Ils hantent les rues, les marchés quotidiens et hebdomadaires à la recherche de bénéfices providentiels qui leur permettraient d'améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie. Ils sont porteurs, vendeurs de cigarettes, serveurs dans les restaurants et les cafés ou tout simplement commerçants occasionnels le plus souvent absorbés par l'informel. En l'absence de statistiques fiables et officielles, il serait impossible de décrire avec précision le phénomène. Ils seraient plusieurs centaines d'enfants à travailler à un âge précoce pour aider leurs familles en butte au chômage et à la pauvreté. Ils hantent les rues, les marchés quotidiens et hebdomadaires à la recherche de bénéfices providentiels qui leur permettraient d'améliorer un tant soit peu leurs conditions de vie. Loin du regard des responsables et encore plus de celui du mouvement associatif dont aucune organisation ne défend les droits, ces travailleurs en herbe qui constituent une main-d'œuvre facile pour les commerçants et autres entrepreneurs malhonnêtes, sont souvent exploités dans les chantiers et les exploitations agricoles à des sommes dérisoires frisant le ridicule, et ce, au détriment de leur santé et de leur scolarité. Partout où vous allez, ces voix pleines d'innocence vous appellent et vous interpellent. Le travail des enfants n'est plus une fatalité. Nous l'avons depuis longtemps socialisé à tel point que nous n'y prêtons plus aucune attention. 3% environ des enfants travaillent dans notre pays. Un taux qui peut sembler insignifiant mais qui nécessite tout de même une étude sérieuse en vue de prévenir le phénomène, voire même l'endiguer. Des exemples de ces cas sociaux abondent : Abdelkader vient tout juste de souffler sa seizième bougie. Comme bon nombre des enfants de son âge, il est plongeur dans un café bien connu de la ville d'Aïn Oussera. Un père “bricoleur” et une scolarité interrompue. Autant d'ingrédients qui ont en fait un travailleur malgré lui. Lahbib, aussi, n'aura pas le temps de savourer sa liberté. Orphelin à 17 ans, il doit quitter les bancs de l'école pour faire vivre ses frères et sœurs. Il est journalier dans un chantier de construction. De l'avis même de l'un de ses proches : “C'était un élève brillant qui aurait pu aller loin. Le destin en a malheureusement décidé autrement !” Ahmed a à peine quinze ans. Il travaille dans un restaurant du chef-lieu de wilaya. Contrairement aux deux premiers, il est toujours scolarisé. Pour son grand frère commerçant ambulant, “c'est un moyen de l'occuper, pour qu'il ne verse pas dans la délinquance”. Dans ce cas, et dans beaucoup d'autres, la responsabilité des parents est mise à l'index. Ce phénomène est néanmoins rare chez les filles. Mais tout prête à croire qu'elles sont des milliers à travailler chez elles, essentiellement dans les zones rurales où elles sont affectées aux activités artisanales. Pour celles-ci l'école n'est qu'un vain mot, puisque nombre d'entre elles sont appelées à travailler, d'abord pour des raisons économiques, le produit de leur labeur est souvent destiné à renflouer le budget familial, puis pour des considérations sociales, beaucoup de familles refusent toujours d'envoyer leurs filles à la medersa du douar ou ne les laissent pas aller au bout de leur scolarité, car on estime toujours qu'elles sont faites pour les tâches domestiques. En définitive, quelle que soit la nature du travail dans lequel les enfants sont impliqués, ceci ne peut aller sans provoquer des incidences tant sur les plans sanitaire et éducatif qu'affectif. S. OUAHMED