L'ex-émir de la zone 9 révèle que le Gspc est fragilisé par la guerre intestine pour l'émirat ainsi que par le déficit en recrutement. Révélations vivantes. Les groupes terroristes de l'ex-Gspc se trouvent dos au mur. La guerre intestine pour l'émirat a affaibli les rangs des terroristes. Ce sont là, les témoignages de Abou Messaoud Abdelkader alias Abou Daoud Mossaâb, ex-émir de la zone 9 qui s'est repenti, il y un mois. D'après lui, le conflit est au sommet entre les différents émirs de l'ex-Gspc. D'abord, l'autorité de l'actuel émir national, Abdelmalek Droukdel alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, est contestée, même de la part des simples soldats, confie-t-il. «La prise de l'émirat de Abou Mossaâb Abdelouadoud, n'obéit à aucune capacité militaire ni religieuse. Vu son ancienneté, il a été désigné émir par intérim, à la suite de l'élimination de l'ex-émir, Nabil Sahraoui. C'était juste un bouche-trou. On l'a mis en tête du mouvement en attendant la réunion des émirs de différentes régions pour désigner l'émir national», témoigne-t-il. Ayant rejoint le maquis en 1995 et désigné émir de la zone 9 depuis plus d'une année, Mossaâb Abou Daoud confirme que le désaccord existe toujours entre Khaled Abu Abbas alias Benmokhtar, émir de la phalange El Moulathamoune (encagoulés, Ndlr) et Abou Zaïd Abd El Hamid, émir de la phalange de Tarek Ibn Ziad, toujours dans le Sahara au nord du Mali. Droukdel est sur la ligne de mire face à ce conflit. Conflit au sommet Il a pris conscience qu'il ne pouvait pas et qu'il n'avait pas les moyens de contrôler les enjeux de cette zone9. Entre Khaled Abou Abbas et Abou Mosaâb Abdelouadoud, ce n'était pas, évidemment, le grand amour. Non seulement le courant ne passe pas entre les deux chefs terroristes, mais la relation a failli prendre une autre tournure encore plus dangereuse pour les groupes terroristes. Benmokhtar a toujours manifesté son hostilité à son rival, qui a lui coupé l'herbe sous les pieds en s'installant à la tête de la hiérarchie du groupe. D'après le repenti, le poste de l'émir revenait de droit à Benmokhtar. Vu sa position hiérarchique dans le groupe et vu aussi son expérience et sa parfaite maîtrise de la carte géographique du Sahara, Benmokhtar est mieux placé pour prendre la tête du mouvement. a vérité est tout autre. Abou Mossaâb Abdelouadoud est bien le chef n°1. Une réalité amère pour Benmokhtar. Celui-ci a perdu son pouvoir d'agir à sa guise. Il a mal digéré de se soumettre aux recommandations d'un émir qui possède une carte de visite «maigre» dans le «djihad». L'objectif de l'actuel émir était de trouver un moyen pour isoler Benmokhtar. Solution: il faut orchestrer un complot. Droukdel avait nommé, explique-t-il, ses proches comme responsables de la région, dont un certain Abou Ammar. L'alliance Droukdel-Abou Yahia, de son véritable nom Sadaoui Abdelhamid, responsable au Nord, a enfoncé le clou. Message bien reçu par Benmokhtar. Le fossé s'est encore élargi entre les deux chefs terroristes. Aucun pouvoir, aucune influence, ce dernier n'a pas trouvé mieux que de se réfugier au Mali. D'après, le même témoin, Mokhtar Benmokhtar a songé maintes fois à déposer les armes. Selon les membres de sa famille, ce dernier cherche à assurer une fin plus au moins saine, pour afficher sa reddition. Egalement, le repenti dévoile qu' à l‘époque de Hassen Hattab, le conflit était à son apogée entre cet émir national et Benmokhtar. Chaque partie menaçait l'autre de liquidation physique. Les deux hommes ne se sont jamais mis d'accord à propos de plusieurs points, notamment la trêve proposée, à l'époque, ainsi que sur la quantité d'achat d'armes. Même scénario avec Amari Saïfi alias Abderrezak El Para. Depuis, notamment l'arrestation d'El Para, Benmokhtar jouit d'une certaine autonomie au sein du groupe terroriste. Benmohktar a toujours pris seul des initiatives. L'ex-émir de la zone9, a affirmé qu'il a mené de son propre chef l'attaque contre la caserne de Meghetty en Mauritanie. Cette opération a entraîné le mouvement dans une grande impasse, témoigne-il. Après un vaste ratissage de l'armée mauritanienne, le mouvement a perdu le contact interne. «A un moment nous n'avions pas de contact avec les groupes du Nord. Même au sein du Sahara cela était difficile, vu la grande superficie du désert.» Il n'y avait plus d'activisme entre les pays du Maghreb et ceux du Sahel. Le repenti reconnaît, également, que les décisions sont souvent prises unilatéralement par Droukdel et son entourage. Aucune consultation ni concertation avec les autres chefs de groupe. Les émirs du Nord et Nord-Est ne prennent jamais les avis des autres émirs du Sud. Abou Daoud en cite quelques exemples. D'abord le ralliement du Gspc à la nébuleuse de Ben Laden, Al Qaîda. Abdelmalek Droukdel avait annoncé la mise sous tutelle d'Al Qaîda du Gspc sans même en informer les émirs des autres régions. «Nous avions appris le ralliement de notre mouvement à Al Qaîda par le biais de la radio Medi1. Personne ne nous a informés de cette nouvelle», témoigne-t-il encore. Les terroristes de la zone9, ne cessaient de dénoncer les pratiques «illégales et clandestines» de leurs complices du Centre. A la recherche de la fortune Le but principal de ceux-ci, était de s'enrichir. Il atteste que ces derniers s'attaquent aux civils, ils procèdent à des enlèvements, vols et faux barrages, sans aucune référence militaire ni religieuse. Idem pour les attaques «kamikazes». Les terroristes du Sud ont dénoncé ce genre d'attentats qui ciblent les civils. Il atteste qu'ils procèdent à des actes étranges qui, précise t-il, n'ont rien à voir avec l'Irak. «Nous avons condamné les attentats perpétués le 11 avril. Car, la décision était prise sans concertation avec les autres émirs. Notre mouvement n'a jamais recours à ce genre de méthodes»,insiste-t-il. Ainsi, le Gspc se trouve dans une situation d'asphyxie. Cet état de fait s'explique, aussi bien par des éléments internes, qu'externes. Un déficit flagrant en matière de recrutement est ressenti dans les rangs des différents groupes terroristes. Ce qui n'est pas le cas pour les redditions, enregistrées en cascade. Pour les jeunes étrangers enrôlés par le Gspc, la majorité, témoigne-t-il, a regagné son pays d'origine. S'agissant des terroristes algériens, outre ceux qui se sont rendus, les autres se trouvent coincés dans l'erg du Sahara. Le repenti a affirmé que les jeunes ne sont pas intéressés de rejoindre le maquis. Il explique cela par l'absence de référence religieuse. Il n'y a plus de fatwas qui incitent les gens à prendre les armes. Tous les oulémas de l'Islam se sont prononcés sur le djihad en Algérie. Ils qualifient ce mouvement, en Algérie, de grand péché. A ce point, le repenti révèle que la seule référence religieuse actuelle des terroristes est leur propre conviction. S'agissant des éléments externes, il y a lieu de noter la mobilisation de l'Europe et de l'Occident à lutter en commun contre ce fléau. Par ailleurs, Abou Messaoud Abdelkader, n'a pas manqué de lancer un appel pour sensibiliser les jeunes, qu'il considère comme les première victimes du Gspc. Il atteste qu'un bon nombre de jeunes ayant rejoint les maquis restent les victimes expiatoires des terroristes. Il affirme que les moyens qu'on montre concernant la communication moderne tels, les CD, Internet et autre, n'est que la face caché de la vérité. La réalité est, d'après lui, tout autre. Ayant vécu cette vérité, Abou Mossaâb, natif de Djelfa, garantit que beaucoup de jeunes au maquis ont regretté d'avoir rejoint les rangs des terroristes après avoir découvert le terrain. Madjbour Mohamed et Abdezahir Zohier, épaulent Abou Mossaâb. Ils affirment que la fraternité et la solidarité qu'on voit sur Internet ne reflètent pas la réalité. Le jeune n'a pu résister que 15 jours avec les terroristes, vu leur souci de l'exploiter. «La première fois, on m'a interdit d'utiliser le téléphone portable, sous prétexte que je suis nouveau, et que seuls les anciens peuvent en utiliser. Ce n'était finalement qu'une manière de me couper du monde externe», a-t-il dit. L'un des deux repentis raconte que les terroristes exploitent la guerre en Irak pour séduire les jeunes «innocents» et qu'ils regagnent le djihad, afin de les utiliser dans les attaques «kamikazes». Apparemment, suite à ces révélations, le divorce est bel et bien consommé entre les leaders terroristes d'abord, et avec leurs sbires, ensuite. Ces témoignages attestent que les groupes cernés du Gspc sont à la croisés des chemins.