Un second programme de mise à niveau des PME, appuyé par l'Union européenne, va démarrer en janvier 2009. M. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif (CNC) de la PME-PMI, qui était hier l'invité de la Chaîne III, constate un chevauchement de prérogatives entre les ministères de l'Industrie et de la PME-PMI quant au processus de mise à niveau des entreprises enclenché par l'Etat il y a quelques années. “Il faut une véritable décision politique. C'est l'un ou l'autre. Le ministère de la PME-PMI a tous les pouvoirs régaliens de mener à bien ses attributions. Sinon, le gouvernement doit opter pour une autre décision et confier la mise à niveau à une autre institution”, suggère-t-il, non sans exprimer son mécontentement. Il a indiqué que le programme de mise à niveau, initié par le département de M. Benbada, a été retenu par la Commission européenne à Bruxelles comme étant le projet de l'année de par ses résultats probants. Il est toutefois évident, reconnaît-il, que ce qui a été fait jusque-là reste insuffisant. Il faut, souligne-t-il, voir les propositions du ministère de l'Industrie afin d'éviter une cacophonie et que l'entreprise bénéficie réellement de cette opération. Pour lui, une chose est indispensable, les sociétés doivent bénéficier de cette mise à niveau avec le démarrage en outre du second programme européen à partir de janvier 2009 que dirigera un Algérien. C'est une première aide qui leur sera accordée. D'autres formes de soutien doivent être également, selon lui, prévues pour l'émergence de champions nationaux. Pour lui, il en existe quelques-uns relevant du secteur public mais le grand nombre est dans le privé. Autour de ces opérateurs privés, propose M. Bensaci, il faut organiser un tissu d'unités de sous-traitance qui deviendront la locomotive du développement de l'industrie. M. Bensaci explique le poids de ces groupes sur le marché national en matière de capacités de production, de qualité et de disponibilité de produits… “Il faudrait aider et consolider ces champions pour qu'ils puissent se développer davantage”, insiste-t-il encore. Car, précise-t-il, “ils sont d'abord chez nous, investissent en Algérie et font partie de notre économie”. Il est également opportun de leur offrir toutes les conditions qui les aideront à placer leurs produits sur le marché international après avoir couvert les besoins nationaux. Pour cela, l'Etat régulateur doit intervenir et protéger et encourager la production nationale de telle sorte qu'elle puisse répondre à la demande intérieure et éviter progressivement ce qui est importé. Le président du CNC préfère parler de “patriotisme économique” et non pas de “protectionnisme” qui, pour lui, signifie, bloquer la concurrence venant de l'extérieur. Il a, cependant, mis un bémol concernant deux secteurs qu'il juge essentiels : l'agroalimentaire et le médicament afin, dit-il, d'assurer une couverture suffisante du marché. Or, il y a lieu de prendre en compte également les deux paramètres que sont l'accord d'association signé par l'Algérie avec l'Union européenne et sa démarche vers son accession à l'OMC. 10% des PME disparaissent chaque année Dénonçant les différentes restructurations, il estime que cela a provoqué la disparition de grands groupes industriels et le tissu de sous-traitants qui l'entoure. Ce qui a donné lieu à une déferlante sur l'importation. “Désormais, nous sommes devenus un pays importateur et non pas producteur. Nous sommes aujourd'hui, un pays qui n'a pas d'industrie”, déplore M. Zaïm Bensaci. Que l'Etat reprenne et restructure de nouveau ces unités industrielles publiques, c'est bien, mais sans oublier les sociétés privées qui ouvrent droit au même traitement et prise en charge. Par ailleurs, le président du CNC estime que 10% des PME disparaissent chaque année. Dans le cadre de son plan d'action, le CNC va soumettre à sa tutelle une série de propositions liées à la mise à niveau, aux entreprises souffrant de difficultés financières, la promotion des PME surtout les avantages dont elles doivent bénéficier. Toutes ces suggestions seront développées au cours de l'assemblée générale prévue le 17 décembre à Alger. Badreddine KHRIS