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La moitié des Algériens est tentée par la harga
Sondage exclusif de liberté sur l'émigration clandestine
Publié dans Liberté le 03 - 12 - 2008

Liberté a réalisé et publie aujourd'hui les résultats d'un sondage d'opinion sur l'émigration clandestine. Des résultats qui éclairent encore plus sur ce phénomène omniprésent dans l'actualité algérienne depuis presque deux ans.
Après les articles, les reportages, les analyses, il était temps de toucher au sujet des harragas à travers un sondage d'opinion. Liberté l'a réalisé et publie aujourd'hui les résultats qui éclairent encore plus sur ce phénomène omniprésent dans l'actualité algérienne depuis presque deux ans. Réalisé avec la collaboration de MM. Okba Khiar et Mustapha Aïnouche, tous deux experts dans la réalisation et le traitement des enquêtes statistiques, ce sondage d'opinion vient avant toute chose tirer la sonnette d'alarme quant à la gravité du phénomène de la harga. Le premier résultat significatif est le fait que près de la moitié des Algériens, si l'occasion se présente, ne rateraient pas de tenter la harga. Aussi pour mesurer un peu la dimension que ça prend, 81% affirment qu'il y a dans leur entourage des personnes en stand-by, prêtes à faire le grand saut et se disent disposées à payer très cher pour cela. Il y a aussi le côté répressif de la question qui devient de plus en plus perceptible. Après le vide juridique que tout le monde avait constaté, ne sachant plus sur quelle base on pouvait juger ces jeunes qui finalement ne transgressaient que les lois des pays “ciblés”, voilà qu'une accélération des procédures s'est produite ces derniers mois avec, à la clé, la seule solution que semblent donner les responsables du pays : la répression. À tel point que même les familles des harragas sont pointées du doigt et se disent passibles de poursuites judiciaires. C'est qu'il y a pour cela un précédent. Il y a quelques semaines, quelques parents de harragas de l'est du pays s'étaient réunis à Annaba pour s'enquérir auprès du consul tunisien de la situation de leurs enfants qui seraient, selon eux, incarcérés dans les prisons tunisiennes. Pour faire face à leur attroupement, les services de sécurité n'ont pas trouvé d'autre solution que de les… arrêter. “Ces familles ont été tout simplement flouées”, nous affirma Kamel Belabed, représentant du collectif des familles des harragas disparus. Il ajoutera : “Les policiers leur avait dit que le wali allait les recevoir pour après se voir mettre les menottes. Certes, il n'y a pas eu de condamnations, et aucune loi répressive ne peut être appliquée contre les familles de harragas. Mais l'histoire retiendra que pas moins de quatre parents ont passé une semaine en prison avant d'être relâchés juste parce qu'ils revendiquaient leur droit : connaître le sort de leur enfant.”
Quant au sondage en question, il a été effectué entre le 3 et 14 novembre dernier à travers 5 wilayas du centre, 5 de l'est et 4 de l'ouest du pays. 14 questions ont été posées par 15 enquêtrices et enquêteurs à 1 364 sondés de sexe masculin, âgés entre 15 et 34 ans. Le questionnaire a été rédigé en arabe et en français et a été structuré en deux parties : identification socio-démographique du jeune enquêté et les questions en elles-mêmes.
Les départs sont là, les écrits sont là, les images surtout sur le net sont partout, reste les solutions à trouver et elles ne sont sûrement pas celles appliquées jusqu'à maintenant. Cette enquête tente surtout de mettre un peu plus de lumière sur ce phénomène. À la lecture des résultats, nos jeunes semblent répondre à Haraucourt et sa phrase “partir, c'est mourir un peu” par un “rester, c'est mourir beaucoup”. Pourrait-on les contredire ?
S. K.
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