La session a porté sur un certain nombre de sujets, à commencer par la définition du DIH et les mécanismes internationaux et nationaux de son application. Le droit international humanitaire (DIH), branche du droit international, prévoit la protection des journalistes qui couvrent les conflits armés. D'ailleurs, les Conventions de Genève et les deux protocoles additionnels, notamment l'article 79 du protocole additionnel (de 1997), complétés, en décembre 2006, par la résolution 1738 du Conseil de sécurité des Nations unies, confèrent aux professionnels de l'information exerçant dans des zones de conflits armés la même protection qu'aux populations civiles. “L'agression du journaliste est une agression contre les peuples”, a déclaré mercredi dernier le secrétaire général du ministère de la Justice, à la résidence des magistrats, à Alger, à l'ouverture de la session de formation en DIH au profit des journalistes algériens. Le responsable a également attesté que la problématique de protection des journalistes suscite un intérêt certain, à l'échelle internationale, un intérêt justifié, selon lui, “par ce que les situations de guerre ont fait découvrir, ces derniers temps, comme agressions qui touchent les journalistes et les professionnels de l'information, ayant fait l'objet d'assassinats, de blessures et d'enlèvements”. Animée par des enseignants universitaires, des experts en droit international, des membres de la toute nouvelle commission nationale du droit international humanitaire (CNDIH) et des représentants de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Algérie, la session a porté sur un certain nombre de sujets, à commencer par la définition du DIH et des mécanismes internationaux et nationaux de son application. Si l'on en croit Maya Sahli, professeur à l'Ecole supérieure de la magistrature, la réalité est bien amère, puisque ce sont les populations civiles qui souffrent le plus, notamment dans les guerres des XXe et XXIe siècles, que ce soit dans des situations d'occupation, de conflits armés internes ou de guerres civiles. “Le droit international humanitaire permet d'aménager des espaces d'humanité dans des situations conflictuelles”, a observé cette experte en droit international, en plaidant plus loin pour “la maximalisation de la protection des populations civiles”. L'autre intervention intéressante a porté sur “la guerre aérienne”. D'après l'universitaire, venu d'Oran, la guerre menée par voie aérienne est devenue “la guerre des forts”, ceux-là mêmes qui utilisent les avions les plus sophistiqués et les bombes les plus meurtrières. Et ce sont les mêmes qui parviennent à “contourner” habilement les lois en vigueur, y compris sur le registre humanitaire. Pour l'orateur, cette guerre de type nouveau, qui fait appel aux armes intermédiaires et aux armes de destruction massive, “pose aujourd'hui un sérieux problème”, dans la mesure où il n'existe pas de “textes particuliers” (à l'exception de la protection des biens culturels et des généralités autour des zones sécurisées) visant à neutraliser réellement les tenants de la guerre aérienne, voire à les accuser de crimes de guerre. L'apparition, dans les années 1990, du droit international pénal (DPI) a entraîné la création de nouvelles juridictions, à l'exemple des Tribunaux pénaux internationaux (TPI) et de la Cour pénale internationale. Mais, pour des raisons liées, entre autres, au recul des “guerres classiques” au profit des guerres asymétriques à armes inégales, au rapport de force international et à la volonté politique d'Etats membres influents du Conseil de sécurité de l'ONU, et à celle de leurs “protégés”, l'application du droit international et du DIH et la présence de TPI et de CPI restent en-deçà des attentes : les violations se poursuivent toujours avec leur lot de souffrances et de traumatismes des civils et des journalistes exerçant ou partis couvrir dans des zones de conflits armés. Mais, à la différence des autres civils, le journaliste a pour mission de décrire ce qui se passe lors des conflits internationaux et internes. C'est là une raison pour laquelle il doit connaître le DIH et contribuer, non seulement à l'amélioration des textes visant la protection des vies humaines, mais également la défense de la liberté de l'information. Hafida Ameyar