Algériens et Libyens forment le tiers des visiteurs étrangers en Tunisie. L'Algérie reçoit encore très peu de touristes. Et les chiffres communiqués sur les touristes qui y font escale ne sont guère très fiables. Pourtant riche d'un remarquable patrimoine, l'Algérie laisse indifférents même les nationaux qui la boudent et lui préfèrent d'autres contrées. Ils sont 950.000 Algériens à se rendre annuellement en Tunisie, soit presque le tiers du visitorat européen pour ce pays voisin. Les piètres performances algériennes dans l'industrie du tourisme concourent beaucoup à cet état de fait. A telle enseigne que, comparée à l'Algérie, la Tunisie donne l'impression d'être une puissance touristique régionale. Pourtant notre pays est, de loin, le plus nanti en termes de patrimoine. Cependant, il n'arrive pas encore à faire valoir des atouts qui sont finalement laissés en jachère. Ainsi, il est relégué au rang de suiviste par la Tunisie, qui s'attribue le 29e rang mondial par l'OMT (Organisation mondiale du tourisme) et qui parvient à engranger des recettes record et à s'imposer comme destination incontournable. Et les chiffres le prouvent: ce pays a accueilli 6,7 millions de touristes en 2007, originaires de France et de Libye essentiellement. Ce flux de touristes aurait engrangé des revenus de 3,05 milliards de dinars (1,7 milliard d'euros), selon le ministre tunisien du Tourisme, M.Khelil Laâjimi. Dans ce pays voisin et par rapport à 2006, le nombre de visiteurs a ainsi augmenté de 3,2%, au moment où les recettes sont en hausse de 8% en dinars (3% en euros) avec des nuitées qui ont atteint 37,4 millions, pour un taux moyen d'occupation à 51,6%, a encore indiqué le même responsable tunisien. Ce dernier a révélé, s'énorgueillant d'un taux probable de croissance similaire en recettes pour 2008: «Nos résultats sont bons, pour la première fois nous dépassons le cap des 3 milliards de dinars» véritable mecque de la villégiature en Afrique du Nord, la Tunisie parvient aujourd'hui à attirer les touristes européens, notamment les Français qui sont donné en tête des visiteurs occidentaux avec 1,335 million de touristes. Ils sont devancés par les Libyens (1,5 million de visiteurs) et suivis par les Algériens, les Allemands (514.000) et les Italiens (444.000). Ces indicateurs sont donnés alors que la Tunisie compte booster de plus belle ce secteur-clé de son économie en promettant un «meilleur rendement» qui ne pourra que confirmer le potentiel pourvoyeur de devises et d'emplois d'un secteur hautement «stratégique» et pour lequel les Tunisiens prévoient un plan d'action qui s'étale jusqu'en 2016. Et ce, au moment où l'Organisation mondiale du tourisme prévoit que le nombre de touristes dépassera 1,5 milliard en 2020. Un nombre important qui ne peut que requérir de grands investissements en matière d'hébergement et de restauration en vue d'assurer des prestations de qualité. D'ores et déjà, et pour améliorer la qualité des services hôteliers, les autorités tunisiennes évoquent un investissement de 80 millions de dinars (45 millions d'euros) destiné à la modernisation de 48 hôtels de 520 000 lits. Et ce, afin de répondre aux besoins des touristes, notamment des Maghrébins, Libyens et Algériens, qui forment le tiers des visiteurs étrangers. Qu'en est-il de l'Algérie? Parviendra-t-elle à prendre le train en marche et à relever le défi de relancer le secteur du tourisme qui pourrait, selon nombre de spécialistes, se substituer à celui des hydrocarbures? A ce titre, est-il utile de relever que l'Algérie n'a pas encore atteint dans le secteur du tourisme le niveau de ses voisins et ce, pour plusieurs raisons, notamment le niveau de la formation, le retard enregistré en matière d'investissement et la promulgation tardive d'une politique de développement du secteur. Alors que la problématique du foncier fait florès. Pour ce qui est de la mise à niveau des établissements hôteliers, la société de gestion de participation SGP Gestour a récemment consacré une enveloppe financière de l'ordre de 2 milliards de dinars pour la mise à niveau des hôtels du Sud, qui «demeurent sous-exploités» Quant aux recettes touristiques, de la région sud du pays particulièrement, les responsables algériens avouent souvent être en bute à de sérieux problèmes de statistiques. selon les chiffres de l'Office national des statistiques, les recettes du tourisme algérien sont évaluées à plus de 175 millions de dollars. L'exemple de la Tunisie est édifiant en ce sens qu'un pays au patrimoine moins riche peut très bien s'imposer par son savoir-faire en matière de prestations et s'autoriser des taux d'occupation proches des 100%.