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Ali Tounsi assassiné
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 26 - 02 - 2010


El Watan, 26 février 2010
Jeudi matin, un peu avant 11h, le premier policier du pays meurt de blessures par balles. Cinq balles ont mis fin au parcours d'Ali Tounsi, patron tout puissant de la DGSN, figure de l'appareil sécuritaire depuis plus de 15 ans. L'auteur du crime, le colonel Oultache aurait tenté de se donner la mort juste après. El Watan Week-end revient sur les faits et dresse le portrait d'un homme controversé.
Le patron de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a été tué hier par un de ses cadres, un colonel de l'armée, considéré comme étant le plus proche de ses collaborateurs, auquel il a confié, il y a huit ans, l'unité des hélicoptères. La nouvelle de la mort de Ali Tounsi s'est répandue comme une traînée de poudre et a nourri les plus folles rumeurs. En fait, selon des témoignages recueillis de source policière, c'est dans le bureau de M. Tounsi que le tragique événement a eu lieu vers10h30. Le colonel Choueib Oultache venait d'apprendre sa suspension et, pris de colère, s'est dirigé droit vers son directeur général pour avoir des explications. Non loin, dans la salle de conférences, le divisionnaire chargé de l'administration générale et le chef de sûreté de la wilaya d'Alger, le commissaire divisionnaire Abderabi, attendaient l'arrivée de M. Tounsi, qui les avait convoqués pour une réunion.
Le colonel et son patron échangent alors des invectives à haute voix. Subitement, des coups de feu sont entendus. Le colonel sort du bureau du DGSN, le laissant pour mort et se dirige tout droit vers la salle de réunion, où il menace ses collègues avec son arme. L'un d'eux tente de le maîtriser. Il reçoit une balle, alors que le deuxième lui saute dessus pour le paralyser. Mais une dernière balle atteint le colonel, qui s'affaisse sur le sol. Les cris et les coups de feu provoquent la panique dans les bureaux du bâtiment. Les accès sont tout de suite fermés, y compris aux policiers qui se trouvaient à l'extérieur. Des renforts considérables et des ambulances arrivent sur les lieux.
Moins de trente minutes plus tard, Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, accompagné du wali d'Alger, font irruption. Moins d'une heure après, deux ambulances quittent l'enceinte de la DGSN, escortées par un convoi de véhicules de police. L'ambiance est très lourde. Les policiers bloqués dehors ne savent toujours pas ce qui s'est passé à l'intérieur du bureau du DGSN. Les plus folles rumeurs sont colportées, jusqu'à ce que la levée de l'interdiction d'accès au siège de la sûreté soit levée vers 14h. Les « bleus » viennent de vivre la journée la plus dramatique de leur carrière. Personne n'arrive à s'exprimer, des heures après, sur le tragique sort du premier responsable de la police. Pour parer à toute éventualité et éviter toute suspicion, un appel au calme et à la poursuite de leur mission, pour laquelle le défunt est mort, est lancé par le ministre de l'Intérieur, lequel s'est entretenu avec les cadres de l'institution réunis hier après-midi. Un communiqué officiel faisant état des circonstances de la mort de Ali Tounsi tombe en milieu d'après-midi, alors que la thèse de l'attentat venait d'être avancée par des chaînes de télévision, avant que l'information ne soit rectifiée.
En fin de journée, une foule nombreuse était toujours agglutinée non loin du siège de la DGSN, à Bab El Oued, alors que les messages de condoléances à la famille du défunt commençaient à inonder les rédactions. Ali Tounsi – ou colonel Al Ghaouti – est mort après avoir passé plus de quinze ans à la tête de la Sûreté nationale, qu'il a marquée d'une empreinte indélébile à travers la modernisation des structures et l'entrée en masse des femmes dans les rangs de la police pour occuper des postes jusque-là relevant du domaine des hommes.
Le colonel Ghaouti, l'homme qui a survécu aux tempêtes
Dans trois semaines, c'est-à-dire le 20 mars prochain, Ali Tounsi ou, comme l'appelaient ses anciens compagnons d'armes, le colonel Ghaouti, aurait bouclé ses quinze années à la tête de la Sûreté nationale, l'une des plus importantes institutions républicaines. Il avait été désigné à ce poste par l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, pour succéder à Mohamed Tolba, dans un contexte marqué par la recrudescence des attentats terroristes visant notamment les policiers.
Son parcours, en tant qu'adjoint à la Sécurité militaire et auparavant dans les rangs de l'ALN, lui permet de réorganiser les services de police à travers l'acquisition de moyens, le recrutement et la modernisation. Beaucoup lui reconnaissent son « courage » dans les moments les plus difficiles que la Sûreté nationale a connus en défendant la mémoire de ses martyrs et surtout en accordant à leurs familles le soutien et la solidarité qu'elles méritent. Ses relations tumultueuses avec ses cadres ont tantôt provoqué les pires critiques, tantôt des hommages. Son intransigeance et son caractère d'homme qui ne recule jamais lui ont fait perdre l'estime de certains de ses subordonnés. Et parmi ces derniers, au moins une vingtaine – y compris au sein de ses plus proches collaborateurs – a été relevée et bon nombre ont été poursuivis avant d'être blanchis par les tribunaux.
Le sentiment d'injustice a pesé lourdement, au point où la démobilisation a fini par paralyser l'élan professionnel de nombreux fonctionnaires. Néanmoins, son sang-froid face aux crises a fait de lui, pour beaucoup d'observateurs, un dirigeant à poigne, discipliné et respecté. Ali Tounsi a toujours déclaré qu'il était le « seul syndicat » au sein de la police, refusant toute reconnaissance d'une action syndicale. Pour cela, il a axé ses efforts sur l'amélioration des conditions de travail et surtout sur le renforcement des unités et la mise en place de structures de prise en charge psychologique. Il a également tout fait pour arracher quelques augmentations salariales, bien que le statut qu'il a élaboré et présenté au gouvernement n'a toujours pas été adopté. En 1997, il a eu à survivre au conflit qui l'a opposé aux services des Douanes lorsque la décision de désarmer les douaniers au niveau des ports (prise par les autorités) lui a été transmise pour exécution. Des incidents entre les agents des deux institutions se sont soldés par un mort, un douanier tué au port de Béjaïa. Une grève générale de protestation a paralysé tous les services des Douanes, créant un climat très tendu dans le pays. Tous les médias avaient alors annoncé le départ de Ali Tounsi, vu la gravité de la situation. Mais ce dernier est resté à son poste. Il a survécu à la tempête.
L'affaire de la dame à la Polo rouge, la lettre signée contre lui par une cinquantaine de ses cadres n'ont pas perturbé sa volonté de poursuivre sa mission à la tête de la Sûreté nationale. Une mission qui va connaître malgré tout des moments difficiles, l'été dernier. Ses relations avec le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, se détériorent à cause de quatre de ses hommes de confiance qu'il voulait à tout prix maintenir à leurs postes en dépit de dossiers compromettants détenus par le ministre. Nombre d'observateurs voyaient pour imminent son limogeage ou sa démission. Surprise, il est sorti de sa réserve pour déclarer publiquement : « Je ne démissionne pas. Un moudjahid ne démissionne jamais. » Il a mis fin à toutes les spéculations, mais pour quelques mois seulement. A la fin de l'année 2009, ses relations avec le ministre de l'Intérieur sont restées tendues. Il y a quelques jours, l'un des cadres suspendu par M. Zerhouni a été nommé par le défunt à la tête de la sûreté de wilaya de Tipasa. Une décision annulée, dit-on, par Y. Zerhouni trois jours plus tard. Encore une autre tempête, mais qui n'a pas soulevé de vagues. Ali Tounsi est mort entre temps.
Ses plus fidèles parlent de lui comme d'un patron qui a su relever des défis en dépit de toutes les erreurs en matière de gestion de la ressource humaine. Il a réussi à rehausser la Sûreté nationale au rang de ses homologues du Bassin méditerranéen par sa dotation d'un laboratoire de criminologie des plus modernes et l'informatisation d'une bonne partie de ses services. Il a le mérite d'avoir ouvert les rangs de la police à la femme algérienne qui, désormais, occupe tous les postes au sein de l'institution sans aucune discrimination. Ali Tounsi a su diriger cette armée de policiers même si, durant ses 15 années de règne, il a fait des dizaines de contestataires, dont certains ont fini par succomber à leur désarroi ou, au mieux, par s'exiler pour mieux panser leurs blessures. Ceux qui l'on connu de très près, loin de son métier, disent de lui qu'il était fan de peinture. Il ne ratait que rarement les vernissages ou les expositions d'artistes. Très serviable, il répondait souvent favorablement aux demandes de sponsoring pour les activités caritatives et sportives. Il aimait beaucoup le tennis, une discipline qu'il n'a jamais abandonnée, lui qui avait dirigé, il y a des années, la Fédération de tennis.
Ses rencontres avec les journalistes ont été souvent intéressantes parce qu'il savait donner les réponses à même de mettre un terme à des sujets brûlants. « En dépit de ses frasques, de ses bourdes, de ses erreurs, les 170 000 hommes qu'il dirigeait n'hésitaient pas à lui faire le salut militaire parce qu'il était un homme discipliné, qui aimait la discipline. Elle était sa force qui forgeait le respect que nous lui vouons tous », conclut un divisionnaire qui l'a côtoyé durant ces 15 années.
Oultache, l'officier mystérieux et ami de Ali Tounsi
Le colonel Choueib Oultache, par qui le crime est arrivé, semble inconnu au sein de l'institution policière où il exerce comme chef de l'unité aérienne de la Sûreté nationale dont les bureaux sont situés à Dar El Beida, à l'est d'Alger.
Ancien pilote de l'aviation militaire, âgé de 66 ans, il s'est vu confier cette lourde responsabilité par Ali Tounsi en personne, étant donné les relations d'amitié qui lient les deux officiers depuis des années, mais aussi du fait que Oultache est un spécialiste des hélicoptères. L'unité en question a été créée en 2003 et depuis, le colonel s'est investi personnellement pour la mettre sur pied. Sa mission était d'assurer la surveillance et la régulation du trafic routier, la recherche et la poursuite de personnes et véhicules suspects et aussi la couverture aérienne des manifestations et des événements grâce aux hélicoptères équipés de caméras. Ses subordonnés et collègues ne connaissent rien de lui, si ce n'est les rumeurs qui se sont multipliées ces deniers mois sur des malversations dans des marchés d'importation de pièces de rechange auprès d'un fournisseur français et également des marchés relatifs à du matériel informatique. Une enquête était en cours sur l'affaire, ce qui a poussé à sa suspension de son poste. Son acte a choqué tous les policiers, même si le personnage était mystérieux pour eux.
Bab El Oued, entre mutisme et rumeurs
« Ali Tounsi a été assassiné ! » La phrase était de toutes les conversations, hier, après la diffusion sur Internet de l'information faisant état de l'assassinat du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, qui s'est largement propagée parmi la population. Dans les taxis, les bus, les cafés ou dans les rues, les discussions ne tournaient qu'autour de l'annonce du décès de Ali Tounsi.
Curieux, certains n'hésitaient pas à contacter un ami ou un proche travaillant dans la police pour confirmer la nouvelle. Les rumeurs vont bon train et chacun y va de sa version. Dans la rue comme parmi les policiers, personne n'est certain de la véracité de l'information. Sollicité, un policier dit ne rien savoir sur cette affaire. Le siège de la DGSN attire les regards discrets des passants qui murmuraient. Les policiers, en tenue ou en civil, postés aux alentours de la direction générale de la Sûreté nationale, près d'El Kettani, refusent de répondre à nos questions, prétextant ne « rien savoir ! ». Un mutisme partagé dans presque toute la corporation. Un policier va même jusqu'à démentir l'information : « Ce n'est pas vrai, il ne s'agit que d'une rumeur. »
Sur place, aucun dispositif particulier n'a été déployé. Sauf à l'entrée principale du bâtiment où un mouvement de panique et de stress. Une ambiance de deuil semblait installée dans ce quartier, cassée parfois par les sirènes des véhicules de la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) reconnaissables à leur couleur noire. Concernant le dispositif spécial installé hier soir dans la capitale, « il ne s'agit que d'un plan ordinaire, établi spécialement pour les fêtes, la veillée du Mawlid Ennabaoui, c'est ce soir », nous précise une source sécuritaire.
Inhumation au cimetière El Alia
L'inhumation du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, décédé hier matin à Alger, aura lieu après la prière du vendredi, aujourd'hui, au cimetière El Alia, à Alger, a indiqué le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Auparavant, la dépouille du défunt sera exposée à 10h à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf, où un dernier hommage lui sera rendu. La prière de la djanaza sera accomplie à la mosquée de la cité Malki, à Ben Aknoun. Le décès de Ali Tounsi est survenu « lors d'une séance de travail au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence », a utilisé son arme, le blessant mortellement, avait annoncé le ministère de l'Intérieur.


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