucoup de temps. Je pense que nous sommes dans les délais », a-t-il expliqué. Après l'inauguration de la ligne d'autorail Oran-Chlef et la ligne ferroviaire Es Sénia-Oran-zone industrielle d'Arzew, le président de la République a procédé à la pose de la première pierre pour la réalisation du tramway d'Oran. A ce moment, en écoutant la présentation du projet faite par les responsables de l'entreprise française, chargée de la réalisation du projet, le Président rappellera la nécessité de terminer les travaux dans les délais. « Si vous ne terminez pas le projet, vous n'aurez pas l'argent », a-t-il déclaré à l'adresse d'un responsable de l'entreprise française Alstom, chargée de la réalisation du tramway d'Oran. Ce dernier lui avait demandé, au préalable, si les autorités pouvaient donner de l'argent pour terminer les travaux de ce chantier. Le même responsable a demandé aussi une autorisation pour faire une étude de faisabilité pour la réalisation du métro d'Oran. Et au Président de rétorquer : « Vous avez l'autorisation, mais faites cette étude sur vos propres moyens. » Le président de la République a également insisté sur la nécessité pour les entreprises étrangères activant dans le pays d'impliquer les compétences algériennes dans la réalisation des projets. S'adressant aux responsables d'une entreprise chinoise chargée de réaliser une station de dessalement à Arzew, M. Bouteflika leur a demandé de faire confiance aux compétences algériennes. « Il ne faut pas que vous travailliez seuls. Nous avons des compétences qu'il faut impliquer dans les réalisations », a-t-il lancé.