Au moment où l'Etat hébreu s'agite dans tous les sens dans l'espoir d'assurer l'immunité judiciaire à ses responsables militaires et civils impliqués dans les massacres de Palestiniens à Gaza, Amnesty International dénonce les crimes de guerre de l'armée israélienne durant son offensive aérienne terrestre et maritime. “Il doit y avoir une enquête approfondie, une explication complète pour s'assurer que cela ne se reproduira plus jamais”, avait déclaré mardi 20 janvier dernier, le secrétaire général Ban Ki-moon, lequel avait souligné que les personnes responsables des bombardements israéliens ayant touché des bâtiments de l'ONU à Gaza “doivent rendre des comptes devant des instances judiciaires”. Désormais, il ne fait plus de doute que les responsables civils et militaires israéliens ont commis des crimes de guerre dans la bande de Gaza, comme le confirme ce rapport de l'ONG de défense des droits de l'Homme, Amnesty International. Une mission sur les lieux pour enquêter sur les conséquences humanitaires et les dégâts sur la population civile du recours disproportionné de l'offensive israélienne a permis de découvrir des preuves indiscutables du recours intensif au phosphore blanc dans des zones d'habitation densément peuplées de la ville de Gaza et dans le nord de la bande de Gaza. Dans ce cadre, Amnesty rappelle que “le recours fréquent à cette arme dans les quartiers résidentiels de Gaza, où la population est dense, est non discriminant par nature, et qu'une utilisation répétée de cette arme qui frappe sans discrimination a des effets terribles sur les civils et constitue un crime de guerre”. Les enquêteurs sont parvenus à rassembler dans les rues et les allées de Gaza attestant de l'utilisation de phosphore blanc, notamment des éclats encore en feu et les restes d'obus et de grenades tirés par l'armée israélienne. À en croire l'expert balistique présent à Gaza avec l'équipe d'AI, Christopher Cobb-Smith, “le phosphore blanc est une arme destinée à créer un écran de fumée permettant de masquer les mouvements de troupe sur le champ de bataille. C'est un agent très incendiaire, qui explose dans les airs et ne devrait jamais être utilisé dans des zones civiles, en raison de ses effets dévastateurs”. Même si l'utilisation de phosphore blanc comme écran de fumée ou pour marquer des cibles n'est pas interdite par le droit international humanitaire, néanmoins, la façon dont il est utilisé dans la bande de Gaza, zone densément peuplée, aurait due être prise en considération afin que les civils soient protégés respectant le principe d'interdiction des attaques indiscriminées par le droit international humanitaire. En effet, le phosphore blanc est également une arme incendiaire qui ne devrait jamais être utilisée dans des zones où la population civile est dense, en raison de ses effets dévastateurs : la substance cause notamment de graves brûlures lorsqu'elle entre en contact avec la peau. À cet égard, le Protocole III sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi des armes incendiaires interdit l'utilisation d'armes incendiaires contre des civils et s'applique donc aux armes à phosphore blanc. Il s'agit d'une règle de droit international coutumier. Par conséquent, elle est contraignante pour Israël, même si l'Etat n'est pas partie au Protocole III. Ceci étant, Amnesty International a appelé le Hamas et tous les autres groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza à cesser les tirs de roquettes, indiscriminés contre des villes, des villages dans le sud d'Israël, et de fait, contre la population civile. Par ailleurs, l'ONG affirme qu'en plus des armes produites localement, les forces israéliennes utilisent des armes et autres équipement militaires qui sont fournis, notamment par les Etats-Unis et la France. Elle a identifié au moins 17 pays, en plus des Etats-Unis, qui ont fourni des armes ou des matériaux connexes à Israël depuis 2001. Si les Etats-Unis sont le principal fournisseur, d'autres transferts importants ont été effectués par l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Espagne, la République Slovaque, la République Tchèque, le Canada, la Slovénie, l'Australie, la Roumanie, l'Autriche, la Belgique, la Hongrie, la Serbie Monténégro, la Bosnie- Herzégovine. Les Pays-Bas et la Grèce ont été les principaux pays de transit, notamment des armes américaines. Enfin, Amnesty International espère que le cessez-le-feu, s'il est consolidé, mettra fin aux graves violations du droit international – humanitaire et relatif aux droits humains – actuellement commises par les forces israéliennes et le Hamas. Merzak T.