Des terroristes de nationalité étrangère occupent des postes de responsabilité dans la hiérarchie macabre du GSPC. Parmi eux, Mounir Etounoussi qui, lui, est chargé d'apprendre aux nouvelles recrues comment manier les armes, révèlent Abdelkader M. et Boufateh A., deux repentis, lors du procès qui a eu lieu, dimanche passé, au tribunal de Batna. Après plusieurs mois de négociations, Abdelkader M. décide de déposer les armes. Sa reddition s'avérera des plus utiles, en raison des liens qu'il entretient avec certains “émirs” du GSPC de la région des Aurès. L'on citera, entre autres, Ben Kharour Walid, dit Youcef Abou El-Walid, “émir” de katibat El-Feth, Metouche Hassen, “émir” de katibat H'mar Khadou et Ali Mehira, alias Abou Rouaha, ex-“émir” de katibat El-Maout, éliminé en décembre dernier, par les services de sécurité. Durant l'année 2006, Abdelkader M. est contacté par un cousin qui l'informe avoir rejoint les groupes terroristes de Ahmer khadou et Taghda, au sud de Batna, avant de lui faire promettre de n'en parler à personne. Les deux hommes continuent de s'appeler de temps à autre, jusqu'au jour où Abdelkader décide de rejoindre à son tour le maquis. Il est mis en contact avec Ben kharrour Walid, plus connu sous le sobriquet de Youssef Abou El-Walid, et qui n'est autre que l'“émir” de katibat d'El-Feth. Mais Abdelkader avouera, lors de son interrogatoire, qu'il a rejoint le GSPC sous la menace. “Ils disaient qu'ils tueraient tous ceux (traîtres) qui refuseraient de les aider”, déclare-t-il aux services de sécurité. Au mois d'avril de l'année 2007, Abdelkader se retrouve embrigadé dans les rangs du GSPC et devient un élément actif de katibat El-Maout qui activait dans les monts de Ouestili situés entre la commune de Tazoult et celle de Batna, sous la direction de Ali Mehira, alias Abou Rouaha. Ce dernier, faut-il le rappeler, était le commanditaire de l'attentat kamikaze perpétré, en septembre 2007, contre le cortège du président de la république. Quelques jours après, A. M., muni d'un seminov avec 30 cartouches, sera affecté à katibat El-Feth de Ben Kharour Walid, qui active dans les monts de Taghda, au sud de Batna, qui, déjà, était à la tête de 38 éléments. Ils seront bientôt rejoints par 10 autres éléments de katibat Oqba-Ibn-Nafâa, dirigée par Metouch Hassen Zoubeïr. Placés sous le haut commandement de Chenaf Mohamed Chérif, alias Lokmane, “émir” des Djounds, leur objectif était un détachement de la garde communale de la localité de Lahbel, dans la commune de M'chounech à Biskra. Si opération y avait, s'agit-il de celle qui a coûté la vie, en avril 2007, à 3 militaires et blessé 7 autres ? Abdelkader ne donnera, en tout cas, aucun détail là-dessus. quelques mois avant sa reddition, Abdelkader activait au sein de seriat Oqba-Ibn-Nafâa. Durant cette période, il entamera des pourparlers avec les services de sécurité, par le biais d'un membre de sa famille. En février 2008, aux environs de 4 heures du matin, Abdelkader M., âgé, alors de 28 ans, se rend aux services de sécurité de la wilaya de Constantine et ce, après plusieurs mois de négociations. Il avait en sa possession, une kalachnikov, 110 cartouches, des jumelles et un poste radio. Il était accompagné d'un autre terroriste qui, lui aussi, avait décidé de se rendre. Originaire de M'sila, Boufateh A. était muni d'un fusil, 40 cartouches et d'une grenade. Ce dernier, lors du procès, dévoilera les ramifications des réseaux créés par les groupes terroristes de l'extrême-est à l'extrême-ouest du pays. Le nom du kamikaze Abou El-Moukdad El-Wahrani, de son nom Bellazrag Houari, reviendra souvent lors des auditions. Adepte de zaouia Achour-Khadraoui à Essania, dans la wilaya d'Oran, A. Boufateh avouera n'avoir jamais pensé qu'un jour il serait un terroriste. Son histoire commença avec l'envie qu'il a manifestée auprès d'un certain Hichem Derri, d'aller faire le djihad en Irak. Et avant même qu'il ne s'en rende compte, il se retrouvera embrigadé, à son tour, dans les rangs de l'organisation terroriste qui active à l'Ouest. Il rejoindra, au mois de mars 2007, les maquis de Tébessa, précisément les monts d'El-Anoual, avec 7 autres terroristes. Au mois de juin, il sera transféré dans un camp d'entraînement à Oum El-Kamakem, où il rejoindra katibat El-Forkan, avant d'être transféré une deuxième fois vers un autre camp, celui de Hafsa, situé à Oued El-Mechrouha, dirigé par un terroriste de nationalité tunisienne, appelé Mounir Etounoussi. Celui-ci apprenait aux nouvelles recrues comment manier les armes, pendant une période de 2 mois et demi. Il n'est pas le seul étranger à occuper un poste de responsabilités dans l'hiérarchie du GSPC, dira Boufatef. Concernant son affectation aux maquis de la région est du pays, à Tébessa notamment, A. Boufateh dira que les groupes terroristes de la région s'amoindrissaient en éléments, de jour en jour, notamment depuis les coups de boutoirs assénés par les services de sécurité à la suite de l'attentat qui a ciblé le président de la république. Et il fallait donc les renforcer par tous les moyens. “Je n'ai rien trouvé de ce qu'on nous a promis pour rejoindre les maquis. Plusieurs d'entre nous regrettent d'avoir fait allégeance au GSPC, mais hésitent à se rendre de peur des représailles”, a-t-déclaré. Les deux hommes présentés, avant-hier, devant le tribunal criminel de Batna, ont bénéficié de circonstances atténuantes. Ils ont été condamnés, chacun, à trois ans de prison avec sursis. F. Lamia / L. NACER