Il y a eu un certain remue-ménage à l'atelier régional de formation sur le dispositif de normalisation de la fabrication des sachets plastiques alimentaires organisé récemment à Annaba par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Les communications, discussions et débats sur l'univers apparemment opaque de l'industrie de l'emballage ont été nombreux. Si au plan économique et social cette activité brasse des milliards et crée des milliers de postes de travail, elle génère de nombreuses atteintes à l'environnement. Les résultats d'analyses réalisés par un laboratoire allemand sont formels. Certains sacs plastiques alimentaires ont révélé la présence de substances toxiques préjudiciables à la santé humaine. C'est sur cet aspect que les représentants du ministère du Commerce de l'est du pays avaient axé leurs interventions. Ce qu'a contesté quelque peu M. Slimani, directeur général de l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable (Onedd), qui a appelé ses hôtes à parler de normalisation dans la production des sacs plastiques destinés à être mis au contact des denrées alimentaires. sachets noirs C'est dire que les échanges de propos entre les participants ont été caractérisés par des cafouillages dans les positions des producteurs des sachets plastiques alimentaires, des responsables du contrôle de la qualité du ministère du Commerce, de laboratoires et enfin des représentants des différents services de sûreté. Tant et si bien que les uns et les autres ont fini par jeter le doute dans l'approche de la procédure de contrôle de la conformité des sacs plastiques destinés à être mis au contact des denrées alimentaires. Cette procédure a été définie dans le règlement technique algérien (RTA) dont les dispositions pourraient être appliquées dans les 60 jours après sa transmission pour avis à des structures compétentes. Ce qui a permis à des intervenants de se concentrer sur les méthodes de production et les effets nocifs induits sur la santé humaine et l'environnement par l'utilisation de ces sachets. Même s'il est prévu la cessation fin 2005 de la production des seuls sachets noirs, les interventions telles qu'entendues paraissaient être, en ce qui concerne les autres couleurs, un cocktail explosif de risques sur la santé humaine dans lequel se mêlent cancer, saturnisme... Le directeur général de l'Onedd a beau jeu de faire remarquer que la situation n'est pas aussi alarmante que le laissait supposer les intervenants, particulièrement les représentants du ministère du Commerce de différentes wilayas du pays. Il a toute de même reconnu que lesdits sachets présentent un risque réel. Durant cette journée d'atelier encadrée par les cadres de l'Inspection de l'environnement de la wilaya de Annaba, il était difficile de croire qu'il s'agissait d'une rencontre de routine. Particulièrement lors des déclarations portant sur le constat médical et scientifique ayant pour origine l'utilisation des sachets en question. Installé au côté de M. Slimani, un des producteurs de sachets, apparemment très influent, a tenté d'amoindrir ce constat. Ce même opérateur a rejeté la proposition avancée portant sur la nécessité de prévoir à l'avenir l'inscription obligatoire de la traçabilité du sachet pour éviter la contrefaçon préjudiciable à la santé du consommateur. « Nous essayons d'utiliser avec rationalité le moindre centime dans la production. Cette autre condition signifierait tout simplement notre ruine ou l'abandon de l'activité », avait-il argumenté. L'intervention du directeur général de l'Onedd, quant aux orientations par le RTA, a mis tout le monde d'accord. La fermeté de ses propos prouve qu'il n'est plus tolérable que la production des sachets plastiques alimentaires (interdite dans la majorité des pays du monde) n'apporte pas toutes les garanties nécessaires pour leur utilisation sans risque pour le consommateur. La déclaration a valeur de sérieux avertissement. Car le territoire national est truffé de ces sachets, particulièrement ceux de couleur noire que l'utilisateur est invité à nouer avant de le jeter. Les inspections de l'environnement de plusieurs régions ont déjà épluché leur registre sans oser communiquer à l'opinion publique leurs conclusions. Et même si l'on affirme que les autorités de Manama (Bahreïn) ont récemment sollicité les Algériens pour un transfert de savoir-faire dans la protection de l'environnement, la production des sachets plastiques alimentaires en Algérie relève de risques réels sur la santé des populations. D'autant que la contrefaçon, aspect également abordé, est très active en Algérie.