C'est d'une industrie “à tout va” qu'il s'agit. Une véritable jungle impénétrable qui échappe à tout contrôle. La fabrication en Algérie des emballages en plastique destinés au contact alimentaire fait fi de la réglementation. Le nombre d'entreprises s'y conformant rigoureusement est infime. Toxiques, ces contenants menacent la santé humaine. Ne se dégradant pas, ils polluent lamentablement et durablement (leur durée de vie varie entre 100 et 1 000 ans) notre environnement. En Algérie, la question nodale reste l'utilisation des sacs en plastique qui jonchent les champs, coiffent les arbres et “ornent” les rues des villes. C'est d'une véritable pollution visuelle qu'il s'agit. Et le laxisme ambiant est d'autant plus inquiétant que ces contenants échappent quasiment à tout contrôle. Tant pour des considérations environnementales que sanitaires, les emballages en matière plastique destinés au contact alimentaire, pharmaceutique ou médical doivent faire l'objet d'une étude préalable d'interaction contenant-contenu. Or, confirment des chercheurs dans le domaine, “la réglementation qui exige que tous les additifs constituant l'emballage doivent être agréés alimentaires est littéralement ignorée par la plupart des fabricants mais aussi des utilisateurs. Il faut préciser que le problème se pose surtout avec les entreprises privées”. C'est hélas aussi le cas des essais de migration contenant/contenu devant être faits en vue de tester l'inertie de l'emballage (ce qui insinue que le matériau ne relargue pas les constituants). L'usage des contenants en plastique ne répondant pas aux normes constitue aujourd'hui un problème de santé publique et précarise davantage le frêle statut du consommateur algérien. Les spécialistes attirent tout autant l'attention sur les produits importés. Le cas de Saidal est éloquent. En effet, l'entreprise pharmaceutique algérienne avait découvert que les poches de conditionnement des antibiotiques importées, certifiées par la société exportatrice conformes, contenaient un additif interdit ! Les spécialistes ne tarissent pas d'exemples prouvant le laisser-aller prévalant. Du côté des fabricants, obtenir un rendez-vous pour pénétrer dans les arcanes de la production des emballages en plastique relève tout simplement de l'impossible. Si l'utilisation des sacs en plastique est réduite en Europe et en Asie, les mesures prises par l'Algérie il y a près de trois années n'ont concerné que le sachet noir qui s'est vu “affublé” de toutes les tares à tort. Car, pas plus ni moins que le vilain sachet noir, les sachets de couleur sont tout aussi nuisibles autant à notre santé qu'à l'environnement, certifient les chercheurs. Il est moins “beau” et agresse davantage le regard, c'est tout. Sa dangerosité est inhérente à l'utilisation de matière non vierge, recyclée formellement interdite par la loi et à des additifs et autres pigments interdits. Il est impératif que l'Algérie outrepasse les aspects réglementaires — coercitifs soient-ils — pour se consacrer au terrain, voire au contrôle. Le ministère de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme est le plus à même, via les inspecteurs de l'environnement, de traquer les contrevenants. La gestion de ces déchets solides dont la quantité devient littéralement ingérable constitue, d'autre part, la pierre d'achoppement. Car, le sachet noir et consorts inondent plus que jamais le marché — quelle que soit leur couleur, ils ne comportent aucune indication relative à leur fabrication (nom du fabricant… ) — et dégradent à vue d'œil notre environnement. On nous apprend, à juste titre, que la fabrication des sacs en question est à la portée du citoyen lambda et requiert une machine basique n'excédant pas les 50 000 DA, à en croire notre source. Généralisé dans les années 1970, l'emballage alimentaire qu'est le sac en plastique à base de polyéthylène, dont la capacité de survivre au temps est de 400 ans, est en train de céder la place en Europe, tantôt aux sacs biodégradables, tantôt aux emballages à grande longévité, très résistants. Aux USA, le papier est privilégié. L'expérience algérienne dans le domaine, celle de Tonic Emballages, était prometteuse et aurait dû faire des émules. L'industrie alimentaire et médicale est parmi les plus grands consommateurs des contenants en matière plastique, en raison entre autres de leur variété d'usage. En aval du processus de production relatif à leur composition chimique, les emballages alimentaires plastiques doivent répondre aux contraintes de conservation, de commodités d'utilisation mais également à des exigences environnementales. À ce chapitre, les chercheurs évoquent la pollution visuelle qu'ils génèrent. “Viendra le jour où ce sera ingérable. La filière du recyclage mérite d'être développée et prise en charge. Le créneau est porteur, qu'il s'agisse du plastique, du papier ou du verre. Pour ce qui est du tri, il n'y a qu'à calquer ! Autant récupérer des déchets propres que sales, comme c'est le cas au contact des déchets ménagers”, préconise notre interlocuteur. N. R.