L'arrivée du nouveau patron de la Maison-Blanche ne laisse pas l'Algérie indifférente, notamment sur les questions bilatérales, la lutte antiterroriste, l'énergie, le Sahara occidental et, bien sûr, la prochaine élection présidentielle. Quelle sera la politique algérienne de Barack Obama ? Très étroites, notamment dans le cadre de la guerre contre le terrorisme sous l'ère de George Bush, les relations algéro-américaines changeront-elles avec l'arrivée au bureau Ovale de Barack Obama ? La question mérite d'être posée, tant le nouveau président américain clamait le changement de la politique US sur tous les plans, et que les démocrates ont une vision du monde différente de celle des républicains. Affirmant que la nébuleuse Al-Qaïda de Oussama Ben Laden constituait toujours une sérieuse menace et une priorité pour lui, Obama ne devrait pas trop modifier la politique sécuritaire de Washington. Denses jusque-là, comme le démontrent les nombreux déplacements à Alger de très hauts responsables américains, dont le coordinateur de la lutte antiterroriste, Brown, le patron du FBI, Muller, du sous-secrétaire d'Etat, David Welch, ainsi que de Condoleezza Rice, les rapports sur le sujet entre les deux pays sont appelés à se développer, surtout que la branche Al-Qaïda Maghreb est loin d'être négligée par les Etats-Unis. Dans le même ordre d'idées, la position de Barack Obama sur le conflit du Sahara occidental est attendue avec beaucoup de curiosité, surtout que l'Administration Bush donnait l'impression, sur sa fin de mandat, de vouloir le régler rapidement en imposant la nomination de Christopher Ross au poste d'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le dossier. Cette démarche américaine devrait être poursuivie, si l'on se fie aux affirmations de Condoleezza Rice à Alger, laquelle avait laissé entendre qu'elle n'était pas tributaire de sa personne, mais qu'il s'agissait bel et bien d'une volonté américaine de clore le dossier une bonne fois pour toutes. Toutefois, jusqu'à maintenant, l'absence de prise de position de l'équipe Obama donne l'impression qu'elle loge à la même enseigne l'Algérie et le Maroc, ce qui dénote une absence de visibilité. L'autre volet intéressant énormément l'Algérie est celui de la politique énergétique que suivra Barack Obama, qui pourrait influer sur les prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux. Il va sans dire qu'elle sera totalement différente de celle de son prédécesseur, qui était sous l'emprise du lobby texan, dont nul n'ignorait le poids dans les sphères de prise de décision. Il n'est pas exclu que la nouvelle Administration américaine privilégie la production locale au détriment des importations, d'où des répercussions considérables sur les prix à l'échelle internationale. Et comme l'économie algérienne est essentiellement basée sur les hydrocarbures, il est clair qu'Alger attendra avec impatience que le flou entretenu sur ce point par Barack Obama soit levé. Quant à l'avenir des relations diplomatiques algéro-américaines, il est difficile de se prononcer, surtout après l'échec de l'initiative Eisenstadt, qui devait booster le partenariat économique avec les pays du Maghreb. L'arrivée d'Hillary Clinton au département d'Etat, dont le mari avait favorisé durant sa présence à la Maison-Blanche l'émergence des pôles islamistes arabes, laisse planer l'incertitude sur ce que sera la politique américaine dans la région du Maghreb. L'on se rappelle encore de la visite annulée de Mme Clinton, en tant que première dame des Etats-Unis, à Alger, au milieu des années quatre-vingt-dix, suite à une invitation d'une association de disparus. C'est dire que l'ère Clinton n'évoque pas que de bons souvenirs pour les Algériens. Enfin, le point de vue de l'Administration Obama par rapport à l'élection présidentielle algérienne est très attendu, même si Washington n'a pas bronché à la suite de la révision constitutionnelle, qui ouvre la voie à la réélection de Abdelaziz Bouteflika. Reste à savoir qu'elle sera la réaction à l'occasion du déroulement du scrutin en mars prochain, d'autant plus que les USA ne verraient pas d'un bon œil que parmi les observateurs devant se rendre à Alger, ne figurent pas des représentants de l'Organisation de la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), comme l'avait fait remarquer un sénateur américain de passage dans la capitale algérienne en novembre 2008. Merzak Tigrine