Les prix sont basés sur la spéculation tous azimuts. La loi de l'offre et la demande demeure un simple concept. Après la pomme de terre, l'oignon, l'ail, les viandes rouges ovines pourraient être concernées par le système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac), a révélé hier, à partir de Aïn-Témouchent, Rachid Bouzidi, sous-directeur de la régulation et du développement rural. Cette décision serait prise après le succès de l'opération de stockage de la pomme de terre. Ce dispositif, mis en branle cette année par le ministère, est à même d'assurer, dans une première phase, «l'autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays, s'agissant de produits agricoles de base», a souligné Rachid Bouzidi, en marge des journées régionales de perfectionnement sur le thème «La pomme de terre de consommation», dans le cadre du dispositif Syrpalac. «Ce sont là des filières principales aux côtés des céréales, tomate industrielle et lait qu'il faut développer», a expliqué M.Bouzidi, avant de mettre l'accent sur l'urgence de cette opération. «Ces filières ont connu une véritable flambée des prix, d'où la nécessité de se mettre à l'abri en professionnalisant leurs opérateurs», a-t-il déclaré. En effet, il est constaté actuellement des prix hors de portée de la bourse de la ménagère. Des hausses intempestives. Celles-ci sont basées sur la spéculation tous azimuts qui met à rude épreuve le pouvoir d'achat des couches moyennes. Le marché est régi, selon les commerçants par la «loi» de l'offre et la demande. Un argument souvent mis en avant par les officiels eux-mêmes pour justifier ces hausses excessives et injustifiées. Et pour cause, «le ministère de tutelle ne contrôle que les produits subventionnés, en l'occurrence le lait, la semoule, le pain et la farine». Quant aux fruits et légumes, «leurs prix sont libres», affirme une source proche du ministère du Commerce contacté hier par nos soins. Et d'enchaîner: «C'est la mercuriale. C'est la loi de l'offre et la demande.» Un autre son de cloche est donné par la Fédération nationale des marchés de gros des fruits et légumes. Selon une source proche de la Fédération, «cette hausse des prix est due aux intermédiaires». Mais comment supprimer les intermédiaires? «Cela relève des prérogatives du ministère du Commerce», répond la même source. Et d'ajouter: «Outre l'absence du registre du commerce, l'évasion et la fraude fiscale, il est aussi relevé l'absence de contrôle. Ce sont tous ces éléments qui favorisent la spéculation et la manipulation des prix, entraînant des hausses excessives» et souvent injustifiées. Quant au ministère de l'Agriculture, et selon une source bien informée, la hausse des prix est due «au climat». Pour ce qui est de la flambée du prix de la tomate, il est à noter que de nombreuses récoltes ont été ravagées par une chenille de papillon d'origine brésilienne, le Tuta absoluta. Apparu en Espagne en 2006, ce papillon a été retrouvé au Maroc et en Algérie, cette année. En France, seule la Corse du Sud semble en être atteinte. La chenille se nourrit des tomates vertes ou mûres en creusant des galeries, rendant impropres les fruits à la consommation. Les services de surveillance du ministère de l'Agriculture avaient déjà alerté les paysans quant à la présence de cet insecte parasite en Algérie, notamment au niveau des wilayas côtières telles Mostaganem, Tipaza, Boumerdès et Jijel. Le Tuta absoluta s'attaque à toutes les parties de la plante. Rappelons que cet insecte, invisible à l'oeil nu, a ravagé plus de 500 hectares dès sa propagation cet été, dans les champs de tomate de la wilaya de Tipaza. La production annuelle de tomate, selon les statistiques officielles, est estimée à 700.000 quintaux. Pour endiguer cette invasion parasite, les directions de l'agriculture des wilayas de l'ouest du pays ont entamé une intense campagne de sensibilisation des agriculteurs contre le Tuta absoluta, responsable de la destruction de grandes parcelles de tomates à Mostaganem où la perte est estimée à 300 hectares. Il menace actuellement la région côtière de l'Algérie, particulièrement à l'ouest, d'où les mesures préventives prises.