Une réunion initiée par le ministère de tutelle avec les organisations patronales, les chambres de commerce et autres institutions concernées est prévue jeudi prochain. Le ministère du Commerce a décidé de rencontrer, jeudi prochain, l'ensemble des organisations patronales et les chambres du commerce et d'industrie pour débattre de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale). Le ministre du Commerce, M. Hachemi Djaâboub, réunira les opérateurs pour discuter de manière “responsable et objective” afin d'appréhender au mieux leurs craintes quant à cette accession. À ce propos, la position du ministre est on ne peut plus claire : “Notre objectif n'est pas de pousser l'entreprise algérienne à la fermeture. Nous souhaitons, au contraire, ouvrir notre marché de manière intelligente de sorte que l'Etat en tire profit.” Pour lui, si les appréhensions des véritables producteurs sont sensées, les importateurs, en revanche, ne sont pas concernés par cet accord. Un opérateur qui importe des pays de l'Union européenne ne peut émettre des réserves, explique M. Djaâboub, sur les produits similaires introduits à partir des pays arabes. Afin de rassurer les producteurs algériens, il évoque les dispositions de l'article 15 relatif à la mise en œuvre de cet accord. “Cet article confère la possibilité à tout pays membre de demander une liste négative de produits à ne pas importer pendant une période déterminée avec une quantité fixée”, argue le ministre lors de son intervention jeudi dans l'émission “Evénements à la une” de la radio Chaîne III. Toutefois, nuance-t-il, cette mesure ne peut être appliquée qu'une fois que l'Algérie fera partie de cette zone officiellement. Par conséquent, il faut être d'abord membre et commencer à faire du commerce intra-arabe. Une liste négative de produits à interdire à l'importation sera établie “Ensuite, il faut étudier la réaction du marché. C'est après avoir passé toutes ces étapes que l'on pourra formuler des demandes justifiées et fondées pour dire que telle ou telle filière est menacée par l'importation de tel ou tel produit à la lumière d'études approfondies”, explique Hachemi Djaâboub. En termes plus clairs, il faut au préalable prouver l'existence de concurrence déloyale, de dumping et de menace sur filière. Puis, l'Algérie aura la possibilité de contingenter des produits importés à des niveaux ou de différer leur importation pendant 2, 3 ou 4 années. C'est ainsi que le ministère va demander aux opérateurs, à la Chambre algérienne du commerce et d'industrie (CACI), aux organisations patronales, au ministère de l'Industrie, d'établir une liste négative de produits à interdire à l'importation. “Cette liste sera transmise au Conseil économique et social de la Ligue arabe au Caire, et nous nous attellerons à la défendre”, promet le ministre. Une première copie de cette liste a été déjà établie en 2004 et sera actualisée avec le concours des opérateurs. Interrogé sur l'origine extra-pays arabes des produits introduits en Algérie via la Zale, M. Djaâboub estime que ce problème est un phénomène planétaire. “Pourquoi cette question n'a pas été soulevée quand il s'agit de l'accord d'association avec l'UE ?” se demande-t-il. “Comme s'ils étaient des anges !” commente-t-il. 900 millions de dollars d'exportation contre 27 milliards de dollars d'importation Ce certificat d'origine est délivré, affirme-t-il, par une autorité étatique dont on peut vérifier l'authenticité in situ et à n'importe quel moment. Mieux, ajoute Hachemi Djaâboub, “on peut demander à n'importe quelle maison mère de confirmer ou d'infirmer l'existence de l'une de ses usines dans tel ou tel pays arabe”. Par ailleurs, le ministre souligne que les répercussions de cette adhésion sur le Trésor public en termes de recettes perçues des taxes douanières sont insignifiantes. Car le commerce avec ces pays arabes est évalué à 900 millions de dollars seulement contre 27 milliards de dollars d'importations en provenance de l'UE. En outre, les droits de douane, selon lui, ne constituent plus une ressource de financement pour l'Etat. Et en prévision de la création de la zone de libre-échange avec l'UE en 2017, des 57% du commerce extérieur, indique-t-il, l'Algérie percevra 0 DA. Le ministre du Commerce voit en la Zale et l'UE “un accord de vases communicants”. La Zale représente également un moyen d'exportation. “On n'a pas pu placer nos produits sur le marché européen parce que la barre était très haute. Mais on peut facilement exporter vers les pays arabes”, précise-t-il. Poursuivant son argumentaire sur le bien-fondé de cette démarche, l'invité de la Chaîne III estime que sur 21 pays arabes, seuls 6 sont en mesure d'exporter vers l'Algérie. Il cite le Maroc, l'Egypte, la Tunisie, la Syrie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. Or, des pays comme la Somalie, Djibouti, la Libye, l'Irak, la Palestine, la Mauritanie… ne peuvent pas exporter. Ce qui peut être une opportunité aux opérateurs algériens de pouvoir placer leurs productions sur ces marchés. Le ministre a encore rappelé que cette adhésion n'a pas fait que des mécontents. Des industriels ont, fait-il savoir, accueilli avec grande satisfaction cette décision. Autre argument avancé par le ministre : “Notre appartenance au monde est une appartenance de cœur et d'histoire. Mais avec ces pays frères, nous sommes gagnants-gagnants.” Après avoir signé un accord avec un géant à l'image de l'UE, on trouve de nos jours trop regardant quant à l'adhésion à la Zale. “Avec les pays arabes, il s'agit d'un accord politique stratégique. C'est un accord pour diversifier d'abord nos fournisseurs”, confie-t-il. Le premier responsable du département du Commerce lance tout de go : “Que les fournisseurs historiques de l'Algérie sachent qu'ils ne sont désormais plus les seuls maîtres à bord sur le marché algérien. Une concurrence va s'installer.” Pour rappel, la date de l'accession à cette zone a été décidée par le président de la République lui-même. Badreddine KHRIS