La réconciliation nationale “n'est pas en contradiction avec les droits de l'Homme. Son objectif, c'est le retour à la paix, la sécurité et la protection des citoyens. La réconciliation nationale satisfait les revendications essentielles des droits de l'Homme”, déclarait, hier, le président de la Commission nationale chargée des droits de l'Homme. Ksentini paraphrasait, ici, le message émis par le président de la République à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'Homme et dans lequel Bouteflika explique que la démarche vise “à la paix et la sécurité”. Le président de la République y expliquait que le peuple avait plébiscité la Charte pour la paix et la réconciliation nationale parce qu'il était “convaincu que la stabilité et la paix sont les deux conditions fondamentales pour la promotion et la protection des droits de l'Homme”. La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, c'est en quelque sorte notre Déclaration universelle des droits de l'Homme. Hors l'impunité du terrorisme islamiste, point de salut ! C'est curieux ce détour conceptuel qui fait de l'immunité des terroristes une condition qui nous permettrait de jouir de nos droits. Encore un peu, et on les remercierait de contribuer au progrès des libertés civiques, en attendant de leur rendre hommage d'avoir permis l'avènement de l'Etat de droit. Ainsi, fallait-il soustraire les terroristes à la rigueur de la justice, pour que force revienne à la loi. Depuis, on observe que notre justice est devenue inflexible contre les formes pacifiques de contestation et quand il est question d'autres manifestations d'humeur que celle, sanglante, des islamistes. Qu'il s'agisse de protestations citoyennes ou de revendications sociales, elle juge et condamne sans fléchir la moindre contestation de l'ordre en place. Les débrayages de travailleurs ou de fonctionnaires et les agitations populaires locales sont immédiatement réprimés et leurs animateurs jugés. Les interdictions de grèves initiées par les syndicats autonomes et les condamnations successives des “émeutiers” — comme les désignent improprement nos confrères — illustrent la rigueur de la loi quand elle s'applique à d'autres catégories de subversions que le terrorisme. D'un certain point de vue, les droits de l'Homme progressent, mais pour les terroristes, pas par les terroristes. En 1991, un large débat, une fois encore animé par Me Brahimi, avait été initié sur la peine de mort. Sans résultat. Deux ans plus tard, l'Algérie observait un mémorandum tacite sur la peine capitale, juste après l'exécution d'une partie des auteurs du premier attentat à la bombe du GIA. Tous les terroristes condamnés par la suite ont une la tête sauve jusqu'à… la réconciliation nationale. Cet état de fait en faveur de l'islamisme belliqueux découle d'une option idéologique et stratégique du pouvoir. Le présenter comme un fait de droits de l'Homme tient du cynisme. Des militants des droits de l'Homme, dont un président de ligue, ont été ciblés et parfois exécutés par les terroristes aujourd'hui sous immunité. Il n'est donc pas admissible d'imputer ce choix politique à la cause morale des droits de l'Homme. M. H.