L'initiative prise par des entreprises européennes, notamment allemandes, pour se constituer en consortium d'investissement sur l'énergie solaire dans le Sahara, en Afrique du Nord, ne semble pas emballer les autorités algériennes. Le projet «Desertec Industrial Initiative» doit être lancé le 31 octobre 2009, selon certaines sources. Ce projet de 400 milliards d'euros prévoit d'installer 65.000 m2 de panneaux solaires dans le Sahara pour couvrir 15% des besoins européens en électricité à l'horizon 2050. Cette initiative intéresse la Tunisie, l'Egypte et la Lybie qui se livrent une féroce concurrence pour attirer le maximum d'investissement dans ce cadre. La position de l'Algérie reste énigmatique, selon certains observateurs. «Nous ne voulons pas que les étrangers viennent installer leurs centrales chez nous et nous demandent d'acheter de l'électricité avec leurs prix» avait déclaré Chakib Khelil à la presse, qui avait tenu, par ailleurs, à préciser : «Notre politique est claire en matière d'énergie solaire. Les conditions sont tout d'abord qu'il ait le partenariat entre les sociétés algériennes et étrangères et qu'il y ait un transfère de technologie concernant l'engineering, les équipements, les matériels et la construction. Si ces conditions ne sont pas remplies, on n'est pas intéressés». A contrario de la position officielle, Issaad Rebrab déclare que son groupe, Cévital, est partie prenante du projet : «Nous sommes en train de nous battre pour obtenir un ou deux projets en Algérie. Nous avons le plus grand désert de la région et les avantages comparatifs de l'Algérie lui permettent de bien se placer dans la course. L'industrie du béton et du verre, des matériaux nécessaires pour la construction des centrales solaires, est bien avancée dans le pays; c'est une grande opportunité pour notre pays», a insisté Issaad Rebrab. «Nous avons exprimé notre souhait que cette opération se fasse dans l'intérêt de notre pays. Nous pouvons être demain à l'avant-garde dans la production de l'énergie durable», a-t-il souligné. Cevital est parmi les premières entreprises à s'être engagées dans le projet Desertec avec les groupes énergétiques allemand EON et RWE, l'installateur de centrales solaires l'espagnol Abengoa Solar, le leader mondial des transmissions le suisse ABB et la Deutsche Bank. Récemment, l'italien Enel, l'espagnol Red Electrica Espana et le français EDF se sont joints à l'initiative et se disent prêts à investir. Il en est de même pour des entreprises marocaines et égyptiennes. Certains experts abondent dans le même sens, estimant que «L'Algérie doit être partie prenante de ce projet qui n'est nullement une vision de laboratoire. Dès que les installations seront faites, le transfert de technologie aura lieu. Il y aurait même une dépendance de l'Europe vis-à-vis de l'Algérie». Le potentiel solaire de l'Algérie est considéré comme l'un des plus importants dans la Méditerranée et permet au pays de demeurer un gros producteur de source d'énergie, même dans la perspective d'épuisement des énergies fossiles. L'importance accordée par les pouvoirs publics au développement des énergies renouvelables s'est matérialisée par la décision de lui consacrer 40 millions d'euros par année. Dans ce même cadre, une centrale d'énergie hybride solaire-gaz à Hassi R'mel, d'une capacité de 150 mégawatts, est en construction. 35% de la capacité de cette centrale sont à base solaire. Le défi majeur est relatif à l'acquisition des technologies de stockage de cette énergie à générer durant la journée et l'utiliser le soir. À signaler aussi qu'une étude prospective, effectuée il y a quelques années par l'Agence spatiale allemande (DLR), avait souligné que notre pays dispose d'une énergie thermo-solaire de plus de 169,44 TWh par an et de plus de 13,90 TWh/an d'énergie photovoltaïque.La consommation actuelle de l'Algérie en énergie, obtenue essentiellement du gaz et du pétrole, est de 25 à 30 TWh par an. Cette consommation devrait doubler d'ici à 2020, selon New Energy Algeria (NEAL) qui précise que la part des énergies renouvelables est très négligeable en dépit du potentiel existant. Les projections à long terme pour un programme de développement des énergies renouvelables, en Algérie, risquent d'être voilées par les enjeux immédiats du marché.