Interrogation n L'ère de la modernité est compromise dès lors que les lois sont bafouées. Le droit international humanitaire protège-t-il le journaliste en période de conflit armé externe ou interne ? En marge de la session de formation sur le droit international humanitaire (DIH) et le droit international (DIP) destiné aux professionnels de la presse, organisée à la Résidence des magistrats à Ben Aknoun (Alger), Mme Sahli Fadel Maya, juriste et membre du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme à Genève, a souligné qu'une réflexion est actuellement menée par la communauté internationale sur l'élaboration d'une convention susceptible de protéger les journalistes en période de conflit armé externe ou interne. Elle a rappelé à cet effet que le DIH protège le journaliste reporter de guerre accrédité et, bien entendu, le journaliste d'une manière générale qui rapporte l'état d'une situation conflictuelle, et ce, conformément aux conventions de Genève de 1949 et le protocole de 1997 relatif aux conflits armés internationaux ainsi que la résolution du Conseil de sécurité de décembre 2006 qui a insisté sur la nécessité de la protection des journalistes. Néanmoins, elle a fait remarquer que dans le cadre du DIH, il est difficile de faire la distinction entre les populations civiles et les combattants, surtout en période de guerres civiles qui sont plus fréquentes, précisant que le journaliste est considéré comme une partie de la catégorie de population non armée. De son côté, le professeur de droit à l'université d'Alger et expert dans le domaine du DIH, Saâdallah, s'est interrogé : «Est-ce que le droit international humanitaire protège effectivement le journaliste en périodes de conflits armés internes?» La réponse est non, dira-t-il, en soulignant que les textes n'existent pas en ce sens. Mais, poursuit-il, dans ce cas-là, c'est la conscience humanitaire qui doit protéger les personnes, selon un théoricien russe, Martiz. D'autre part, il dira que si les journalistes sont protégés par le DIH en période de guerre internationale, l'applicabilité de cette loi fait défaut. Pour sa part, le professeur de l'université de droit, Mohamed Soltani, a soulevé le problème du vide juridique en période de guerre aérienne car, selon lui, ce genre de guerre est soumis à la loi de la jungle, précisant l'interdiction de certaines armes dangereuses, entre autres les armes nucléaires. Il a précisé en outre que le journaliste obéit aux mêmes règles que celles appliquées aux populations civiles. Pour lui, «le reporter de guerre mérite plus de protection du fait de sa neutralité». Pour M. Soltani, il est fondamental de faire le distinguo entre les objectifs militaires et ceux civils, «bombarder des zones civiles est un crime contre l'humanité, l'offensive israélienne contre la bande de Gaza, est le meilleur exemple du dépassement du seuil des droits humanitaires».