Les praticiens spécialistes de la santé publique ont fêté hier le 15e anniversaire de création de leur syndicat. Ils ont décidé, avec leurs confrères du secteur, de continuer le combat ensemble. Comme lundi dernier, un autre sit-in a été organisé, hier, au CHU Hassani-Issad de Béni Messous. Dès l'entrée de l'hôpital universitaire, on aperçoit une foule compacte de médecins annonçant la couleur sur une banderole accrochée devant le jardin : “Grève dans le secteur de la santé publique”. Nombreux étaient les contestataires, venus exprimer leur colère et réitérer leurs revendications socioprofessionnelles. Les grévistes proposent de radicaliser leur mouvement. “Notre protestation ira crescendo pour faire aboutir nos doléances. Une grève des urgences n'est pas à écarter si les pouvoirs publics ne répondent pas favorablement à nos revendications”, menace le Dr Djidjik, du Syndicat national des maîtres-assistants en sciences médicales. Professeurs en médecine, docents, maîtres-assistants, patriciens, psychologues, biologistes, pharmaciens étaient tous rassemblés en face de l'amphi Redjimi du CHU de Béni Messous. Ils discutaient de leurs problèmes et surtout de l'attitude de leur tutelle qui a actionné l'arsenal juridique. Une tutelle, selon les syndicalistes, qui tente par tous les moyens de casser ce mouvement pacifique et qui les menace de ponctions sur salaire. “Au lieu d'ouvrir les portes du dialogue, ils (pouvoirs publics) veulent le pourrissement en annonçant des retraits sur salaire. Nous pouvons leur remettre des chèques de plus de trois jours de salaires, si les autorités expriment la volonté de prendre en charge nos doléances”, lance le Pr Djidjeli, secrétaire général du syndicat des professeurs et docents des sciences médicales. Il précise également que leur grève est tout à fait légale, malgré la décision de la justice qui a ordonné son arrêt. “Nous avons appris cette décision de justice par le biais des journaux. Nous n'avons, pour l'heure, reçu aucune notification. La grève est, de ce fait, maintenue”, a-t-il martelé. Le Dr Yousfi, représentant du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), a enchaîné, pour sa part : “Ce qui est malheureux, c'est que cette décision intervient au moment où nous demandons l'ouverture du dialogue.” Une décision de justice qui témoigne, d'après lui, du mépris des pouvoirs publics envers l'élite de ce pays. Le représentant du SNPSSP rappelle que le ministère de la Santé n'en est pas à sa première saisine de la justice contre un syndicat autonome. Il tient à préciser que le Syndicat des praticiens spécialistes a été le premier à avoir fait l'objet d'une cabale judiciaire en 2004. Un acte qui représente, à ses yeux, “une fuite en avant”. La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique avait, auparavant, lancé un appel au Premier ministre. Sans écho. Selon les syndicalistes, le taux de suivi pour cette journée a frôlé les 90% à travers le pays, notamment à Tlemcen où les médecins ont fait cartonné plein. Le Dr Yousfi a également précisé que la date d'hier a coïncidé avec l'anniversaire e la création (en 1993) du Syndicat national des patriciens spécialistes de la santé publique. Quinze ans après, les patriciens sont toujours en grève ! Nabila Afroun