La confrontation entre l'aile dure du parti, favorable à une plus grande autonomie, et l'aile fidèle à la stratégie historique d'entrisme devrait décider de l'attitude du MSP face à la présidentielle. Le fait mérite sans doute d'être relevé : au moment où le parti se voit “gratifié” par le président Bouteflika de quatre sièges à la Chambre haute du Parlement, un cadeau inespéré pour une formation qui a laissé des plumes lors des dernières joutes électorales, des responsables de premier plan au sein de la direction se joignent à la réunion de concertation des partis politiques et de grandes personnalités au QG du candidat à l'élection présidentielle Rachid Benyellès et dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne portent pas au “cœur” l'actuel locataire d'El-Mouradia. Jamais depuis la mort de sa figure charismatique, le MSP n'a été dans une situation aussi confortable que celle dans laquelle il semble, aujourd'hui, contraint par la conjoncture. Entre un soutien franc à Bouteflika et une candidature du parti, la formation islamiste hésite. Même s'ils concèdent que le président de la République qu'ils ont soutenu en 1999 en dépit de la disqualification de la course de leur candidat en la personne du défunt Nahnah, n'a pas “tenu toutes ses promesses”, les responsables du MSP lui trouvent tout de même quelques “exploits”. “C'est noir mais y a un peu de blanc”, déclarait récemment l'ex-ministre Abdelmadjid Menasra lors d'une rencontre politique au siège du parti à Alger. “C'est en fonction de l'évaluation de ses erreurs que le parti se déterminera par rapport à la présidentielle”, a-t-il dit. Et beaucoup d'indices plaident aujourd'hui pour le soutien à Bouteflika. Il y a d'une part quelques raisons objectives, dont notamment le peu d'envergure de la formation sur l'échiquier politique. Et dès lors, le MSP qui a perdu beaucoup de terrain au profit de son frère ennemi, le MRN, ne peut aspirer naturellement à jouer les premiers rôles lors de l'élection. Cette prédisposition presque manifeste d'accrocher l'attelage du parti à ce qui apparaît aux yeux des responsables comme le cheval gagnant. En outre, les quatre sièges au Sénat dont le parti vient de bénéficier de la part de la présidence, s'ils ne traduisent pas un clin d'œil de Bouteflika à la formation islamiste, pourraient se révéler comme un “deal”, en attendant d'autres dividendes, entre les deux parties en perspective de la prochaine échéance électorale. Pourtant, après sa participation à la réunion de vendredi, le MSP donne l'impression de vouloir “jouer en solo”. Vers une candidature du parti ? Il faut sans doute se garder de tirer des conclusions hâtives. En tout cas, au sein du parti, on tente de faire la part des choses. “Le MSP n'est pas un comité de soutien. Il est libre dans ses décisions. Notre présence en tant que parti à la réunion de vendredi n'est motivée que par notre souci d'une élection transparente, de la neutralité de l'administration et de l'armée. Tout ce qui s'inscrit dans le travail démocratique nous intéresse”, explique Ahmed Dane, responsable au parti. Concernant les 4 sièges glanés, il estime à juste titre que “ce n'est que justice rendue au rôle joué par le défunt Nahnah”. “M. Bouteflika qui est Président de tous les Algériens n'a fait que rectifier une erreur commise à l'endroit d'un parti qui a été victime de la fraude”, explique-t-il encore. Mais cette dualité traduit immanquablement une “gêne” au sein de la formation islamiste pour ne pas dire qu'elle laisse transparaître, en filigrane, les rivalités entre l'aile dure du parti incarnée par Mokri, favorable à une grande autonomie du parti et l'aile partisane de “l'entrisme” représentée par Menasra. En attendant donc la décision qui sera entérinée jeudi prochain, le MSP semble avoir, aujourd'hui, mis deux fers au feu. Un retour à la stratégie du défunt Nahnah en somme. K. K.