Le constat du wali était partagé par les participants à ce séminaire auquel ses organisateurs avaient fixé comme objectif de cerner les blocages, d'établir des recommandations concernant les moyens à mobiliser et les dispositions à prendre pour lever les obstacles et relancer l'outil de réalisation dans la région. “Nous avons reçu un programme pour lequel nous n'étions pas préparés, ni sur le plan administratif ni sur le plan des moyens de réalisation. En résumé, nous n'avons pas les moyens de notre politique, et c'est pour cette raison qu'on se voit à chaque fois obligés de revoir à la baisse nos ambitions en matière d'action de développement”. Ce constat du premier magistrat de la wilaya de Tizi Ouzou suffit sans doute pour comprendre que le développement économique dans la région souffre terriblement de la faiblesse de l'outil de réalisation, qui a d'ailleurs fait l'objet d'un séminaire de deux jours à l'APW de Tizi Ouzou à l'initiative de cette dernière. Le constat du wali était partagé par les participants à ce séminaire auquel ses organisateurs avaient fixé comme objectif de cerner les blocages, d'établir des recommandations concernant les moyens à mobiliser et les dispositions à prendre pour lever les obstacles et relancer l'outil de réalisation dans la région. Un outil de réalisation dont la faiblesse se dresse d'ailleurs, a estimé, pour sa part, le président de l'APW, Mohand Ikharbane, “comme frein et contrainte majeure au développement économique et social de la wilaya”. Pour démontrer cette faiblesse de l'outil de réalisation, le P/APW dira qu'“il suffit d'observer tous les jours combien d'appels d'offres infructueux et combien de mises en demeure adressées aux entrepreneurs sont publiés dans les journaux”. Mais si des projets ne sont pas réalisés dans les délais et si des programmes ne sont pas menés à terme, la responsabilité incombe-t-elle seulement à l'entreprise en charge du projet ? Assurément non ! Dans le rapport établi par la Direction des travaux publics, il est clairement indiqué que “le développement des entreprises nécessite la réunion d'un ensemble de conditions complexes qui concourent à l'attractivité économique d'une région et inciteront les entreprises à s'y installer, à s'y maintenir et à s'y étendre”. Sur ce point précis, le wali de Tizi Ouzou reconnaît qu'“effectivement, l'argent à lui seul ne suffit pas pour amorcer un développement économique” et même que “le développement ne se décrète pas, mais qu'il passe par la mise en place de toute l'infrastructure nécessaire, et pour ce faire, il faut faire émerger de véritables entreprises pour pouvoir réaliser l'important programme qui attend la wilaya pour la période 2009 à 2013”. Mais de son point de vue, le président d'APW estime que créer des entreprises performantes ne suffit pas puisque, “avec un marché instable des matériaux de construction, le manque de main-d'œuvre qualifiée, les difficultés bureaucratiques et la corruption, nous obtenons un secteur désarticulé qui se morfond dans des problèmes inextricables”. Mais au-delà de ce tableau noir, dira le président d'APW, l'espoir est toujours de mise avec les centaines d'entreprises qui sont en voie de création dans la wilaya. “À condition qu'elles soient accompagnées et que des conditions favorables à l'accomplissement de leurs missions soient créées”, ajoutera-t-il. Dans son rapport sur la situation des entreprises de réalisation, notamment dans le secteur du BTPH qui est un secteur névralgique, le président de la Chambre de commerce du Djurdjura, M. Medjkouh a dressé une liste exhaustive des contraintes qui entravent et qui freinent ces entreprises. Les lenteurs administratives et la complexité des dossiers de soumission lors de l'établissement des marchés, la lourdeur du dispositif de sélection des entreprises, le chevauchement des prérogatives, le lancement des projets souvent dans la précipitation, l'absence de dialogue et de concertation entre les différentes administrations et les entreprises, auxquels s'ajoute un code des marchés encore inadapté, la problématique liée aux approvisionnements, l'accès aux financements bancaires et au foncier, l'insécurité et souvent l'absence de management dans les entreprises sont, entre autres, les facteurs qui ont contribué, selon M. Medjkouh, à la dégradation de l'outil de réalisation dans la wilaya. Pour tenter de trouver des solutions à toutes ces contraintes et mettre en place un outil de réalisation qui permettra au moins de réaliser le programme d'investissement primaire de base qui attend la wilaya, et dont le secrétaire général a fait lecture, un débat et des ateliers ont été ouverts et devraient déboucher sur un ensemble de recommandations. Samir LESLOUS