Depuis près d'un mois, la mise en place d'un gouvernement d'union nationale achoppe sur la répartition des portefeuilles. Le président zimbabwéen Robert Mugabe a unilatéralement attribué à son parti la plupart des portefeuilles-clés du futur gouvernement, provoquant, hier, la colère de l'opposition qui estime «en péril» l'accord sur le partage du pouvoir. Selon le journal d'Etat The Herald, les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur reviennent au parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). Une décision prise par le président Mugabe sans l'accord de l'opposition. Depuis près d'un mois, la mise en place d'un gouvernement d'union nationale achoppe sur la répartition des portefeuilles. Mais, pour The Herald, les ministères ont été distribués suivant «les termes de l'accord signé» entre le pouvoir et l'opposition le 15 septembre après des mois de crise. Cet accord historique prévoit la formation d'un gouvernement avec Robert Mugabe comme président et le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) Morgan Tsvangirai comme Premier ministre. Seul le ministère très disputé des Finances n'a pas été attribué par le chef de l'Etat, a assuré The Herald, selon lequel le médiateur sud-africain Thabo Mbeki est attendu à Harare, la semaine prochaine, pour régler cette question. Vendredi, les négociateurs avaient tous constaté un «blocage» dans les discussions sur le futur gouvernement d'union. Mais ils s'étaient entendus pour que l'ex-président sud-africain les aide à trouver un accord sur la répartition de l'ensemble des ministères clés et pas uniquement sur celui des Finances. Le MDC a vivement réagi à la publication surprise de la liste gouvernementale, dénonçant «l'arrogance» du parti du président Mugabe et l'accusant de «mettre en péril» l'accord sur un gouvernement d'union nationale. «Cette liste n'est pas et ne sera pas approuvée par le MDC. Elle est unilatérale, méprisante et scandaleuse. Ils sont en train de rouler le peuple du Zimbabwe», a assuré le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa. «Si on regarde la liste, ça revient à ce qu'ils gouvernement seuls», a-t-il estimé. Selon la décision du chef de l'Etat, 84 ans dont 28 ans au pouvoir, le MDC obtiendrait 13 portefeuilles, un nombre conforme à l'accord signé mi-septembre, mais de moindre envergure comme ceux des Affaires constitutionnelles et Parlementaires, de la Planification économique et du Travail. La faction dissidente du MDC, menée par Arthur Mutambara, aurait en charge trois ministères, dont l'Education. Le MDC en a appelé une fois encore à la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui a mandaté M.Mbeki comme médiateur, pour sortir le pays de cette «impasse», née de la défaite du régime aux élections générales du 29 mars. Les Zimbabwéens attendent, avec impatience, la formation d'un nouveau gouvernement pour amorcer un changement des politiques économiques et le retour de l'aide internationale. Depuis des années, l'économie de l'ancien grenier à céréales de la région est en chute libre. Aujourd'hui, l'hyperinflation y bat des records mondiaux à 231 millions de pour cent en taux annuel, 80% des adultes sont chômeurs et des millions de personnes menacées de famine.