La demande en brut sera en baisse au cours du 1er trimestre 2009. “Nous ne pouvons pas passer notre temps à nous réunir tous les mois pour réajuster la baisse de notre production afin de rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande. Il faut prendre une décision une bonne fois pour toutes. C'est une décision très sage qui tient compte des baisses précédentes entre septembre et octobre estimées à presque 2 millions de barils/jour (mbj). Cette décision est en train d'être appliquée par les pays membres de l'Opep”. Le président en exercice de l'Opep, M. Chakib Khelil, laisse présager que la décision de réduction à laquelle optera l'organisation lors de la 151e réunion extraordinaire, prévue le 17 décembre à Oran, sera conséquente et de nature à avoir un impact direct sur le marché. Il est attendu qu'à travers une telle mesure, les prix du pétrole reprennent leur envolée. D'ores et déjà, les pays membres de l'Opep ont respecté leurs engagements respectifs de baisse de leurs quotas, selon le ministre de l'Energie, reprenant les statistiques de la presse spécialisée, à environ 85%. “J'espère qu'à la prochaine réunion à Oran, la décision aura été appliquée à 100%”, indiquera Chakib Khelil. Dans toutes ses déclarations, le ministre n'a pas cessé de mettre l'accent sur la réaction du marché. Si ce dernier voit que la réduction est sérieusement mise en œuvre par les pays membres, soit à un taux de 85% voire plus, il prendra en considération cette donne et il réagira en conséquence. Il aura une autre réaction en outre quand on décidera d'une nouvelle baisse. “Dans le cas où il constaterait que la décision n'a été observée qu'à raison de 50% par les membres de l'Opep, ce sera la débâcle”, avertira Chakib Khelil. Comment l'Opep compte-t-elle procéder à une réduction de sa production ? Encore une fois, le ministre reprend les données du marché. En moyenne, durant les 5 dernières années, le niveau des stocks était évalué à 52 jours. Or, le monde consomme environ 86 mbj. Aujourd'hui, le stock est de 56 jours, soit un surplus de l'équivalent de 4 jours qui représentent environ 300 000 barils/jour. Cette quantité doit être par conséquence retirée du marché. “Pour rétablir la moyenne, il faut réduire de quatre jours. Mais en combien de temps peut-on réduire ces 4 jours, là est la question”. “Peut-on la réduire en 1 seul jour ?” s'interrogera-t-il. Pour lui, ce n'est pas possible. “Peut-être en 3 mois, cela ne sera pas possible également. En 6 mois, ça serait peut-être faisable”, expliquera-t-il au cours d'un point de presse qu'il a animé en marge de la 5e conférence de formation dans le secteur de l'énergie. Chakib Khelil n'a avancé aucun mot sur le niveau de la baisse qui sera décidée lors de la prochaine réunion. Son souci majeur demeure, en revanche, la demande en nette et constante baisse. La récession dans la majorité des pays du monde a entraîné une baisse de la demande aux Etats-Unis, l'un des grands importateurs de pétrole, et en Europe. L'impact de la crise touchera aussi évidemment la Chine et l'Inde. Car, des experts disent que la Chine n'atteindra pas un taux de 10%. Le FMI estime qu'elle baissera jusqu'à 7,5%. Ce pays a, cependant, besoin de 8% de croissance et dans le cas contraire, c'est-à-dire un taux moins que ce seuil, cela signifie que la récession est inévitable et la demande de ce pays va par conséquent baisser. “Ce qui est encore plus difficile, c'est que cette croissance économique mondiale ralentit et la situation risque d'être pire en 2009”, remarquera le ministre qui annonce une baisse de la demande de 200 000 barils/jour durant le 1er trimestre 2009 par rapport au dernier trimestre de 2008. Il prévoit encore une autre baisse de près 1,5 mbj pendant le 2e trimestre 2009 par rapport au 1er trimestre 2009. Une reprise est attendue toutefois, précisera le ministre, durant le 3e et le 4e trimestres de l'année prochaine. La conférence d'Oran va ainsi prendre en considération tous ces éléments-là avant de décider. Tous les membres sont, ajoutera-t-il, solidaires et il n'y a pas de divergences entre eux. Répondant à la question liée à la vision des pays non-Opep tels que la Russie, la Norvège et le Mexique qui vont dans le sens de la dynamique de l'Opep et par rapport aux décisions prises par ses membres, Chakib Khelil dira : “Ils vont dans le sens de l'Opep, car leur production décline.” À l'instar des pays membres de l'Opep, ces pays n'ont aucun intérêt de voir les prix dégringoler et leurs revenus affectés. Pour le ministre, ces pays ne doivent pas se contenter de déclarations mais de faits réels, c'est-à-dire de décisions de baisse réelle. “Ce sont des déclarations d'intention utiles certes, mais qui n'ont pas d'impact sur le marché qui a besoin de baisses effectives”, commentera M. Khelil qui estime que la meilleure façon d'être solidaire avec l'Opep, c'est de faire partie de cette organisation. Si ces pays ont le même objectif que ceux de l'Opep, suggéra-t-il, ils n'ont qu'à appliquer ses décisions sans recourir à la signature d'un accord. Maintenant, si pour cela, ils souhaitent qu'un accord soit signé, le président de l'Opep n'y voit aucun inconvénient. Par ailleurs, le ministre a affirmé dans son allocution d'ouverture de la rencontre sur la formation dans le secteur organisé hier que les entreprises de la branche consacrent environ 9% de leurs budgets à la formation. Il a également annoncé la mise en place d'une commission d'évaluation continue des formations dispensées. Les recommandations qui sanctionneront les travaux de cette conférence serviront de plan d'action opérationnel à l'avenir. Badreddine KHRIS