Le chiffre le plus significatif est bien ce que risque M. Madoff, ancien directeur d'une des plus importantes Bourses des valeurs dans le monde, le Nasdaq, reconverti dans les affaires : vingt ans de prison et dix millions de dollars d'amende. À comparer avec le montant de l'escroquerie, estimé à 50 milliards de dollars. Ceci au plan pénal. Au plan des recouvrements et avec la mise en liquidation de sa société clandestine et l'autre, plus publique et visible, les créanciers ont peu de chances de retrouver une partie de leurs fonds. Les plus anciens investisseurs en ont un peu récupéré sur les intérêts servis au cours des années précédentes, mais ils ne récupéreront pas le principal des capitaux confiés aux mains indélicates de M. Madoff. Si, dans le monde, on est disert sur les pertes des banques européennes et asiatiques, dans l'affaire on relève le silence assourdissant des banques américaines. Au-delà de l'importance de ces chiffres, il y a plus important : ce sont les chiffres passés sous silence, la discrétion étant de mise. Mis à part le grand public, personne n'est vraiment intéressé par la publication de ces chiffres. Espagne : Santander, les clients de Optimal, fonds spéculatif lié à la banque Santander, pourraient perdre jusqu'à 2,33 milliards d'euros (3,1 milliards de dollars). La deuxième banque d'Espagne, BBVA, a admis pour sa part une perte nette potentielle maximum de 300 millions d'euros. France : Natixis, filiale de la Caisse d'épargne et de la Banque populaire, fait état de pertes pouvant aller jusqu'à 450 millions d'euros. BNP Paribas pourrait perdre 350 millions d'euros via “ses activités de marché”. L'assureur Axa a évoqué une perte nette “bien inférieure” à 100 millions d'euros. La banque franco-belge Dexia pourrait perdre 85 millions d'euros et ses clients fortunés “ont une exposition totale de 78 millions d'euros”. Grande-Bretagne : HSBC, troisième banque mondiale par sa capitalisation, pourrait avoir une exposition de un milliard de dollars. Royal Bank of Scotland (RBS) a admis une perte potentielle de 600 millions de dollars. Quant au fonds d'investissement Man Group, celui-ci a annoncé avoir investi 360 millions de dollars dans deux fonds gérés par Madoff. Pays-Bas : la banque néerlandaise Fortis a évoqué une perte potentielle entre 850 millions et un milliard d'euros. Japon : la banque Nomura Holdings a fait état d'une perte potentielle pouvant aller jusqu'à 303 millions de dollars. Suisse : les suisses UBS et Crédit suisse ont affirmé n'avoir pas d'exposition “matérielle” à cette fraude, mais la place de Genève pourrait avoir essuyé une perte de 5 milliards de dollars. La banque Union bancaire privée fait état d'une exposition de 1,26 milliard de francs suisses. La banque privée Reichmuth & Cie, établie à Lucerne, indique avoir perdu 385 millions de francs suisses.