Le recours à l'acquisition de terrains privés est perçu comme l'ultime solution pour en finir avec l'épineux problème du foncier qui, souvent, constitue un véritable obstacle empêchant la réalisation de projets d'utilité publique dans la région. Pour les acteurs de l'immobilier, le foncier est presque toujours une denrée à la fois rare et chère dans wilaya de Béjaïa. Bon nombre d'opérations ne voient pas le jour faute de terrains disponibles. Cette constatation, bien sûr, concerne surtout la vallée de la Soummam, la première couronne où la reprise de la construction et la croissance des valeurs ne sont pas faites pour arranger les choses. “Construire des logements en basse Kabylie est devenu un véritable casse-tête”, explique un promoteur versé dans la construction de logements LSP à Akbou. L'offre de terrains à la vente s'est réduite. En outre, le retour en force des promoteurs privés exacerbe la concurrence, même pour les terrains moyennement situés. Enfin, il y a de nombreuses communes qui ne peuvent pas accueillir du LSP faute de foncier nécessaire. “On assiste depuis quelque temps à une surchauffe foncière, de nombreux promoteurs ayant tendance à regonfler leur portefeuille de terrains afin de pouvoir sortir de nombreux programmes qui se vendent très bien depuis la reprise”, remarque notre promoteur immobilier. “Il y a cinq ans, le foncier représentait environ le quart du coût global d'une opération. Aujourd'hui, nous approchons les 80 %. Un bon terrain à bâtir ne se négocie pas moins de 400 millions de centimes”, précise notre interlocuteur. Les acteurs de l'immobilier déplorent aussi “la rareté de bons terrains à proximité des grandes agglomérations”. “À Sidi Aïch, le mettre carré a flambé ces dernières années”, atteste la jeune gérante de l'agence immobilière Melissa, implantée à Sidi Aïch. Un autre agent résume assez bien le sentiment général des opérateurs en déclarant : “Nous sommes tous concurrents sur les terrains les mieux placés, ce qui a souvent pour effet de provoquer une surenchère sur les prix. On risque d'assister à une belle empoignade !” À Akbou, le mettre carré se négocie à trois millions de centimes. Les prix affichés par les agences immobilières montrent une vive tension sur les coûts du foncier. Les prix des lots de terrain en périphérie d'Akbou, Sidi Aïch ou encore Ighzer Amokrame ont atteint des sommets inimaginables. “Il est bien évident qu'une tension sur le foncier est presque inévitable lorsque la demande s'écarte aisément de l'offre, comme c'est le cas”, analyse notre interlocuteur. Une analyse confirmée par tous les professionnels des transactions immobilières que nous avons interrogés. Reconstruire sur l'existant Dans un tel contexte, les acteurs privés et publics se doivent de se débrouiller tant bien que mal. Les promoteurs, parfois en payant le prix fort, acquièrent des terrains ou des parcelles de propriétaires privés (de plus en plus rares et exigeants dans les centres-villes). Les collectivités qui ont une stratégie foncière sont presque aussi rares que les terrains recherchés par les acteurs de l'immobilier. Ce qui n'empêche pas de nombreuses communes, moyennes ou petites, de saisir les occasions lorsqu'elles se présentent. Les communes disposent d'outils leur permettant de mener leur politique d'acquisitions foncières comme les transactions amiables, l'expropriation et le droit de préemption urbain. “Actuellement, une réflexion est ouverte au niveau de certaines communes pour acheter des assiettes foncières auprès de propriétaires privés”, nous a confié un élu. En tout cas, le recours à l'acquisition de terrains privés est perçu comme l'ultime solution pour en finir avec l'épineux problème du foncier qui, souvent, constitue un véritable obstacle empêchant la réalisation de projets d'utilité publique dans la région. Le professeur d'économie M. Chelabi est persuadé que “la Kabylie devra un jour envisager de reconstruire ses villes sur ses villes”. “Aux Pays-Bas, par exemple, la moitié des nouveaux logements sont construits dans des quartiers recyclés. Nous devrions peut-être en faire autant et économiser ainsi une matière première précieuse et rare”, conclut notre économiste. Saïd L.