La salle de spectacle de l'établissement Arts et Culture a abrité, jeudi après-midi, un concert exceptionnel du groupe vénézuélien Redonda qui a apporté un peu de soleil avec ses airs salsa et ses textes bien trempés. La première partie a été confiée au collectif algérois flamenco Triana d'Alger, qui a chauffé le public et fait le show. En présence des ambassadeurs du Venezuela, de l'Argentine et de la Belgique, et face à une assistance nombreuse composée principalement de jeunes, les Triana d'Alger ont assuré la première partie du concert du groupe Redonda. Ils ont, pour l'occasion, revisité plusieurs chansons extraites de leur dernier album Morena (la brune). Le public a longtemps dansé sur les rythmes flamencos et méditerranéens entraînant de Los Chicos, notamment Noussik ya Qalbi, l'hymne Ya Rayah (le classique de Dahmane El-Harrachi internationalisée par Rachid Taha), l'instrumental " L'orphelin " (que les Chicos and Gipsys ont repris sur le nouvel album sorti à l'étranger mercredi dernier) ou encore Morena (une reprise de Lili Boniche). D'ailleurs, nous avons appris par Mehdi, chanteur et leader du groupe, que cette chanson, également titre de l'album, a été réalisée en vidéoclip et sera diffusée dans quelques jours à la télévision. Pour l'incontournable standard Bamboleo des Gipsy Kings, les deux percussionnistes ainsi que le violoniste du groupe Redonda ont accompagné les Triana d'Alger, donnant ainsi plus de son et plus de puissance à l'interprétation. La place a été cédée par la suite aux neufs “salseros” hors pair – et très attendus – de la Redonda qui ont proposé une musique respirant la joie de vivre où se mêlent les sonorités et les styles, allant du ragga muffin, au reggae, en passant par quelques sons africains, le tout pimenté de salsa. Né de la fusion d'artistes venus de l'univers du hip-hop, du reggae et bien sûr de la salsa, le groupe vénézuélien Redonda a été fondé, en l'an 2000, par le bassiste Alex Martinez (également directeur du groupe) et le chanteur Alex Acosta (alias MC Ganstalex), qui sont partis chercher d'autres musiciens afin de former un collectif salsa. Les chanteurs Alex Acosta et Kike Gavillàn, le batteur Andres Sequera, le violoniste Gilberto Mora, le guitariste Alejandro Huizi, le pianiste Oswaldo Rodriguez, le bassiste Carlos Martinez et les deux percussionnistes Marcos Espinoza et Joseph Gallardo, qui forment la Redonda, ont revisité, en 45 minutes de programme, quelques-uns de leurs titres phares, entre autres La Vida, Rompe la cadena (briser les chaînes), Elavande ou encore De la Luz, por la luz…, donnant ainsi au public algérois une idée sur leur univers musical, la motivation qui les anime et l'engagement qui les habite. Le bassiste et leader du groupe, Carlos Martinez, interrogé à l'issue du show, confirme cet engagement : “Nos textes traitent de la vie, de la foi, de l'union, de l'amour… tous développent une réflexion sur notre conviction profonde qui est le changement humain.” Décontractés, habités par la musique et généreux, “los salseros” de la Redonda, ont invité le public sur scène pour des prestations de danse. L'assistance a même eu droit à une démonstration inattendue, de la part de l'ambassadeur du Venezuela, Son Excellence Hector Michel Mujica, qui s'est tortillé sur les airs endiablés de la salsa, version Redonda. Lors du concert, le public a également été agréablement surpris par la découverte de l'instrument campana : une cloche de vache à laquelle on a ôté le battant et qu'on frappe à l'aide d'une baguette. Celle-ci est devenue au fil du temps un instrument de percussion à part entière et incontournable dans la salsa.Après avoir parcouru le monde, la Redonda a fait escale à Alger, pour deux concerts consécutifs (à l'auditorium de la Radio algérienne mercredi dernier et celui de jeudi), afin de partager avec un public déjà conquis par le phénomène salsa, qui a atteint et contaminé le monde entier. La salsa selon Redonda, est un voyage au pays du métissage, du dialogue et des couleurs. Sara Kharfi