Après une garde de plus de 10 heures, Meriem rentra chez elle épuisée. Elle trouva ses trois enfants encore au lit et son mari dans la salle de bains en train de se raser. Il était à peine 8h30, et ce jeudi matin s'annonçait déjà très chaud. On était au mois d'août et le thermomètre oscillait entre 30° et 35°. Meriem prépara du café et réveilla les enfants. Elle ramassa le linge sale et les draps, et met la machine à laver en marche. - Tu dois faire le marché Hocine, dit-elle à son mari, il n'y a presque plus rien dans le frigo et, puis aujourd'hui, ma mère va nous rendre visite. - Ta mère ! s'exclama Hocine. Mais que vient-elle encore faire chez-moi ? - Hé, hé, c'est ma mère après tout ? Tu oublies que je m'occupe aussi de la tienne quand elle est là. Et puis ta mère, quand elle vient, ce n'est pas pour un jour, tu le sais… - Oui, je le sais, et alors, ça ne te plaît pas ? C'est ma mère, je suis son fils. Chez qui veux-tu qu'elle aille, si ce n'est pas chez-moi ? - Oh, ça va ! Tiens voici le panier, rends-toi au marché et tâche de ramener quelques victuailles potables. Ne fais pas cette tête Hocine, ma mère ne passera que la journée chez-nous. - Tu te rends compte qu'il fait 35° aujourd'hui. Avec cette chaleur et ta mère, je vais suffoquer. Bon, écoute Meriem, je vais faire le marché et tu te débrouilleras pour recevoir ta mère. Je préfère emmener les enfants à la plage pour la journée. - À la bonne heure, dit Meriem, j'aurai au moins la paix pendant quelques heures. Hocine revint du marché les bras chargés et déposa le tout dans la cuisine avant d'appeler les enfants qui s'étaient préparés pour le départ à la plage. La journée se passa bien pour Meriem qui avait tout le loisir de raconter ses malheurs à sa mère. Tu sais mère, il devient de plus en plus jaloux et grincheux, et, parfois, il ne m'adresse même pas la parole et essaye même de détourner les enfants de moi. - C'est pour cela que tu le laisses partir seul avec eux. Tu es une belle idiote Meriem, sais-tu que les hommes sont tous pareils. Il doit avoir un jupon dans son programme. - Je ne crois pas, sinon je l'aurais su. - Ah oui ? Tu penses qu'il l'aurait crié sur tous les toits ? Tu verras ma belle, même les gosses trouveront leur compte et tu te retrouveras seule un de ces quatre, toi qui t'obstines à passer tes nuits à l'hôpital. Allez, habilles-toi, je t'emmène chez lala Houria. C'est une bonne chouafa et elle saura trouver remède à tes maux. Malgré ses hésitations, Meriem suivit sa mère et elles rendirent toutes les deux visite à lala Houria qui s'avéra être au courant de tout ce qui se passe chez Meriem. En fin de séance, elle lui remit un petit scorpion noir qu'elle devait brûler vivant le soir venu. Meriem rentra chez elle et attendit le retour de son mari et de ses enfants. Après le dîner, Hocine qui tombait de sommeil s'allongea sur le fauteuil du salon et sombra aussitôt dans les bras de Morphée. Les enfants dans leur chambre regardaient la télé, et Meriem jugea la moment propice pour passer à l'action. Elle alluma un petit réchaud, et ouvrit la petite boîte en carton qui contenait le petit scorpion noir. Mais à ce moment précis, la boîte lui échappe des mains et le scorpion s'enfuit, aussi rapidement que le lui permettaient ses petites pattes. Meriem bouleversée ne savait que faire. Elle chercha sous tous les meubles, mais en vain. Mon Dieu, se dit-elle, ces scorpions sont si venimeux et une morsure peut entraîner la mort. Elle continua à chercher, mais sans résultat. Epuisée, elle mit ses enfants au lit après avoir vérifié que la bestiole n'était pas dans leur chambre. Elle retourna au salon et voulut réveiller Hocine qui aurait dû gagner son lit depuis belle lurette. Mais Hocine ne se réveilla pas… Il ne se réveillera jamais. Parce que tout simplement, il était mort depuis plus d'une demi-heure. Le scorpion était encore en train de se balader sur son cou ! Y. H.