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Douar Oum Dissa entre l'oubli et l'isolement
Bordj Bou-Arréridj
Publié dans Liberté le 12 - 01 - 2009


Les habitants du petit douar dénommé
Oum Dissa, situé à une dizaine de kilomètres au sud de la commune de Rabta sont livrés à eux-mêmes et bloqués dans une cuve sans issue.
Anonyme, confiné au creux des montagnes, Maâdid, située à 20 km de Bordj Bou-Arréridj, le chef-lieu de la wilaya, pas mieux loti, n'offre aux visiteurs que désolation et misère. Il faut arpenter la RN45 puis le CW42 et ensuite des chemins sans nom, escarpés et défectueux en de nombreux endroits, pour atterrir dans l'un des plus pauvres patelins du pays.
La localité, qui vit dans le dénuement total, attend des gouvernants les mesures adéquates pour qu'elle revienne à la vie. L'attente d'un lendemain meilleur perdure depuis une éternité. À Oum Dissa, tout est contre l'homme.
L'enclavement de ce douar, qui compte plusieurs habitations, rend difficile l'accès aux soins et à l'éducation. À cela s'ajoute l'insuffisance des infrastructures de base.
Les populations souffrent et ne savent pas à quel saint se vouer.
De loin, on ne peut différencier entre une maison et un rocher sauf si un humain, avec son burnous ou sa kachabia fait un pas dehors.
Le ronflement du moteur fait sortir plusieurs curieux de leurs “cachettes”. Un groupe d'hommes de tous âges s'est formé juste à l'entrée du douar, sur le pont nouvellement réalisé et qui est une source de danger pour plusieurs habitations. Deux jeunes se sont approchés de nous.
Ils ont deviné notre identité et l'objet de ce déplacement, avant même qu'on ouvre la bouche. “Seul un journaliste ose venir chez nous et briser l'espace d'un reportage, notre enclavement”, nous explique le jeune au sourire édenté.
Après les formules de politesses d'usage, les deux jeunes et un quinquagénaire ont pris la peine de nous servir de guide. “Il faut voir avant de parler”, nous conseille-t-on.
On entre dans l'une des maisons chancelantes où les fonctions domestiques se chevauchent : la chambre à coucher, la cuisine et les toilettes ne font qu'un espace. Chez ami Laïd, vieil homme d'une soixantaine d'années, c'est jour de fête. Le repas du jour est un véritable festin : une marmite d'abats, qu'on néglige un moment pour préparer une tasse de café à ses visiteurs. La gamelle dégage un arôme qui couvre presque les odeurs pestilentielles des fosses septiques et des eaux usées en plein air.
De toute manière, les enfants du douar ne semble pas particulièrement dérangés par les effluves nauséabondes. “On a fini par s'y habituer. Il y a quelques années, lorsque les oueds ont séchés et les eaux usées ont augmenté, on avait du mal à supporter l'odeur. Mais après quelque temps, on ne les remarquait même plus.”
Ce qui vaut pour les odeurs vaut pour la pudeur. Ici, le mot intimité n'a pas de sens. L'espace propre est à chaque instant violé par l'omniprésence de l'autre, sans aucune possibilité d'y échapper. “Tous les soirs, on est huit personnes à dormir dans cette chambre”, dira Laid. “Quand il vous arrive, d'entendre les ébats des parents, comment pouvez-vous les regarder dans les yeux le lendemain”, se remémore ce jeune homme de
19 ans, dont la sœur et son mari habitent toujours sous le même toit. Devant ce logis de ammi Laïd, un braiment déchire l'air.
Le vieil homme sourit et lance, sur le ton de la confidence : “Imaginez qu'ils veulent nous reloger dans l'un des appartements de la ville. Vous me voyez installé au premier étage avec mon âne, mes moutons et mes deux chèvres ?” “Pour qu'on reste ici, on ne demande ni le statut ni les privilèges de la ville, mais uniquement le strict minimum qui nous fait, après 46 ans d'indépendance, toujours défaut”, dira notre accompagnateur.
Cette bergerie sert aussi de lieu où les femmes font cuir le pain et de cache quand un étranger ou un invité vient à la maison. Et il ne fait pas bon être jeune désœuvré au milieu de cet amas de pierres.
La seule distraction possible, c'est d'emmener les chèvres et les brebis en montagne, formidable moyen d'évasion vers un monde meilleur. Pour ceux qui ont un père ou un proche en France, c'est la télévision et la parabole qui font la différence. Formidable moyen d'évasion vers un monde meilleur.
Pour ce jeune, le temps s'est, en ces lieux, arrêté. “Ici, le temps est invariable, été comme hiver. Le rituel d'hier, d'aujourd'hui et de demain est une copie conforme”, souligne-t-il.
Pour meubler des journées vierges, les habitants sont tantôt manœuvres, tantôt jardiniers.
70% de scolarisés
n'ont pas touché
la prime des 2 000 DA
De retour au point d'arrivée, plusieurs gosses qui avaient auparavant séché les cours de la journée à cause de la neige qui bloque la route et le transport qui ne s'aventure jamais en hiver, se sont regroupés autour du véhicule pour nous faire savoir que 70% d'eux n'ont pas touché la prime de
2000 DA. Les parents qui profitent de l'occasion pour soulever le problème de la sécurité de leurs enfants livrés à eux-mêmes, une fois le cours terminés. Qu'il pleuve ou qu'il fasse chaud, ces enfants qui habitent à des kilomètres de l'école doivent “moisir” à l'extérieur de l'établissement.
Afin de mettre ses élèves à l'abri de tout danger, les parents sollicitent l'intervention du wali pour la réalisation d'un abribus en haut de la colline ou une salle à l'intérieur de l'établissement, devant servir de permanence où les élèves pourront s'abriter et préparer le cas échéant leurs leçons d'autant que la déperdition scolaire est élevée en ces lieux. Cette année, plusieurs enfants âgés de 5 ans n'ont pas rejoints les bancs de la maternelle à cause de l'éloignement de
l'école. “L'incapacité des parents sans ressources, ne pouvant donc subvenir aux besoins d'une progéniture scolarisée, est la cause principale de l'échec et des abandons”, souligne le président de l'association des parents d'élèves.
Avant de quitter cette bourgade, le groupe qui nous tenait compagnie a émis un souhait qu'en lisant cet article, les autorités locales et nationales, sauront qu'on ne peut contenir toute la détresse et la misère de cette partie de l'Algérie dans quelques mots. “La réalité est plus que les mots.”
Ch. B.


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