Face à une conjoncture économique internationale très difficile avec ce qu'elle prédispose de dispositions, pour chaque pays, en vue de sauvegarder leur indépendance économique respective, la conférence nationale sur l'agriculture, annoncée pour les tout prochains jours, ne manquera pas de susciter une grande attention de la part des spécialistes et autres observateurs. Plus loin que les objectifs primordiaux de sécurité alimentaire et de conquête de marchés extérieurs devrait être mise en évidence, sur le moyen et le long terme, une réhabilitation du monde rural dans ses dimensions humaines, géographique et économique avec ce que cela sous-tend d'équilibres régionaux se complétant en vue de former une nouvelle et puissante base de l'économie nationale. À ce stade de vision ou, pour mieux dire, d'approche réellement concrétisable dans le temps, le secteur agricole en vient comme à exiger un plan autrement plus audacieux et venant à proposer un aménagement en profondeur des zones rurales afin d'assurer à celles-ci une intégration au processus général de développement et devant s'entreprendre du fait des multiples impératifs découlant de l'évolution de la situation nationale et également, de la recomposition de l'ordre économique mondial. Et, en ce sens, est-on amené à considérer que la mutation devant s'opérer au sein des milieux agricoles et d'activités connexes est bien dictée par une volonté de créer des conditions pour un essor économique non limitatif dans la durée et s'inscrivant dans une projection sociale allant de pair. Ce n'est, donc, pas par hasard si, depuis la mise en application du plan national de développement agricole, en septembre 2000 — devenu en octobre 2002 plan national de développement agricole et rural —, l'agriculture algérienne est parvenue à s'imposer en tant que premier domaine d'activité économique nationale, hors celui des hydrocarbures dont la spécificité ne permet aucune comparaison faute de similitudes. Aussi, parlant de la place occupée par l'agriculture du point de vue économique et celle devant être dévolue à son accompagnateur qu'est le développement rural, il est possible d'estimer, au regard des disponibilités naturelles et humaines s'appuyant sur des mesures de soutien, toujours mieux adaptées aux initiatives suscitées, que l'Algérie agricole entre dans une phase nouvelle de mise en adéquation de potentialités naturelles et humaines facteurs de progrès au sens large du terme. De fait, tel qu'apparaissant dans sa globalité, la problématique agricole impose, continuellement, une nouvelle appréciation des multiples capacités et potentialités d'un secteur économique dont l'entière redéfinition est sans cesse d'actualité. Dans le fond, au terme de plus de huit années d'application, outre sa préparation sur initiative de M. Rachid Benaïssa, le plan national de développement agricole et rural aura dépassé rapidement les objectifs initiaux ainsi qu'initialement fixés. Car l'engouement suscité par les multiples dispositions de soutien technique et financier, en faveur d'un accroissement des productions et d'investissements rendus possibles dans tous les domaines d'activité liés à l'agriculture, a amené, rapidement, à une reconsidération constante des buts fixés par le plan, dans un sens d'élargissement tout autant économique que social, faisant entrer, en jeu, le développement rural à travers une dimension politique jusque-là jamais abordée. Tenant compte de la réalité du monde agricole et rural, telle que ressortant en ce début du troisième millénaire, s'imposait et s'impose, de toute évidence, une vision tout autre en ce qui concerne ce secteur spécifique ; s'agissant de lui assurer, en premier lieu, une double mise à niveau, face aux besoins du marché intérieur et face aux opportunités offertes par les débouchés extérieurs. Très vite, la période jugée, a priori, comme un préalable expérimental lors du lancement du plan de développement agricole, a engendré un plus grand nombre d'impacts que ceux initialement attendus... Que ce soit en termes d'amélioration quantitative et qualitative des productions, d'implication et d'engagement de l'élément humain ou, également et surtout, d'investissements financiers sous diverses formes et favorisés en ce sens par les dispositions gouvernementales, les résultats ont démontré qu'il y a possibilité de démultiplier, toujours plus, les actions engagées, dans le même temps qu'évolue le concept d'une agriculture dynamique et axée vers des normes toujours plus modernistes. C'est dire que par le nouveau souffle attendu de la très prochaine conférence nationale sur l'agriculture, s'opérerait, donc, une redimension générale devant amener le secteur agricole à la juste place qui doit être la sienne avec toute l'ampleur économique et social qu'il revêt. LARBI R. ABAHRI