Selon des observateurs, le Syrpalac commence petit à petit à apporter les résultats escomptés. Dans le but de protéger les revenus des agriculteurs et le pouvoir d'achat des consommateurs, le ministère de l'Agriculture a mis en place le Système de régulation des produits agricoles de large consommation. Le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) vient d'être élargi à la viande et à l'oignon. Cette décision a été annoncée il y a quelques mois déjà par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Pour la viande ovine, la mise en œuvre du dispositif a été prévue pour cet été, une période qui connaît une forte consommation en la matière, engendrant une envolée des prix, a précisé le ministre. Le Syrpalac a concerné dans sa première phase la pomme de terre ; il intègre progressivement, comme promis par le ministre les autres produits agricoles de base et induira l'extension et la modernisation de l'industrie de froid, ainsi que les capacités de conditionnement des fruits et légumes et des centres d'abattage des animaux et de traitement des viandes modernes. Il faut noter que des mécanismes ont été identifiés pour 9 filières dont les céréales, le lait, la pomme de terre, l'huile d'olive… bref, tout ce qui a trait à l'alimentation du citoyen. La tutelle compte aussi créer ce lien entre l'agriculteur, le transformateur et les autres acteurs afin de mettre en place une véritable complémentarité. Le succès qu'a connu le stockage de la pomme de terre, reconnu par l'ensemble des intervenants dans le secteur, a motivé le ministère pour généraliser l'opération à d'autres produits tels que l'oignon. “Cette action a montré l'importance du stockage dans la régulation du marché”, explique le ministre M. Rachid Benaïssa. La création des offices des céréales, du lait et celui des fruits et légumes et des viandes rouges et blanches… se veut un instrument de lutte contre la flambée des prix. Le ministère crée cet office interprofessionnel des fruits et légumes à travers lequel toutes les professions liées s'impliquent. Tous les maillons de la chaîne, à commencer par le producteur jusqu'au consommateur, seront représentés dans cet office. L'objectif est de professionnaliser et de préserver les intérêts de tous les intervenants dans une logique de complémentarité. La stratégie de Benaïssa prend en compte en outre l'aviculture. La situation qui caractérise cette filière est marquée par une hausse des prix des produits entrant dans l'alimentation du poulet, à savoir le maïs et le soja. La flambée des cours de ces deux aliments sur le marché international a atteint plus de 50%. Selon notre source, le ministère reste sensible à cette augmentation et suit de près l'évolution de la situation dans cette filière qualifiée de stratégique. La tutelle travaille en collaboration avec l'association des aviculteurs pour mettre en place des aides. “Nous allons les aider à passer ce cap des perturbations sur le marché international”, souligne la même source. Et d'ajouter : “Il est important que cette filière soit maintenue et ne disparaisse pas.” Le même soutien est réservé, par ailleurs, à la filière des viandes ovines et bovines. Néanmoins, il est sollicité des dirigeants des filières une meilleure organisation pour que les aides programmées soient mieux gérées et bénéfiques pour les opérateurs. “Plus vous êtes organisés, plus l'Etat peut aider facilement”, tient à préciser notre source. À noter que le ministère a procédé à un recentrage dans les missions et exprimé sa volonté de mettre en synergie les différentes actions économiques et sociales ainsi que la mutualisation des efforts, qui concernent également les budgets alloués au secteur dont les crédits se situent autour de 370 milliards de dinars par an, dont plus de la moitié est consacrée à la protection du pouvoir d'achat du consommateur, à travers la prise en charge du différentiel des prix. C'est ainsi qu'une série de programmes et d'actions ont été déployés pour le renouveau de l'économie agricole qui s'est traduit par la création d'un environnement incitatif pour l'activité agricole et le développement des investissements. On peut citer, notamment le lancement du crédit sans intérêt RFIG au bénéfice des agriculteurs, des éleveurs et des opérateurs des activités annexes. Il a été également mis en œuvre une intensification de la mécanisation agricole à travers le renforcement du crédit leasing. Outre le renforcement de la mutualité rurale de proximité, la tutelle lance la modernisation et la généralisation des assurances agricoles adaptées et la dynamisation du Fonds de garantie contre les calamités agricoles (FGCA). Toutefois, le problème de l'effacement de la dette, décidé par le président de la République, reste posé pour de nombreux agriculteurs. Ces derniers n'arrivent pas à assainir leur situation vis-à-vis de la Banque de développement rural (Bdar). Ils rencontrent en effet des contraintes pour le traitement de leurs dossiers. Badreddine KHRIS