Première initiale d'un triangle qui a longtemps entretenu le mythe sur les origines du pouvoir du pays, Batna sait aussi se mettre au niveau, sinon plus, en matière de criminalité et de délits des autres villes du pays. Si les douars qui entourent Batna gardent encore leur authenticité, ses petites villes ont vite grandi, sont devenues de vrais carrefours très actifs et dans tous les sens. Et ses jeunes ont repris, en plus accentué, les activités de leurs aînés et les ont diversifiées. Et face à cette ampleur, les services de sécurité se sont mis à la page pour y faire face, notamment en intensifiant les raids et autres opérations coup-de-poing, dans une étroite collaboration. Les opérations coup-de-poing se poursuivent Et chaque opération débouche souvent sur l'arrestation d'individus recherchés, objet d'un mandat ou en fuite. Par le froid glacial de ce début de semaine, une simple opération combinée, gendarmerie-police, a eu un résultat confortant cette conclusion. En plus des identifications, des saisies, onze personnes faisant l'objet de recherche ont été arrêtées. Mais les activités les plus anciennes demeurent dans les mœurs locales comme le trafic de véhicules et le trafic et fabrication d'armes à feu. Et Barika préserve et perpétue cette tradition d'armurerie en l'affinant, passant du grand fusil utilisé encore dans les fêtes au véritable fusil de chasse artisanal. En 2008, il a été découvert un atelier à Timgad. Les gendarmes ont saisi trois fusils de chasse, un kilo et demi de poudre, 74 cartouches et du matériel, deux PA et arrêté trois personnes. Ce genre de saisies est régulier, reconnaît le premier responsable du groupement, Mustapha Lalmas qui est juste un homonyme de l'artiste du CRB, qui reconnaît que l'ampleur du phénomène est amplifiée par la rumeur. L'autre phénomène que Batna se partage avec M'sila est le trafic de véhicules. Sauf que Batna penche beaucoup plus pour le poids lourd. Ce que démontre le résultat d'une perquisition qui aboutit à la découverte de quatorze cartes grises dont certaines barrées (camions vendus) depuis des années avec des immatriculations de différentes wilayas ainsi que des procurations. Le bilan n'est pas si maigre compte tenu du paramètre climatique qui favorise “la trêve” et une sensible diminution des activités criminelles et délictueuses. La capitale des Aurès semble très calme, le peu de passants emmitouflés, le pas pressé, comme chassés par le froid, ont des allures d'ombre. Hormis quelques affaires “courantes” qui se traitent comme d'habitude, les services de sécurité ont la tâche plus facile et ne tombent que rarement sur “un bon coup”. Comme cette statue du Penseur de Rodin récupérée samedi chez un particulier. Une enquête a été ouverte pour déterminer son origine. Reste évidemment la vente au noir d'alcool dont ce sont spécialisés des personnes qui trouvent facilement une clientèle dans cette ville où est calqué le modèle administratif de gestion de cette activité sur les autres villes du pays. Avec un seul bar, et trois dépositaires légaux mais qui ferment, réglementation oblige, assez tôt, il est normal de voir se développer un créneau illégal pour pallier le vide et le besoin des consommateurs. Le trafic d'armes, un véritable réseau Mais ce n'est pas tant ce “commerce” qui préoccupe les gendarmes habitués à le combattre de manière régulière (une sorte de travail de routine), mais plutôt le trafic d'armes qui a élargi sa panoplie. Si l'on considère normal dans cette wilaya que, traditionnellement, chaque maison possède son fusil, la découverte de pistolets automatiques parfois modifiés laisse planer le doute quant à leur destination. Cela d'autant que, même si Batna n'a pas autant souffert des affres du terrorisme que par exemple sa voisine immédiate, Biskra, elle reste néanmoins la seule en Algérie où un terroriste a essayé de commettre un attentat contre le président de la République. Ce qui depuis a accentué la vigilance des policiers et gendarmes. L'attentat de Batna a prouvé que cette barbarie a germé à travers tout le pays. Mais ce soir, “comme chaque soir” et jusqu'à la fin de l'hiver, Batna se met au ralenti, au rythme du froid qui l'accompagnera jusqu'au-delà du printemps. Le froid ne partira que vers le mois de mai, expliqua le commandant du groupement qui semble bien savoir déchiffrer la météo locale. Pour autant, il ne va pas attendre “un sourire” du soleil pour poursuivre les raids et les opérations combinées. À mesure que la nuit avance, le froid accentue ses morsures et la ville se vide et se livre à l'hiver qui s'installe pour un long séjour. Elle sera contrainte de se réveiller au bruit des élections dont certaines villes ont déjà chauffé le tambour. Pour l'instant l'hystérie qui s'est emparée de quelques “soutiens” n'a pas encore affecté Batna. On n'évoque d'ailleurs pas encore ce lointain événement. “Ce n'est pas encore le moment”, dit-on. D. B.