Le directeur général de la Sûreté nationale M. Ali Tounsi a été très clair concernant les dépassements commis par certains policiers et l'utilisation par d'autres de leurs armes de service pour régler des comptes personnels. Se refusant d'aborder la question dans la matinée de samedi, à l'occasion de l'inauguration des sûretés urbaines de proximité, à cause de la symbolique que représente la Journée de la police arabe, il a finalement concédé, en marge de la cérémonie qui a eu lieu en fin de journée à l'Ecole de police de Châteauneuf, à commenter les derniers dérapages dont ont été auteurs des agents de police, la semaine dernière particulièrement. “Chaque institution basée sur le facteur humain a ses insuffisances. Parfois, il y a des dépassements. Comme dans une caserne ou un lycée, les auteurs de ces dépassements doivent être punis et sanctionnés”. La DGSN n'hésite pas à livrer ses “brebis galeuses” aux autorités judiciaires quand les faits par leur gravité ne relèvent plus de sa commission disciplinaire. Rien que ces derniers jours, des policiers ont été condamnés par le tribunal de Blida à trois ans de prison pour torture dans le cadre de leurs fonctions ; un agent de police qui assistait au procès de son frère à Béjaïa prend en otage le procureur général adjoint. Toujours dans cette ville, un policier tue son supérieur et se donne la mort par la suite, un autre tire sur sa fille. Sans compter les affaires de corruption, d'usage d'influence, de trafic d'armes et de drogue patentes au niveau de la justice dans lesquelles sont impliqués parfois de hauts cadres de la Sûreté nationale. Ali Tounsi déclare ne tolérer plus aucun dépassement, surtout de la part des cadres de la police, censés donner l'exemple. À l'occasion d'une rencontre restreinte tenue récemment avec de hauts responsables de la Sûreté nationale, il réitère ce principe dont il nous a fait part, samedi en fin d'après-midi, leur expliquant que “la protection des droits de l'Homme est désormais une priorité majeure à laquelle tous les fonctionnaires de police doivent se soumettre quel que soit leur rang”. M. Ali Tounsi exhorte ces mêmes cadres à être des exemples pour leurs éléments en investissant en premier lieu le terrain, annonçant dans la foulée que le système d'évaluation conçu pour gérer le plan de carrière des cadres sera opérationnel en 2009. Il affirme que cette nouvelle méthode de travail, initiée par les recommandations mêmes du président de la République, va permettre de mettre en place un système d'évaluation plus efficace, afin de permettre aux meilleurs d'émerger. M. Ali Tounsi a, par ailleurs, indiqué qu'il est fier du rôle que joue la police algérienne au quotidien et des réalisations accomplies en matière de coopération sécuritaire arabe. Dans le message de la DGSN lu par le directeur de l'école de Châteauneuf en présence notamment du ministre délégué aux Collectivités locales, le ministre des Moudjahidine et le SG du gouvernement, la DGSN explique que “la célébration de la Journée de la police arabe procède du renforcement et du développement des relations entre les organes de police dans le monde arabe”. Cette institution énumère dans la foulée les réalisations qui ont pu être accomplies à la faveur des efforts soutenus des chefs de police des pays arabes. Il s'agit de la création de l'université Nayef des sciences sécuritaires, la création de l'Union sportive de la police et la création du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur qui a donné, semble-t-il, une nouvelle impulsion à la coopération sécuritaire arabe. Les nouvelles formes de criminalité, induites par la mondialisation et le nouvel ordre mondial qui nourrissent le terrorisme, font élargir le domaine d'action de la police arabe, ajoute le message. Le crime transfrontalier est le défi auquel seront confrontés les chefs arabes de la police à l'avenir, tient à souligner l'orateur de la DGSN, précisant que l'éradication de ce phénomène “exige une coordination et une coopération arabes efficaces”. Le pays dispose déjà d'une loi relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme et une autre loi sur la prévention et la lutte contre la corruption promulguée en 2005. Il a été, en outre, procédé en 2007 à l'amendement des codes pénal et de procédure pénale en vue de les adapter au développement. Le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed-Chérif Abbas a, de son côté, soutenu que la stratégie arrêtée en matière de coopération sécuritaire entre pays arabes correspondait “à leurs aspirations en termes de développement de la police et des institutions, notamment dans le domaine de la lutte contre la cybercriminalité”. La police algérienne, affirme la DGSN, “a formé des cadres et des éléments compétents pour lutter contre différentes formes de criminalité par le biais de la formation continue et la participation aux séminaires organisés à l'étranger afin d'assurer la sécurité des citoyens à travers une politique de police de proximité, dont les résultats sont ressentis aujourd'hui sur le terrain”. Pour encourager des actes de bravoure, la compétence et le dévouement dans l'accomplissement de leur mission, la DGSN n'hésite pas à honorer certains de ses éléments. Des cadres de la sûreté de la wilaya d'Alger ont reçu, à l'occasion de la Journée de la police arabe, des distinctions d'encouragement pour avoir réussi à délivrer un enfant des mains de ses ravisseurs. Nissa Hammadi