Avec 800 hôtels de luxe, 240 000 lits, 6 millions de touristes/an, le tourisme a engrangé 2 921 millions de dinars tunisiens en 2008, soit 6% du PIB, équivalant à 19% des réserves de change du pays. Toutefois, la Tunisie appréhende la crise financière en cherchant des palliatifs. La Tunisie s'apprête à accueillir les touristes algériens, de plus en plus nombreux (974 000 en 2008), dans de meilleures conditions lors de la prochaine saison estivale. Troisième pays émetteur de touristes après la France et la Libye, l'Algérie constitue un réservoir inépuisable, voire potentiel, pour toutes les gammes de tourisme que développe ce pays voisin depuis près de 50 ans. “Le marché algérien est stratégique pour nous. Nos relations fraternelles et amicales ont toujours été au plus haut niveau. En 2008, ces relations se sont confortées davantage lors de la réunion des deux Premiers ministres (Ouyahia - Ghanouchi, ndlr) il y a quelques jours. Beaucoup d'axes relatifs au tourisme ont été abordés lors de cette réunion fructueuse à tous points de vue”, a déclaré l'ambassadeur de la Tunisie à Alger, M. El Hebib Mbarek, lors d'un point de presse organisé en marge de la Journée touristique et culturelle tunisienne qui s'est déroulée, lundi, à l'hôtel Hilton d'Alger. Et l'opportunité a été offerte à l'ambassadeur pour mettre certaines choses au clair. “Nous avons effectivement reçu certaines plaintes de touristes algériens au niveau du poste frontalier d'El-Ayoun que nous avons traitées avec toute la rigueur. Et j'ai été moi-même au niveau de ce poste pour superviser le passage des touristes. 800 000 algériens vont chaque année par route en Tunisie. Il y a en moyenne 7 000 voitures/jour qui y transitent. Et cela se répercute sur la qualité de la prestation, d'où le recours à l'ouverture d'autres pistes et l'appel à plus de personnel. Mais en 2008, il y a moins de plaintes que d'habitude et les choses sont rentrées dans l'ordre”, a affirmé encore le diplomate. Celui-ci révélera que les ministres du Transport se rencontreront en février prochain pour étudier également le cas des taxis clandestins qui transitent par les postes frontaliers et qui mettent en danger la vie des touristes comme ils étudieront la probabilité de développer le transport terrestre, sachant que près de 800 000 Algériens prennent chaque année la route vers la Tunisie. Quant à l'aspect inhérent aux sinistres qui surviennent lors des séjours en Tunisie et aux lenteurs du bureau mixte algéro-tunisien chargé des assurances, le diplomate a indiqué qu'il existe un cadre réglementaire et que ce problème sera définitivement solutionné en février prochain entre les ministres des Finances des deux pays. Bientôt une ligne aérienne TunisConstantine Dans le même chapitre, le diplomate a annoncé que la ligne aérienne Tunis-Constantine sera bientôt lancée pour s'ajouter aux dessertes à partir d'Alger et d'Oran. “Cette année, nous attendons près de 40 000 touristes pour le mois de Ramadhan. Le mois sacré précédent, nous avons enregistré près de 20 000 touristes, contrairement à nos prévisions qui étaient de 10 000 seulement. C'est dire que les Algériens ont tout pour passer un bon séjour en Tunisie durant toutes les périodes de l'année”, dira le patron de l'ONTT à Alger, Fawzi Basly, organisateur de cette journée. Parallèlement, les tours operators algériens et tunisiens ont organisé des séances de workshop et ont développé les opportunités d'échanges et d'investissement, mais aussi les produits à commercialiser pour les clients durant toute l'année, en sus du tourisme balnéaire qui constitue le produit de niche pour les Algériens. En ce sens, le directeur général adjoint de Nahrawess — un palace situé à Hammamet et classé 2e dans le bassin de la Méditerranée —, Chekib Jemour, a estimé que les Algériens sont très portés sur la thalassothérapie depuis le début des années 2000. Les Algériens et la thalassothérapie Ce palace qui vient d'acquérir dans le cadre de la privatisation l'établissement Abou Newas Boudjafar de Sousse (un hôtel 4 étoiles) reçoit de plus en plus d'Algériens (15% des 6 000 curistes), notamment pour l'implant dentaire, le nettoyage du colon, la cure antitabac et autres soins que prodigue ce complexe qui ouvrira un terrain à Djedidi de golf et trois terrains de football pour la préparation des clubs. “Le marché algérien est très important pour nous. Le travail de proximité, comme les workshops d'aujourd'hui sont essentiels pour donner le meilleur produit possible au client algérien. Il est vrai que la thalassothérapie est une variante nouvelle, mais nous aimons les challenges porteurs de richesses et de plus-values”, dira M. Jemour. Du reste, la Tunisie devra s'accrocher à la concurrence dans le secteur du tourisme et faire face à la crise financière mondiale en cherchant des palliatifs à même de permettre à cette industrie de maintenir le cap. Outre les marchés européens et maghrébins déjà acquis, la Tunisie compte investir dans le marché asiatique. Un défi comme un autre à tenir, mais également une réalisation qui demande, de l'avis des Tunisiens, un travail d'Hercule. FARID BELGACEM