Ahmed Ouyahia a jugé irréalisable la révision de la loi électorale dans le délai de 100 jours qui sépare de l'élection présidentielle. Il a assuré que 70% des dossiers en charge de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ont été traités. Des mesures seront prises pour régler les cas en instance et garantir un meilleur confort matériel et moral pour les Patriotes. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a pris le temps, jeudi dernier, pour répondre aux préoccupations exprimées par quelque 200 députés pendant trois jours et demi de débat général sur le Plan d'action du gouvernement. Evoquant immanquablement la présidentielle du printemps 2009, qui est revenue comme un leitmotiv dans les interventions des élus nationaux, le Premier ministre s'est montré rassurant en affirmant que lui et son équipe s'échineront à “réunir toutes les conditions pour l'organisation d'un scrutin démocratique, pluraliste et transparent”. Il a assuré que des moyens matériels colossaux seront fournis aux 600 000 agents, engagés dans la supervision de l'opération, pour réussir le prochain rendez-vous électoral. Il a souhaité, en outre, la réalisation d'une “élection pluraliste, dans un esprit de concurrence entre différents programmes et conceptions”. Néanmoins, dira-t-il : “La loi actuelle était suffisante pour assurer le bon déroulement des élections.” Il a précisé, dans le sillage, qu'entreprendre une telle démarche, “à 100 jours de l'élection présidentielle, est inconcevable du point de vue technique”. Ahmed Ouyahia a affirmé, devant les députés, que le gouvernement est disposé à continuer à avancer sur la voie de la réconciliation nationale pour inciter davantage de terroristes à déposer les armes. Il a également attesté que plus de 70% des cas, pris en charge par les dispositions de la charte pour la la paix et la réconciliation nationale, ont été réglés. “S'il y a des retards dans certains dossiers, cela est dû, peut-être, à des négligences d'auxiliaires de l'administration ou des familles concernées”. Il a ajouté que suite aux orientations du président de la République lors du dernier Conseil des ministres, il a instruit personnellement “tous les walis et ministères pour l'application des textes de lois découlant de la charte pour la paix et la réconciliation nationale”. Il a rappelé, alors, que l'Etat a mis en œuvre des dispositifs d'indemnisation des victimes du terrorisme dès 1994. “Après 14 ans de sa mise en place, cette instance est devenue souple. La caisse des victimes du terrorisme continue de recevoir des dossiers jusqu'à ce jour.” Ce qui semble logique puisque la violence des islamistes fait, à ce jour, encore des victimes, sans compter celles qui n'ont pas obtenu les droits que lui confèrent les lois afférentes au statut spécifique de victime du terrorisme. La situation dramatique des Patriotes a également nourri abondamment le débat général sur le plan du gouvernement à l'APN. L'Etat n'oubliera pas les Patriotes À ce titre, l'invité de la première chambre parlementaire a déclaré que l'Etat n'oubliera pas – davantage — ceux qui l'ont défendu. “Des mesures ont été prises pour prendre en charge ces hommes qui ont soutenu les forces de sécurité de la République pour combattre le fléau du terrorisme. D'autres seront communiquées ultérieurement et après leur officialisation au niveau du pouvoir exécutif”, a-t-il promis. Il semblerait qu'un avant-projet de texte juridique établissant un statut pour les Patriotes est en cours de finalisation au niveau du gouvernement. Un effort sera consenti pour donner à ces paramilitaires une couverture sociale. Sur un tout autre chapitre, le Premier ministre a révélé que 2 700 jugements ont été rendus, durant les années 2006 et 2007, dans des affaires de détournement, et 4 400 dans des affaires de dilapidation de deniers publics. Il a souligné que l'Etat n'a pas effectivement réussi à enrayer définitivement la corruption et les manœuvres de détournement des deniers publics qui gangrènent le pays à tous les échelons. Il a soutenu que “la lutte contre ces derniers exige des institutions de l'Etat d'assumer leurs responsabilités. Elle exige aussi de sortir du silence et de faire cesser la complicité”. Ahmed Ouyahia a reconnu que l'élaboration de 18 statuts particuliers de corps de fonctionnaires de l'Etat butent contre plusieurs écueils, notamment “une volonté de faire passer une loi qui contredise le statut général de la Fonction publique qui sera, faut-il le rappeler, appliquée et respectée dans tous les cas”. Il a insisté sur l'impératif de se “conformer au statut général de la Fonction publique qui, n'étant aucunement préjudiciable, a été encadré par trois décrets présidentiels et une directive du président de la République. L'accélération de la promulgation des statuts particuliers des différents secteurs demeure tributaire du respect de cette loi”. Il a indiqué que trois statuts particuliers seront néanmoins fin prêts à la fin du premier mois de l'année à venir, “tandis que cinq autres ne sont pas encore parvenus à la direction générale de la Fonction publique”. Dans des propos sur les effets de la grève, à laquelle ont appelé cinq syndicats des travailleurs du secteur de la santé, il s'est référé à l'arrêt de la chambre administrative du tribunal d'Alger, rendu dimanche dernier, qui a statué sur le caractère illégal du débrayage. “Une retenue sur salaire sera appliquée contre les participants à la grève. C'est là une procédure normale prévue expressément par la loi. Même si le droit de la grève est reconnu, l'exercice de la démocratie doit se faire dans le cadre de la loi.” Souhila H.