Durant le 1er semestre 2007, plus de 2 000 PME/PMI ont disparu. Leur endettement et leur incapacité de rebondir de nouveau sur le marché, pour des raisons multiples, sont les deux principaux paramètres à l'origine de cette mortalité. En revanche, il a été enregistré la naissance de 11 000 nouvelles entreprises pendant la même période. Le constat établi sur le secteur est amer à plus d'un titre. Les PME sont dans une situation difficile. La difficulté réside dans les conditions contraignantes qui caractérisent le marché national. Celui-ci reste toujours rongé par des fléaux difficilement guérissables. Il s'agit en premier degré de l'informel qui cible de plein fouet l'économie nationale. Les PME font face ainsi à une rude concurrence déloyale à travers le phénomène de la contrefaçon. “Peu de PME voient le jour actuellement dans notre pays. Le nombre d'entreprises créées demeure insignifiant pour un pays comme l'Algérie”, constate le président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNC), M. Zaïm Bensaci. Il évoque l'épineux problème d'accès au financement. Les entités n'ont, selon lui, pas bénéficié de facilitations pour avoir accès à des crédits bancaires. Elles souffrent d'une véritable destruction financière. La création du Fonds de garantie (Fgar) est, indique-t-il, une bonne initiative, mais cela reste insuffisant. Car, la décision définitive, en réalité, revient aux banques. Le Fgar dépose le dossier au sein des banques. Et c'est à ces institutions financières de décider de l'opportunité ou pas de l'octroi d'un prêt. Le président du CNC estime que la mise à niveau de quelque 400 entreprises uniquement n'est pas une solution. Au contraire, “nous souhaitons qu'il y ait un programme de mise à niveau général. Il doit reposer sur des bases techniques et concerner la majorité des PME existantes ou à venir”, souligne M. Bensaci en marge de l'assemblée générale du CNC. “Mise à niveau de 400 PME, c'est insignifiant” Il appréhende en fait la perspective de la création d'une zone de libre-échange avec l'Union européenne où il sera question de suppression des barrières tarifaires et de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces deux échéances mettent en effet les PME face à des défis. D'où la nécessité de l'intervention des pouvoirs publics en apportant leur soutien à ces entités pour qu'elles puissent mener à bien le processus de leur mise à niveau, l'amélioration de leurs performances et leur compétitivité internationale. “Faut-il laisser ces PME dans cette situation ? Faut-il les laisser mourir ?” ne cesse de s'interroger M. Bensaci. Or, l'Etat a toujours pris en charge les entreprises publiques. Les dirigeants du pays parlent souvent dans leurs discours, remarque-t-il, d'“entreprises algériennes” pour prouver leur intérêt pour les sociétés publiques et privées. Pour cela, il faut, suggérera M. Bensaci, une égalité dans la prise en charge. “Le traitement réservé pour le secteur public doit être le même pour le privé”, affirme-t-il. Pour que la PME devienne réellement le fer de lance de l'économie nationale, il faut, ajoutera le président du CNC, lui donner les moyens de sa politique. “Il faut axer tous les efforts sur cette PME”, renchérit-il. M. Bensaci demande également la création d'un observatoire de la PME. Cet organe offrira toutes les statistiques sur le secteur, assurera une identification de toutes les PME, les filières et branches d'activité, le taux de mortalité des entreprises… autant d'informations indispensables pour les responsables et les opérateurs. Par ailleurs, il souhaite la mise en place au sein du conseil d'une structure permanente composée d'experts. Ce groupe de travail aura à arrêter une stratégie et élaborer un plan d'action du conseil. Sur un autre registre, M. Bensaci estime que le développement de la PME passe impérativement par celui des localités. “La promotion de la PME risque d'être un concept creux, si l'on ne l'adosse pas sur un développent local qui valorise les potentialités locales et s'appuie sur des acteurs locaux”, précise-t-il. Ce sont là autant de problèmes soulevés par le CNC et sur lesquels doivent se pencher sérieusement les pouvoirs publics. Le ministre de la PME/PMI, M. Mustapha Benbada, qui a assisté à l'AG a promis la révision du statut et de la fonctionnalité du conseil. M. Benbada nie, en outre, toute création, du moins pour le moment, d'une banque de la PME. Badreddine KHRIS