Un conseil national consultatif décidé en 2004 pour la promotion des exportations hors hydrocarbures n'a jamais vu le jour. Présidée par M. Benslim Zohir, ingénieur hardware de l'ancienne école, diplômé de Polytechnique d'El-Harrach, en 1980, l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) tente de contribuer au développement des exportations hors hydrocarbures. D'après les statistiques, les exportations hors hydrocarbures ne dépassent guère, ou alors en de rares années fastes, les 300 ou 500 millions de dollars. Ces dernières années, elles dépassent le milliard de dollars. C'est bien peu comparé aux besoins du pays, le jour où il faudra bien convertir l'économie nationale, afin qu'elle puisse prendre en charge l'ensemble des besoins primaires, en commençant par l'alimentaire. “Si l'on décompte les dérivés des hydrocarbures et les déchets ferreux, il ne reste que 300 millions de $ en valeur des exportations algériennes, hors hydrocarbures”, avoue le président en charge de l'Anexal, qui poursuit en disant “qu'il est lamentable de parler de chiffres pareils dans un pays aussi grand que l'Algérie et qui dispose d'immenses richesses humaines, naturelles”. Les raisons de la stagnation et même de la régression du chiffre à l'export ? le président de l'Association des exportateurs en cite quelques-unes : - on ne peut pas s'improviser exportateur du jour au lendemain, et le domaine de l'export, hors hydrocarbures devrait faire, à mon sens, l'objet d'une stratégie d'Etat. -la difficulté de s'adapter à la nouvelle donne économique : avant 1990, l'économie algérienne était administrée et le domaine du commerce extérieur relevait des prérogatives de l'Etat, qu'il s'agisse d'hydrocarbures ou de produits hors hydrocarbures. Le privé ne s'est mis à s'intéresser à l'export, selon le président de l'Anexal, qu'après les années 1990, lorsqu'il avait commencé précautionneusement à investir dans la PME/PMI, d'autant plus que les années d'insécurité se prêtaient très mal aux projets de création d'entreprises. Dans les faits, ce ne sera qu'à partir des années 2000 que les PME/PMI actuelles ont commencé à manifester leur existence, en tentant de produire. Un problème de taille empêche les PME d'évoluer et de se développer, c'est, selon le président de l'Anexal, le manque de culture entrepreneuriale, et donc l'absence de véritables entrepreneurs capables d'entreprendre. Des circonstances atténuantes malgré tout, selon M. Benslim : “les PME algériennes sont très jeunes et ce n'est pas au bout de 4 ou 5 ans qu'on peut produire des biens ou des services de qualité, qui peuvent s'exporter et faire face à un marché extérieur très organisé et donc difficile à pénétrer”. La faiblesse de la PME algérienne est aggravée par la concurrence déloyale des produits étrangers qui affluent à la suite de l'ouverture incontrôlée du marché algérien. “La facilité avec laquelle des entreprises étrangères s'installent en Algérie, alors que les pays voisins demeurent quasiment fermés à nos entreprises et aux entrepreneurs qui souhaitent s'y établir, laisse perplexe, pour ce qui est d'une réelle volonté de prise en charge du problème des PME par les pouvoirs publics”. Selon le président de l'Anexal, “une stratégie de guerre est nécessaire si l'on veut remédier à ces dysfonctionnements dans des délais raisonnables, et faire face aux difficultés générées par la crise financière mondiale et ses dommages collatéraux sur les revenus pétroliers. Il y a lieu de rappeler qu'un conseil national consultatif pour la promotion des exportations hors hydrocarbures a été décrété en 2004. Censé être sous l'égide du Chef du gouvernement, ou du Premier ministre, à ce jour, il n'a pas été mis en place. Voilà un espace où les vrais problèmes dont souffre l'exportation hors hydrocarbures, pourraient être débattus, des solutions trouvées et des décisions mises en œuvre, séance tenante. À la manière de la Corée du Sud où le président de la République participe en personne, une fois par mois, aux réunions des exportateurs coréens”. Désabusé apparemment, M Benslim ajoute : “j'aurais tant aimé que l'Algérie profite de la manne financière récoltée grâce à la flambée des prix de pétrole durant ces dernières années, afin de promouvoir le secteur des PME/PMI, seul capable de création d'emplois et de richesses, donc d'exportations hors hydrocarbures”. Selon le président de l'Anexal, de nombreux secteurs pourraient être encouragés et soutenus, en premier lieu l'agriculture, et son corollaire l'industrie agroalimentaire, pour des raisons stratégiques évidentes de sécurité alimentaire du pays. Pour cela, il préconise de “trouver et mettre en place les solutions pour une véritable mise sur les rails du secteur, en résolvant une bonne fois pour toutes le casse-tête des terres destinées à l'agriculture”. En second lieu, vient le secteur des services : banques, assurances, tourisme. “La meilleure solution, et pour tenter de rattraper le temps perdu, il faudrait mettre en place une législation favorable destinée à attirer les entrepreneurs étrangers, afin de signer des contrats de partenariat bénéfiques aussi bien aux étrangers qu'aux investisseurs locaux”. M. Djebbara, administrateur d'Anexal, affirme que l'association rassemble plus de 120 adhérents des deux secteurs publics (Eniem, Socothyd, Saidal, Enad, Enap, entre autres) et privé (Cevital, Vitajus, Sim, etc.). Pour rappel les exportations globales de l'Algérie en 2008 ont atteint 78,23 milliards de $ et 1,89 milliard de $ hors hydrocarbures, en lente progression, malgré tout, comme le rappelle M. Djebbara, Anexal existe pour fédérer les exportateurs, défendre leurs intérêts moraux et matériels et militer pour devenir une force de propositions vis-à-vis des pouvoirs publics. “Jusqu'ici, on a traité l'export en parent pauvre, car les réformes n'ont pas eu l'impact escompté sur les mentalités”, selon M. Djebbara. Anexal a entamé de nombreuses démarches en vue de faciliter l'acte d'exporter. Des études ont été réalisées pour Anexal, par le bureau d'études Ecotechnics, en collaboration avec la SFI (BM) en 2003 et 2004. Pas moins de quatre études ont été réalisées sur le thème de l'export et du commerce en général avec la collaboration de SFI. “Il reste, malgré tout, un grand écart entre les dispositifs juridiques et la réalité du terrain. Nous demandons à nos adhérents de se mettre à niveau, en les sensibilisant d'abord à la difficulté d'exporter”. Par ailleurs, Anexal tente de sensibiliser les pouvoirs publics sur les blocages bureaucratiques et d'une administration étouffante, car un exportateur est tenu par des engagements et des délais de livraison. Anexal entretient des rapports de coopération et de partenariat avec le Club des exportateurs de Tunis, l'Association marocaine des exportateurs Asmex et le Club export 66 de Perpignan, après avoir signé avec ces trois associations des protocoles de partenariat et de coopération entre 2003 et 2008. M. Benslim, président d'Anexal, dirige une petite entreprise dans le secteur des lièges. Le liège est un produit très recherché dans Le secteur des boissons et dans la construction, l'isolation thermique, l'étanchéité, l'isolation acoustique, etc. Il est utile de rappeler que l'Algérie était classée, au milieu du siècle passé, parmi les premiers producteurs mondiaux de liège, après l'Espagne et le Portugal. Malheureusement, les forêts de chêne-liège se sont rétrécies comme une peau de chagrin, à la suite de prédations diverses et d'incendies de forêt durant la saison estivale. Djamel Zidane