Pour prévenir la flambée des prix des produits de base, le système de régulation s'étendra après les céréales, le lait et la pomme de terre, à la viande, à l'oignon et à l'ail. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a organisé, hier, une rencontre d'évaluation de la réunion trimestrielle des cadres de son secteur. Cette rencontre, tenue au siège du ministère de l'Agriculture à Alger, a été une opportunité pour le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, de donner un certain nombre d'orientations aux cadres de son secteur. Dans ce cadre, il mettra en avant les objectifs assignés aux contrats de performance institués au niveau des 48 wilayas : “C'est une mobilisation des acteurs producteurs de richesse et des accompagnateurs pour leur tracer des objectifs clairs, il s'agit dans le même temps d'une action de mise en synergie, tout comme il s'agit de faire prendre conscience collectivement sur la sécurité alimentaire de manière à optimiser nos potentialités et nous mettre à l'abri du besoin.” Aussi et pour mieux faire toucher du doigt l'importance de la sécurité alimentaire, le ministre dira : “Quand les prix des produits alimentaires ont flambé, si on n'avait pas l'argent du pétrole qu'on avait utilisé, on aurait eu de graves problèmes.” Cette situation “n'était qu'un avertissement qu'on doit partager”, dira-t-il aux cadres de son secteur. Toutefois, le ministre recommandera aux cadres de ne pas penser “uniquement à l'argent !” “Sortons de la logique de distribution de l'argent et de ne penser qu'à combien on vous donne dès votre rentrée dans la salle et travaillons pour atteindre des objectifs”, dit-il avant de préciser qu'il est impératif “d'atteindre un maximum d'objectifs à travers peu de moyens financiers.” Aux yeux du ministre, “certains à qui nous avons donné d'importants moyens financiers ont donné de maigres résultats”. “Ne pensez pas que parce que vous prenez de l'argent, vous allez améliorer votre production”. Prime aux transformateurs pour le lait cru intégré Sollicité à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de son allocution d'ouverture à la réunion sur la signification de la signature de contrats de performance entre le ministère de l'Agriculture et l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), d'une part et l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), d'autre part, Rachid Benaïssa expliquera qu'“avec l'OAIC, le contrat concerne la collecte qui était, l'année dernière, de 5 millions de quintaux. Pour cette année, on a fixé la barre des 20 millions de quintaux à atteindre. S'agissant de l'Onil, l'année dernière, 150 millions de litre de lait ont été collectés, cette année, nous tablons sur la collecte de 400 millions de litres.” Sur la question de la prime allouée aux différents intervenants dans la filière du lait, le membre du gouvernement expliquera que “toutes les primes sont calculées et discutées dans des espaces interprofessionnels et en plus, cette prime varie en fonction de la quantité de lait intégrée” avant de noter l'impératif pour l'ensemble des acteurs de la filière du lait “de faire en sorte d'intégrer un maximum”. Pour le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, “la prime augmentera en fonction du travail fourni”. Concernant le dispositif de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac), le ministre a indiqué qu'il sera renforcé prochainement à travers l'élargissement de ce système à d'autres produits comme l'ail, l'oignon et la viande rouge. L'augmentation des capacités de stockage en froid est même une “grande opération” pour la régulation des produits relevant de l'aviculture. À ce propos, Benaïssa notera que des mesures vont être prises pour mettre de l'ordre dans les activités d'abattage. Dans ce cadre, il annoncera que des crédits fournisseurs seront accordés aux aviculteurs dont notamment les petits producteurs afin qu'ils arrivent à produire trois fois par an au lieu de deux actuellement, a encore détaillé le ministre. “Il y aura une augmentation de la capacité de stockage de ces produits, nous donnerons un rôle important aux abattoirs agricoles et un crédit fournisseur pour les aviculteurs”, dit-il en substance. Interrogé sur le crédit RFIG, Rachid Benaïssa a évalué le montant de 3 milliards de dinars qui a été alloué aux agriculteurs pour l'achat des engrais et des semences. S'agissant du remboursement du crédit, le ministre a été ferme : “Après une année et demie, ils doivent rembourser le prêt, sinon ils auront à payer les intérêts.” L'argument du ministre est qu'“au début, on nous demandait seulement d'instituer un prêt sans intérêts et maintenant qu'on l'a fait,” “Maintenant, ça dépend de la volonté des gens de travailler”, explique le ministre avant de noter qu'“il y avait des gens qui, avant de commencer, avaient dit que le crédit RFIG n'est pas bien.” Concrètement parlant, comment se ressentira le recentrage opéré par le ministère ? Le secteur de l'agriculture table sur une croissance moyenne de 8% annuellement sur les cinq prochaines années à la faveur des contrats de performance sur le renouveau agricole et rural, contre un taux de 5 à 6% actuellement, a expliqué le ministre. “Il s'agit d'un objectif arrêté collectivement dans le cadre de ces contrats, qui s'étalent sur la période de 2009-2014, et qui est d'arriver à un taux moyen de croissance de 8 à 8,5%”, dit-il encore. L'année 2009 s'annonce déjà prometteuse, note Benaïssa, en raison des conditions climatiques favorables tout en expliquant que le taux de croissance de la production agricole tournait au tour de 5 à 6% durant les trois dernières années, en raison notamment de la sécheresse. Questionné, en outre, sur des enquêtes menées sur des personnes impliquées dans des affaires de dilapidation dans le domaine agricole, le ministre dira que “c'est à la justice de trancher la question.” NADIA MELLAL B.