S'il faut naturellement se garder de tirer des conclusions hâtives sur les chances des uns et des autres de recueillir le nombre de signatures nécessaires pour être sur le starting-block, il apparaît cependant clair que deux candidatures ne risquent pas a priori de rencontrer de gros pépins. Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), M. Moussa Touati, président du FNA, Ali Zeghdoud du Rassemblement algérien (RA), Ali Faouzi Rebaïne, de AHD 54, Amar Bouacha du Mouvement national de la jeunesse algérienne (MNJA), Mohamed Hadef, du Mouvement de l'entente nationale (MEN) et Belaïd Mohand Oussaïd, un illustre anonyme, dont-il serait sans doute intéressant de connaître l'itinéraire, viennent officiellement de faire acte de leur volonté de se porter candidats à la magistrature suprême. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur daté de samedi, ces postulants ont déposé des lettres d'intention de constituer un dossier de candidature à l'élection présidentielle qui aura lieu au mois d'avril prochain. En contrepartie, ils ont retiré les formulaires de souscription. S'il faut naturellement se garder de tirer des conclusions hâtives sur les chances des uns et des autres de recueillir le nombre de signatures nécessaires pour être sur le starting-block, il apparaît cependant clair que deux candidatures ne risquent pas a priori de rencontrer de gros pépins. Il s'agit, notamment, de Louisa Hanoune et de Moussa Touati dont le parti, le FNA, contre toute attente, est arrivé en troisième position, derrière le FLN et le RND, lors des dernières consultations électorales. L'un comme l'autre disposent d'assez d'élus pour aspirer à figurer dans la liste qui briguera la magistrature suprême. Mais au-delà de ces considérations formelles, la question est d'évaluer les chances des uns et des autres de diriger demain la nation. Complètement effacés de la scène politique, sans appareil efficace, réduit à fonctionner dans le meilleur des cas par communiqués saisonniers, ces candidats apparaissent complètement diminués, pour ne pas dire handicapés, face à Bouteflika que le génie populaire a fini par confondre avec… la télévision algérienne. Hormis Louisa Hanoune, omniprésente sur le terrain mais dont l'incohérence des positions, à contre-courant des idéaux démocratiques, a fini par entamer sa crédibilité, et Moussa Touati dont l'émergence est due, dit-on, à des “coups de pouce” de certains cercles influents, le reste des postulants ne feront office, sans risque de se tromper, que de simples lièvres. Encore faut-il qu'ils réussissent l'examen de passage des signatures. Dès lors, il faut se demander à quoi jouent les deux responsables, sachant pertinemment qu'ils n'ont aucune chance face à un candidat adoubé, qui jouit de tous les moyens de l'Etat. Sauf à vouloir donner du crédit à une compétition prétendument ouverte en contrepartie de dividendes politiques. Auquel cas, c'est l'idéal démocratique qui prend un sérieux coup, encore un autre, au moment où la question de la démocratisation dans les pays arabes est posée avec acuité à la lumière des suites de la tragédie de Gaza. Autant de considérations qui semblent superbement ignorées par nos prétendants à la magistrature suprême. “Lièvres, je vous en prie, souvenez-vous du fameux jour où la tortue est arrivée avant vous”. On ignore si cette célèbre citation de Jaques Prévert a inspiré certains de nos hommes politiques. Mais, naïvement ou par calcul, ils semblent considérer que les lièvres peuvent rivaliser avec la tortue. Karim Kebir