Avec la situation sociale qui se détériore, la magie noire (shour) semble prendre de l'ampleur et s'affirmer au sein d'une population en mal de vie et à l'affût des croyances extravagantes. Ainsi, le recours à la magie pour divers mobiles est devenu courant et les praticiens se sont multipliés, notamment parmi les charlatans transfrontaliers qui ont trouvé à Maghnia l'opportunité d'amasser le maximum d'argent. La situation frontalière de Maghnia a évidemment favorisé ce fléau, car les charlatans sont réputés maîtres en la matière, la pratique de la sorcellerie et la magie noire. Ce n'est pas toujours de bon cœur que le client s'oriente vers ces charlatans. En effet, si certains(nes) y vont pour des problèmes sentimentaux ou à dessein d'envoûter autrui, d'autre y ont recours pour des problèmes de santé. Le résultat est somme toute décevant pour les quelques témoins qui ont payé le prix fort pour leur aventure. Ainsi, cette dame, qui a déboursé 40 000 DA pour que son fils divorce de sa femme, a non seulement vu sa bru se consolider davantage, mais a perdu par la même son fils qui a déménagé avec son épouse du foyer familial. Le constat est amer à travers la déception qui suit l'acte, souvent à l'origine des séparations ou de conflits familiaux. Quant aux méthodes de sorcellerie, elles sont diversifiées. Il y a ceux qui utilisent les organes d'animaux, tels la gazelle, le cerf, le lézard, pour concocter des talismans, d'autres se font dans le “bkhor” (encens), d'os, d'herbes étranges et de miel de qualité douteuse. Le témoignage de cet homme de 40 ans, dépressif, qui a trouvé bon de consulter ce genre de guérisseur, dénote d'une urgence de lutte contre ce fléau qui risque de se propager davantage au sein de la population : “J'ai eu à avaler plusieurs mixtures pour lesquelles j'ai payé la rondelette somme de 45 000 DA. Résultat : non seulement je n'ai pas guéri, mais j'ai des problèmes d'estomac et d'hypertension.” C'est dire que le phénomène est réellement préoccupant et… envoûtant. Mohammed Ammami