L'assassinat depuis quelques semaines à Constantine d'un marabout bien connu, pour des motifs restés mystérieux, n'est pas passé sans susciter un vif remous parmi la population. Un effet qui en dit long sur la relation qu'entretient une bonne partie des Algériens avec cette frange de gens à part. Le phénomène qui semble toucher sans distinction toutes les classes sociales a fait l'objet d'une rencontre organisée récemment par le centre culturel islamique de Constantine où des études présentées par des sociologues ont révélé des vérités ahurissantes. Selon le docteur Ahmed Zerdoumi de l'université de Constantine, des statistiques effectuées par les spécialistes avancent le chiffre d'un charlatan pour 5000 habitants en Algérie, alors qu'il existe entre 15 à 20 000 marabouts « praticiens » sans compter un million d'individus qui exercent dans le domaine sous différentes formes. Les adeptes de la sorcellerie, qui usent de tous les moyens pour tromper leurs clients, profitent généralement de leur ignorance ou de leurs croyances, bénéficiant d'une propagande gratuite au sein de la société notamment dans les fêtes de mariage. Parmi les types de sorcellerie, les répandus en Algérie, figure au premier rang le recours aux effets des plantes médicinales, des minéraux et des organes des animaux. Parmi les clients recensés et dont on trouve même des universitaires, on compte 70% de femmes, alors que parmi les hommes plus de la moitié sont des jeunes âgés entre 20 et 35 ans. Si les raisons qui poussent ces gens à recourir aux services d'un sorcier ou d'un aâzam sont connues pour le commun des mortels, les conditions socioéconomiques sont souvent les plus incriminées. Selon l'avis d'un juriste, les pratiques des sorciers et des charlatans sont qualifiées d'actes d'escroquerie par la loi. L'article 372 du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement. En cas de décès, suite à la consommation d'un produit quelconque décrit ou vendu par le marabout, l'acte est qualifié comme homicide involontaire. En cas de conséquences graves, les prévenus pourront même perdre leurs droits civiques et politiques en vertu des articles 8 et 14 du code pénal.