Le gouverneur de l'Illinois Rod Blagojevich a été arrêté mardi, soupçonné d'avoir tenté de monnayer le siège vacant au Sénat américain du président élu Barack Obama, un scandale “stupéfiant” de corruption qui éclabousse de nouveau cet Etat du Nord. Le gouverneur démocrate, 51 ans, et son directeur de cabinet, 46 ans, John Harris, qui ont été inculpés de tentative de fraude et de corruption, sont également accusés d'avoir menacé de suspendre l'aide de l'Etat de l'Illinois au groupe de presse du Chicago Tribune afin de “provoquer une purge des éditorialistes du journal”, selon un communiqué du bureau du procureur. M. Blagojevich, qui risque jusqu'à 30 ans de prison, a été libéré en échange d'une caution de 4 500 dollars. Barack Obama s'est dit “attristé et interloqué” en apprenant cette affaire, précisant au cours d'un point de presse qu'il n'avait pas eu de contact avec le gouverneur ni avec son bureau. “L'ampleur de la corruption contenue dans ces inculpations est stupéfiante”, a commenté le procureur Patrick Fitzgerald. Ces inculpations “stipulent que Blagojevich a mis une pancarte ‘À vendre' sur la nomination d'un sénateur des Etats-Unis, s'est impliqué personnellement dans une pratique de pots-de-vin avec la précipitation d'un vendeur qui doit atteindre son objectif annuel, et a utilisé son bureau de façon illicite pour tenter de bâillonner des voix d'éditorialistes critiques”, relève le communiqué. “Les accusations portées contre le gouverneur Blagojevich sont consternantes et représentent la pire violation de la confiance du public que j'aie jamais vue”, a réagi dans un communiqué le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid. “Il est clair que quiconque serait nommé au Sénat par le gouverneur Blagojevich serait à tort ou à raison entaché d'illégitimité. Un processus différent doit être choisi pour la nomination d'un nouveau sénateur, et ce processus ne doit pas impliquer le gouverneur Blagojevich”, a-t-il ajouté. Ce dernier a été confondu par des écoutes autorisées par la justice de discussions portant sur les bénéfices qu'il pourrait tirer du fait que c'est au gouverneur qu'il revient de nommer un sénateur américain quand un siège est vacant. Selon l'acte d'accusation de 76 pages, au lendemain de l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche, Blagojevich déclarait à un interlocuteur inconnu : “J'ai ce pouvoir et c'est de l'or (juron) et je ne vais pas l'abandonner pour rien (juron). (...) Je peux me parachuter” à ce siège. Il aurait évoqué plusieurs options : recevoir un salaire substantiel en travaillant pour un syndicat ou une fondation caritative, placer sa femme dans des conseils d'administration où elle pourrait être payée quelque 150 000 dollars par an, occuper un poste d'ambassadeur. R. I./Agences