La part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique national demeure insignifiante. Elles ne représentent qu'un taux de 1%, soit quelques mégawatts qui sont notamment des barrages hydrauliques construits pendant la colonisation. Si l'on parle du solaire, de l'éolien, de la géothermie ou de la biomasse, elles ne constituent qu'environ 0,01%. “Nous avons accusé un retard considérable pour l'exploitation de cette source d'énergie”, déclare M. Salim Kehal, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables (Cder). Pourtant, l'Algérie recèle des potentialités énormes telles que 3 000 heures d'ensoleillement par année, une irradiation solaire de 6 kilowatts/heure/m2 au sud et 4 à 5 kilo-watts/heure/m2 au nord. La consommation énergétique européenne peut être satisfaite 15 fois plus, rien qu'avec les capacités existantes au sud du pays. L'avenir de l'Algérie ne doit pas dépendre uniquement de l'énergie solaire mais il faut développer davantage le potentiel géothermique estimé à plus de 200 sources géothermales, exploitées malheureusement à des fins de balnéothérapie. “Il faut penser global et agir local”, avoue M. Kehal. En termes plus clairs, il faut, selon lui, prendre en considération les potentialités de chaque région suivant les diverses énergies renouvelables recensées. Car, le prix du kilowatt produit par l'énergie solaire tourne autour de 5 à 6 dollars. “Ce qui nous manque, c'est de fixer des échéances chiffrées pour dire qu'à l'horizon 2010, par exemple, nous atteindrons un bilan de 10% de parts des énergies renouvelables dans le système énergétique national”, suggère le directeur du Cder. Une stratégie avec une planification qui reposera sur des constructions futures sera ainsi, souligne-t-il, nécessaire. En parallèle, il faut arrêter une politique de préservation et d'efficacité énergétique. Il est dénombré globalement 5 lois qui font référence à la promotion des énergies renouvelables. Il existe aussi un décret qui incite à la diversification de la production de l'électricité et la loi de 2004 sur la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable. Si les lois existent, les textes d'application, en revanche, relève M. Kehal, posent un sérieux problème pour la généralisation de l'utilisation du dispositif solaire d'une manière globale. “Les taxes sont excessives. Il faut bonifier les prêts bancaires à l'instar de ce qui se fait sur le bassin méditerranéen”, propose-t-il sur les ondes de la radio Chaîne III. Le directeur cite l'exemple de l'achat d'un chauffage solaire. L'acheteur paye 20%, par exemple, les 30% sont pris en charge par un fonds pour le développement des énergies renouvelables. Le reste sera financé par la banque avec des taux d'intérêt étudiés. Cette situation résulte de l'absence de mesures incitatives pour encourager le citoyen à consommer ce type d'énergie. Le pétrole étant une ressource tarissable et, de surcroît, polluante, pourquoi ne pas prélever, par exemple, 0,1% du baril exporté et le verser pour les énergies de demain. Par ailleurs, Salim Kehal n'est pas enthousiaste quant à l'utilisation du nucléaire. “Pour le solaire, voilà ce que nous détenons comme potentiel, pourquoi opter alors pour une technologie qu'on ne maîtrise guère et qui provoquera en outre des déchets radioactifs ?” argue-t-il. En matière d'investissements, le retard est flagrant. Le seul projet existant jusque-là c'est la centrale de Hassi R'mel d'un potentiel de 150 mégawatts. Le potentiel solaire et éolien n'est presque pas exploité. En Algérie, on en est encore au stade de l'initiative. M. Kehal a récemment reconnu que la production de l'électricité à partir du gaz coûte moins cher que celle produite à partir des énergies renouvelables. Badreddine KHRIS