Le dossier du Sahara occidental serait sur le bureau d'Obama. D'abord, en vertu du fait que les discussions maroco-sahraouies se déroulent aux Etats-Unis et qu'elles traînent en longueur. Ce qui certainement doit horripiler le locataire de la Maison-Blanche dont le souci est de remettre en selle son Amérique "plus respectueuse de la légalité internationale". Remue-ménage autour du dossier du Sahara occidental. Washington donne l'impression de s'y impliquer davantage. Les Sahraouis en sont persuadés, eux qui fondent des espoirs dans le locataire de la Maison-Blanche. Le Conseil de sécurité de l'Onu réitère le droit inaliénable à la décolonisation du peuple sahraoui et, fait nouveau, relève les obstructions du Maroc pour l'application de ce principe universel. Du nouveau avant le renouvellement du mandat de la force onusienne ? Un signe qui ne trompe pas, le Maroc est inquiet. De nombreux indices laissent entrevoir que le dossier est une priorité chez le nouveau président qui s'est fixé pour objectif la diminution des tensions politiques, prioritairement dans le monde arabo-musulman, pour éviter la prédiction sur le conflit entre les religions tartiné par des experts alarmistes, en cherchant à tarir à la source les conditions de propagation de l'islamisme radical. Obama, contrairement à son prédécesseur, est convaincu que la main de fer est improductive, sinon incomplète. Dans ce contexte, l'intérêt pour le Maghreb de Washington trouve tout son sens. Aux portes du sud de cette région s'agite un terrorisme qui cherche à faire de la région sahélo-africaine sa base arrière, son point d'appui pour ses activités en Occident. L'AQMI n'est pas un fantasme. C'est bel et bien la franchise maghrébine d'El-Qaïda. Le dossier avait été ouvert en fait par l'administration Bush. Tirant leçons des retournements dans les opinions arabo-musulmanes suite à sa gestion unipolaire fondée sur la politique du deux poids, deux mesures, sur ce qui a trait au terrorisme, Bush avait confié comme dernière tâche à Condoleezza Rice, sa secrétaire d'Etat, une tournée au Maghreb pour y affirmer la nécessité d'une solution à cette dernière guerre de colonisation qui se déroule au Sahara occidental. L'affaire a rebondi avec le rapport récent de sénateurs américains exhortant Obama à se positionner sur l'avenir de cette région qui, à leurs yeux, représente pour les Etats-Unis un enjeu à multiple facettes. Dans l'immédiat, pour la lutte antiterroriste dans le Sahel où El-Qaïda Maghreb s'est incrustée, notamment dans le nord du Mali. Toujours dans l'immédiat, pour garantir la stabilité du Maghreb aux portes de l'Europe et commandant le grande voie maritime du IIIe millénaire de l'Asie vers l'Europe et les Amériques. Enfin, à terme, pour les richesses énergétiques que recèle le Sahel, ses régions limitrophes et même le Sahara occidental. Une chose est certaine, à en croire des indiscrétions américaines, Washington ne serait pas du tout intéressé par la solution de Mohammed V, c'est-à-dire l'autonomie du Sahara occidental, sous souveraineté marocaine. Paniqué par cette position, le roi du Maroc a mis en branle ses lobbys, mais Washington est persuadé que la voie marocaine conduira la région à l'instabilité, quand bien même Rabat s'est engagé à préserver et à développer les intérêts géostratégiques des Etats-Unis dans la région. L'Algérie, et ça n'a jamais été un secret, surtout pas pour les Américains, n'admettra jamais une telle issue à ses frontières. Au-delà des principes, il est question de sa profondeur stratégique. D'ailleurs, la position algérienne est d'autant plus appréciée qu'elle s'est toujours fondée sur la légalité internationale. Un principe dont Obama a justement fait son credo. Soucieuse également de la stabilité dans sa région, l'Algérie s'est toujours déclarée favorable à une sortie positive au conflit du Sahara occidental englué depuis trente années dans des négociations infructueuses, faute de volonté de la part de l'occupant marocain. Obama et son "Yes we can !" semble représenter un espoir pour son dénouement. En janvier dernier, le chef d'Etat sahraoui, Mohamed Abdelaziz, déclarait : "Nous avons l'impression que, durant la présidence Obama, l'indépendance du Sahara occidental sera enfin reconnue." Il ne reste plus qu'à attendre le prochain round maroco-sahraoui. On sait, d'ores et déjà, qu'un membre du Congrès américain, Michaël Mc Full, originaire de San Diego, Noir, proche d'Obama, et qui jouit d'un grand prestige, devrait jouer un rôle important dans la relance des discussions prévues à Manhasset, près de Washington. Il faut également souligner la nomination de Christopher Ross comme envoyé spécial de l'Onu au Sahara, fin connaisseur de la région. Et ce démocrate qui coordonnait la lutte antiterroriste au département d'Etat ne sera pas un diplomate de salon. D. Bouatta