La liste des concessions algériennes pour se faire accepter dans le cercle multilatéral de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'allonge. Le peu de subventions que l'Etat accordait à ses exportateurs de produits hors hydrocarbures se voit encore réduit et de manière substantielle. Il s'agit, principalement, des aides destinées au transport. C'est ce qu'a affirmé hier la sous-directrice du suivi des exportations au ministère du Commerce, Mlle Bouabdallah. D'après cette responsable rencontrée en marge de la journée d'information sur les cadres incitatifs à l'exportation initiée par l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (ALGEX), « les subventions au transport ne concernent plus que le fret ». Autrement dit, les frais engagés au titre de la manutention et du transport interne ne seront plus remboursés par le Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) dont le décret exécutif a été publié le 19 janvier dernier, soit au lendemain de la clôture d'un round de négociations avec l'OMC. Et la tendance n'est pas près de s'arrêter puisque la représentante du ministère du Commerce nous avouera qu'il serait difficile de maintenir ces concours du budget de l'Etat au-delà de 2009. « On essayera de maintenir ces aides au transport jusqu'à la fin 2008 », tentera de rassurer Mlle Bouabdallah face à des opérateurs économiques ahuris par cette propension excessive des pouvoirs publics à céder aussi facilement aux dictions de l'OMC. Ainsi, la participation de l'Etat dans le coût du fret sera reversée jusqu'à fin 2008 à hauteur de 50% pour les produits agricoles et de 25% pour les marchandises non agricoles. Il est important de rappeler, par ailleurs, que le réaménagement du FSPE dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2007 avait éliminé de la liste de l'éligibilité à cette aide les produits industriels. Cette catégorie a été concernée par le démantèlement de la subvention pour se conformer aux normes de l'OMC qui bannissent les primes à l'exportation. Mis en place en 1996, le FSPE affiche un bilan pour le moins décevant. A fin 2007, soit après une décennie d'existence, le fonds public n'a octroyé que 3,7 milliards de dinars. Aussi dérisoire soit-elle, la structure de cette subvention démontre l'importance des aides au transport. En effet, 2,9 milliards de dinars ont été sur ce registre alors que les 800 millions de dinars restants ont été dépensés pour la prise en charge de la présence lors des foires internationales et autres manifestations économiques. Un texte à interpréter Par ailleurs, le décret exécutif fixant les modalités de fonctionnement du FSPE pêche, d'après les exportateurs, par « un manque de clarté ». Plusieurs mesures appellent un exercice d'interprétation. C'est le cas de l'article 3 dans son dernier alinéa stipulant dans le volet dépenses que le FSPE concourt à : « Une partie des frais de transport à l'exportation des produits périssables ou à destination. » « Qu'est-ce que c'est le produit périssable ? Et que veut-on dire par destination éloignée ? », se sont interrogés les présents dont Issaâd Rebrab, patron du premier groupe industriel privé du pays. Les participants ne manqueront pas de déplorer la lenteur dans la publication des textes d'application. En effet, le décret de janvier nécessite un arrêté conjoint que doivent rédiger les départements des finances et celui du commerce. Au-delà du FSPE, les opérateurs ont posé la problématique de la stratégie de l'Etat à diversifier ses ressources extérieures en dehors des hydrocarbures. M. Benslim, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), a considéré que « le FSPE est insuffisant ». Combien même cet instrument serait bénéfique, il est inefficace par son fonctionnement bureaucratique. L'Anexal souhaite que ce fonds soit géré par l'Algex. L'impératif, d'après le porte-parole des exportateurs, est d'« instituer une politique d'appui et de soutien aux exportations ». Outre l'appel relancé en direction du chef du gouvernement pour l'installation du conseil national consultatif de la promotion des exportations, M. Benslim estime nécessaire la mise en place de comptoirs commerciaux à l'étranger en encourageant l'entreprise algérienne à s'implanter directement sur d'autres marchés.