Les praticiens de rang magistral comptent durcir leur mouvement si le ministère de l'Enseignement supérieur et celui de la Santé ne répondent pas favorablement à leurs revendications. Réunis hier, en assemblée générale à l'amphithéâtre du Centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger, les professeurs, les docents et les maîtres-assistants en sciences médicales ont voté l'arrêt des soins à partir du 17 janvier prochain. Bien entendu, les grévistes ont précisé que les urgences seront assurées comme le prévoit la loi. Les représentants des deux syndicats (professeurs et docents et celui des maîtres-assistants), ont tenu à rappeler que leurs revendications portent essentiellement sur l'application de leurs statuts particuliers. “Il est tout de même étonnant que ce soient les syndicats qui revendiquent l'application de la loi. Puisque les statuts particuliers de chaque catégorie des hospitalo-universitaires sont finalisés, nous pensons qu'il est temps de l'appliquer”, affirme le professeur Zidouni, président du Syndicat national des professeurs et docents. Il félicite le syndicat des magistrats qui vient d'arracher une augmentation conséquente pour la corporation, mais il tient à apporter une précision qu'il juge de taille : “Les hospitalo-universitaires espèrent une augmentation plus importante eu égard aux diplômes dont ils sont titulaires.” Le même praticien et responsable syndical estime que le régime indemnitaire qui leur est toujours appliqué se trouve être illégal. Il réfute la thèse invoquée par leurs tutelles qui refusent d'appliquer les nouveaux statuts avant la finalisation les dossiers de toute la Fonction publique. “Je refuse cette thèse. Les statuts particuliers de notre corps sont finalisés, je réclame leur application”. Il affirme que seuls des salaires décents et en adéquation avec leurs diplômes pourront arrêter la grève entamée dès le début de cette semaine. Le vice-président du Syndicat national des maîtres-assistants, le Dr Rafik Allouche affirme que les praticiens ont été contraints de recourir à la grève pour faire entendre leur voix. Lui aussi réclame des augmentations de salaires, mais il tient à rappeler que ce n'est pas là, la seule revendication de son syndicat. Il se réfère à la plate-forme de revendications pour déclarer encore : “Nous réclamons le respect et la reconnaissance des syndicats autonomes par le gouvernement comme partenaires sociaux. La révision de la grille des salaires et du point indiciaire en rapport avec l'inflation galopante. L'ouverture immédiate de négociations sur le régime indemnitaire. Enfin nous voulons un statut digne pour les professions de santé.” Pour le moment, la grève ne concerne que les activités pédagogiques, les hospitalo-universitaires mettent ainsi la balle dans le camp du département de l'Enseignement supérieur appelé à assumer les responsabilités qui sont les siennes. Les grévistes semblent vouloir en découdre en premier avec ce ministère qui rémunère leurs activités pédagogiques. En menaçant d'arrêter les soins dès le 17 janvier, ils comptent ouvrir un deuxième front, cette fois contre le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui leur verse une autre partie de leurs salaires. La grève des activités pédagogiques n'est pas ressentie par les usagers des hôpitaux, mais celle des soins paralysera les centres hospitalo-universitaires. Les deux syndicats ont décidé de tenir une autre assemblée générale samedi prochain pour informer les praticiens sur les résultats de la réunion qui devait avoir lieu hier avec le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia. Les praticiens affirment ne pas se satisfaire cette fois d'augmentations sous forme de primes, ils veulent une amélioration de leurs salaires de base pour espérer des retraites qui leur permettront de vivre décemment. Même les étudiants en médecine ont tenu à manifester leur soutient aux grévistes. “Certes, nous sommes pénalisés car nous n'avons plus de cours et nos examens sont reportés à une date ultérieure, mais nos professeurs se battent aussi pour notre avenir”, affirme un étudiant venu spécialement pour apporter son soutient à ses maîtres. Djafar Amrane