Les impératifs climatiques n'épargnent pas l'Algérie qui planche de nouveau sur le dossier du solaire comme source d'énergie privilégiée. Au Centre de développement des énergies renouvelables, la réflexion se matérialise dans les laboratoires. Le potentiel solaire de l'Algérie avait suscité l'intérêt de la France dans les années cinquante déjà. Malheureusement, la découverte des hydrocarbures a, selon M. Belhamel, directeur général du Centre de recherche et de développement des énergies renouvelables (Cder), nui au solaire, et l'idée de le développer a été abandonnée. Véritable centre historique – notre interlocuteur évoque non sans fierté l'Héliodyne, le four solaire construit in situ – le Cder affiche sa volonté d'aller au-delà du concept de développement durable. À l'heure des grands bouleversements, le Centre de recherche et de développement des énergies renouvelables s'assigne comme mission la formation spécialisée dans la maîtrise des techniques et des technologies de conversion des énergies renouvelables sous toutes leurs formes. Il existe, en l'occurrence, au niveau du centre, cinq divisions de recherche, à savoir le solaire thermique, le solaire photovoltaïque, les applications “énergies éoliennes”, l'énergie géothermique, la bioénergie, l'application bioclimatique et l'hydrogène d'origine renouvelable. M. Belhamel cite dans ce sillage l'école doctorale des énergies renouvelables, domiciliée à l'université de Tlemcen avec laquelle le Cder travaille en partenariat (en réseau) en vue de formations de haut niveau. “Or, aujourd'hui, la formation ne suffit plus, il faut passer aux applications. Ces dernières requièrent des moyens, d'où la nécessaire implication des différents ministères de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l'Energie et des Mine, et de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme”, ajoute notre interlocuteur. Parmi les énergies renouvelables offrant un panel de solutions et susceptibles d'être développées à travers le monde – en 2020, les énergies renouvelables confondues ne représenteront encore, d'après les projections, que 27% de la consommation énergétique de la planète – le solaire est sans conteste celui qui possède le plus fort potentiel de progression. À juste titre, il faut savoir que l'Algérie possède le plus important gisement en énergie renouvelable (en termes quantitatifs) qu'il faudra valoriser via une industrie. Le sud de l'Europe est, par ailleurs, une région ensoleillée où le solaire pourra connaître un essor important. L'Espagne œuvre déjà au développement des énergies renouvelables. C'est également le cas de l'Allemagne, pourtant située plus au nord. Concernant l'Algérie, on apprend que la centrale de Hassi R'mel, en voie de réalisation, produira de l'électricité d'origine solaire qu'on pourra exporter vers l'Europe à travers le réseau qui est en train de se mettre en place. Chaque pays, l'Algérie comprise, compte tenu des enjeux économiques et environnementaux, recherche la source la plus économique susceptible de lui fournir le gaz et l'électricité. Les énergies renouvelables sont une source naturelle importante qui permet de mobiliser les énergies tout en préservant l'environnement. Face au péril imminent des bouleversements climatiques – les scientifiques parlent de quelques décennies tout au plus au regard des importantes émissions de gaz à effet de serre – “il faut se préparer à la transition et s'affranchir de la dépendance aux hydrocarbures. L'énergie stock (les hydrocarbures) est limitée – 40 ans pour le pétrole et le gaz et le double pour le charbon – et il est primordial de la revaloriser”, argue M. Mayouf Belhamel. Et d'ajouter : “En Algérie, le Cder possède trois unités : à Ghardaïa, à Adrar et à Bou Ismaïl. Trois régions différentes où l'on envisage l'expérimentation, voire des applications utiles.” Le but du Centre de recherche et de développement en question est de renforcer les capacités scientifiques dans le domaine et d'accompagner les ministères qui ont des moyens, des capacités techniques et des missions pour l'introduction des énergies renouvelables, comme le ministère de l'Energie. La politique nationale du développement des énergies renouvelables prévoit l'introduction progressive de ces dernières à hauteur de 6% en 2015. D'autre part, ce qui reste intéressant à aborder, c'est l'aspect lié au stockage qualifié de difficile des énergies intermittentes qu'est le solaire (et l'éolien). Lequel aspect est pris en charge par le Cder. Ce qui reste important à savoir, c'est qu'à partir du solaire, “on va produire de l'hydrogène comme substitut au gaz naturel et qui possède des qualités environnementales exceptionnelles !” conclut M. Mayouf Belhamel. Nahla Rif