Dans sa revue hebdomadaire des matières premières, la banque d'affaires Natixis considère que les prix du pétrole continueront à grimper, dans le mesure où "les marchés du pétrole sont surpris du niveau toujours élevé des importations américaines de brut". "Au plus profond de la récession économique de l'hiver 2008 et du printemps 2009, les autorités publiques, partout dans le monde, avaient décidé dans l'urgence des réductions des taxes sur les matières premières pour tenter de soutenir les secteurs des métaux et de l'énergie. Aujourd'hui, les Etats visent les matières premières pour trouver de nouvelles recettes, en rétablissant les taxes à leur niveau d'avant la crise, voire en en créant de nouvelles", souligne le gestionnaire. "Au final, l'impact d'une hausse des taxes sur les métaux et l'énergie dépendra de la vigueur de la reprise économique. Si la reprise est effectivement affaiblie par le durcissement général des politiques budgétaires, les taxes qui augmentent les coûts de production et limitent les investissements de capacité ne vont pas tirer les cours à la hausse. Mais si la reprise économique mondiale est suffisamment vigoureuse pour se maintenir en dépit des difficultés budgétaires, les récentes décisions affectant les marchés des métaux et de l'énergie pourraient renforcer les pressions à la hausse des cours." Il faut savoir que les cours du pétrole se maintenaient à l'équilibre hier en début d'échanges européens, sur un marché prudent, rasséréné après le passage de la tempête tropicale Bonnie mais s'inquiétant désormais d'un possible recul des réserves de brut aux Etats-Unis. A 13h24, le contrat de septembre sur le Brent coté sur l'ICE de Londres affichait une hausse de 20 cents, à 77,70 dollars le baril. Le contrat de septembre du New York Mercantile Exchange gagnait 23 cents, à 79,23 dollars le baril. Des analystes soulignent que les fondamentaux physiques du marché pétrolier aux Etats-Unis ne sont pas favorables. "D'après les données publiées la semaine dernière sur les stocks aux Etats-Unis, il semble que les raffineries produisent plus, mais qu'elles ne fassent que mettre leurs produits en stock", souligne Christophe Barret, analyste du marché du pétrole chez Crédit Agricole. Le cours du baril s'est maintenu dans une fourchette de 75 à 80 dollars depuis le 22 juillet, la solidité des résultats d'entreprises publiés aux Etats-Unis et les résultats favorables des tests de résistance des banques européennes ayant permis de dissiper un peu les craintes d'une récession en double creux. Les prix du baril avaient déjà terminé parfaitement stables lundi, la possibilité de voir s'effriter l'offre de brut compensant le soulagement des investisseurs après la fin de l'épisode de la tempête Bonnie. Les prix évoluent "en dents de scie", "ne parvenant jamais tout à fait à déterminer quels sont les facteurs les plus importants à prendre en compte ; c'est la première fois depuis longtemps qu'on voit le brut finir à l'équilibre", commentaient les experts de Cameron Hanover. La tempête tropicale qui avait affolé le marché la semaine dernière, a finalement épargné les installations pétrolières du golfe du Mexique, ce qui a encouragé un reflux des prix. Mais les cours du pétrole ont finalement effacé leurs pertes, les opérateurs anticipant une baisse des stocks de brut aux Etats-Unis. Selon le consensus d'analystes interrogés par Dow Jones Newswires, les stocks américains de brut pourraient avoir décru de 1,4 million de barils sur la semaine achevée le 23 juillet. "A l'approche de la publication du DoE, l'offre et la demande exercent un plus fort impact sur le marché, mais les opérateurs ne se concentrent sur ces fondamentaux guère plus qu'un ou deux jours dans la semaine", relevaient cependant les experts de Cameron Hanover. "Les marchés financiers devraient probablement continuer d'influencer les cours (du pétrole), tout comme la série de données macroéconomiques attendue aux Etats-Unis", confirment les analystes du courtier EnergyQuote JHA. Les investisseurs surveillent notamment l'indice de confiance du Conference Board, avant la première estimation du produit intérieur brut américain pour le deuxième trimestre, publiée vendredi. "On s'attend à un ralentissement (de la croissance américaine), mais la question clé sera de voir de quelle ampleur. S'il est significatif, cela pourrait peser sur les perspectives de reprise de la demande énergétique", ajoutait-on chez EnergyQuote JHA.