Le paradoxe entre partager ou protéger l'information reste dûment posé et nécessite la segmentation et l'identification des attentes des citoyens. Les sociétés modernes sont dépendantes des nouvelles technologies de l'information et de la communication et l'Algérie n'échappe pas à cette réalité. Le pays est même à la croisée des chemins dans sa quête de réduire la fracture numérique et instaurer une société de l'information, raison pour laquelle l'Algérie doit bien penser ses choix et les mécanismes qui suivent. Le débat est ainsi enclenché à tous les niveaux comme l'illustre si bien la rencontre initiée par l'Association algérienne des technologies de l'information (AITA), qui a réuni, hier, à l'hôtel Hilton, les professionnels du domaine pour débattre des vraies questions liées aux TIC et leur apport, loin de toute démagogie mais surtout du discours officiel souvent loin de la réalité et des véritables besoins de la société et de tout l'environnement économique. Présidée par Antri Bouzar, l'association oriente le débat à travers l'intervention exhaustive de Faïçal Mechri concernant la segmentation et la protection de l'information qui, selon l'orateur, est l'un des leviers du développement de la société de l'information. Un paramètre sur lequel les autres pays sont déjà très avancés, mais il n'y a pas lieu de se comparer et tenter, plutôt, de savoir comment et où se positionner. Le retard criant qui caractérise notre société dans ce domaine a été, à juste titre d'ailleurs, évoqué avec insistance lors de cette rencontre qui a cerné de manière remarquable l'opportunité et la pertinence de dépasser ce constat et trouver le moyen d'appréhender cette situation sans verser dans le fatalisme. Il fallait retenir, en définitive, l'inéluctable nécessité de “renforcer le climat de confiance par des mesures garantissant notamment la sécurité de l'information et la sécurité des réseaux, l'authentification ainsi que la protection de la vie privée”. Bien plus facile à dire qu'à faire, notamment en l'absence d'instruments de motivation comme soutenu par certains participants au débat en avançant l'argumentation, imbattable, de la pauvreté en matière de contenu local ou des prestations de services qui est bien plus urgente à rattraper pour se permettre ensuite le “luxe” de penser à la sécurité. C'est d'ailleurs sur ce point-là qu'on se heurte justement au sensible paradoxe entre celui de partager ou de protéger l'information qui demeure dûment posé malgré les nombreuses tentatives des uns et des autres de prétendre pouvoir répondre à la question. Les spécialistes soutiennent qu'il existe 80% des informations qui ne nécessitent pas la sécurisation exigée. Autrement dit, la protection de l'information peut être complexe, onéreuse, voire contre-productive, mais le partage de l'information mal ou non maîtrisée peut aller à l'encontre de l'intégrité et de la dignité des personnes. La solution réside finalement dans l'approche qui consiste à définir la sensibilité de l'information dans son domaine d'application et à mettre en œuvre les moyens gérant son niveau de protection ou de partage. Mais que peut signifier tout cela pour l'Algérie qui est à ses balbutiements dans le domaine avec des ébauches toutefois appréciables à l'image de la loi contre la cybercriminalité ou encore le projet de la e-Algérie 2013 ? La disponibilité des infos et des services et la sécurisation vont de paire, sans perdre de vue la pertinence d'instaurer une autorité de régulation qui ne serait pas forcément dépendante de l'Etat. Comme ça se fait déjà dans d'autres pays. Nabila SaIdoun