Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tenaient hier à Paris une réunion d'urgence sur la situation à Gaza, afin d'avancer des idées pour une sortie de crise entre Israël et les islamistes palestiniens du Hamas. L'Union européenne, qui n'a jamais vraiment pesé politiquement au Proche-Orient, devait appeler à un arrêt immédiat des raids israéliens et des tirs de roquettes du Hamas, à un acheminement de l'aide humanitaire et proposer son soutien à un assouplissement du blocus contre Gaza, selon des diplomates. Galvanisée par sa contribution à l'arrêt de la guerre en Géorgie l'été dernier, la France espère cette fois enclencher un processus vertueux pour ce qui devrait être la dernière initiative de sa présidence européenne. La France préside ce semestre l'UE et passera jeudi le relais à la République tchèque. Les ministres devaient se retrouver à Paris, au quai d'Orsay à 18 h 30 (17 h 30 GMT) pour une réunion suivie d'un dîner de travail. Le haut représentant européen pour la diplomatie Javier Solana et la Commission européenne devaient aussi y participer. “Notre priorité immédiate est l'arrêt des violences et le retour à la trêve”, affirmait lundi un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. L'offensive israélienne, qui a fait au moins 360 morts, a été déclenchée samedi après la non-reconduction par le Hamas d'une trêve de six mois, arrivée à échéance le 19 décembre. Le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, a repris ses tirs de missiles sur des localités israéliennes, reprochant à l'état hébreu de n'avoir pas respecté ses engagements en poursuivant l'étranglement du petit territoire de 360 km2. Les Européens considèrent que la réouverture des points de passage entre Gaza, l'Egypte et Israël, est “vitale”, a-t-on indiqué de source diplomatique. Ils devaient proposer hier soir de réactiver une mission d'observation de l'UE au terminal de Rafah, entre l'Egypte et Gaza. Cette mission avait été interrompue en juin 2007, après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. L'Union européenne devait aussi montrer sa disponibilité à étendre cette mission à d'autres points de contrôle, afin de desserrer l'étau autour de Gaza. La réunion des ministres de l'UE devait être précédée dans la journée d'autres contacts, notamment avec les Etats-Unis et l'ONU. Pour les Européens, qui sont les premiers bailleurs de fonds de l'Autorité palestinienne, l'équation est d'autant plus compliquée qu'ils s'abstiennent de tout contact direct avec le Hamas, qu'ils considèrent comme une organisation terroriste. Leur seul interlocuteur reconnu est le président palestinien Mahmoud Abbas. Les efforts européens pourraient impliquer un ou des Etats arabes susceptibles d'être écoutés du Hamas. Le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu lundi au téléphone avec son homologue égyptien Hosni Moubarak pour discuter des “modalités envisageables d'une sortie de crise”. La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni est attendue au tout début janvier à Paris. Les Européens devaient aussi essayer d'harmoniser leurs positions, plusieurs Etats membres ayant laissé transparaître plus que des nuances sur ce dossier. La Grande-Bretagne a ainsi déploré les pertes humaines “inacceptables” provoquées par l'offensive israélienne, alors que la chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir qu'elle tenait le Hamas pour seul responsable du conflit. La France a cherché à conserver une position équilibrée, demandant à plusieurs reprises à la fois l'arrêt des tirs de roquettes du Hamas et celui des bombardements israéliens. R. I./Agences